Les Tunisiens sont champions quand il s’agit de dépenser leurs salaires

 

Ce n’est pas un secret : le pouvoir d’achat est en berne en Tunisie. Nous en avions parlé précédemment dans cet article. Lors d’une intervention téléphonique accordée à Réalités Online, l’économiste Wajdi Ben Rejeb est revenu sur cette question cruciale.

L’analyste a évoqué le phénomène des « petits boulots » dont il avait également parlé auprès de nos confrères d’African Manager. Selon les chiffres de l’Institut National de Consommation (souligné par Wajdi Ben Rejeb), 60% des Tunisiens achèvent leurs salaires en 8 jours. Cette donnée reflète la dégringolade du pouvoir d’achat de nos concitoyens qui a chuté de 40% depuis 2011.

D’un autre côté, l’économiste souligne que l’endettement a plus que doublé. L’épargne nationale, quant à elle, a baissé depuis 2011. « Les chiffres des 60% concernent uniquement les employés (privés ou publics). Exit les artisans. », a rappelé Wajdi Ben Rejeb.

L’inflation ressentie (mentionnée dans cet article), inclut des paramètres non pris en compte dans l’inflation réelle publiée par l’INS. Le penseur parle notamment des services dont les prix ont explosé en Tunisie : transports, honoraires des artisans, immobiliers.

Par ailleurs, malgré les augmentations salariales régulières dans le secteur public, aucune amélioration du pouvoir d’achat n’a été constatée. Pour Wajdi Ben Rejeb, ceci s’explique par le fait qu’une hausse des salaires sans hausse de production engendre celle des prix. Conséquence directe : une nouvelle baisse du pouvoir d’achat.

« L’État n’a pas le choix : il doit exercer son rôle d’Etat Providence, même si ces solutions restent myopes », a déclaré Wajdi Ben Rejeb.

Revenant au thème des « petits boulots », l’économiste a rappelé que celui-ci a sauvé une bonne partie de la classe moyenne. En effet, celle-ci est passée de 80% à 67% de la population. Cette évolution aurait pu être plus grave si les Tunisiens de cette classe n’avaient pas eu recours aux petits boulots afin d’arrondir les fins de mois. Ceci a le don d’alimenter l’économie parallèle dont les recettes échappent à l’Etat.

Quelles sont les solutions ? D’après Wajdi Ben Rejeb, il important de revoir le modèle économique de la Tunisie. Ceci se fait à long terme. Néanmoins, des mesures doivent être prises à court terme compte tenu de la gravité de la situation. C’est là que l’État entre en jeu. Pour Ben Rejeb, celui-ci doit être sur le terrain en multipliant les contrôles rigoureux des prix pour préserver le pouvoir d’achat du Tunisien.

Avec Mohamed Fakhreddine Khlissa

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