Ils sont nombreux à travailler en Tunisie, mais on entend si peu parler d’eux, malgré l’importance de la tâche qu’ils accomplissent. Les urbanistes sont, aujourd’hui, en colère et ils l’ont fait savoir lors de plusieurs mobilisations, notamment dans un sit-in devant le Palais du gouvernement à la Kasbah.
Il est clair que le développement urbain ne pas fait pas partie des priorités des pouvoirs publics. Et pour preuve : l’état déplorable de nombreuses villes, notamment celles qui sont situées dans les régions intérieures. Absence d’infrastructures, piètre gestion des déchets, hygiène de vie déplorable… De plus, sans un développement urbain adéquat, il sera difficile de garantir le développement économique et écologique, et Ô combien la Tunisie en a besoin en ces temps difficiles.
Les revendications
Le porte-parole parole de la Fédération Nationale des Urbanistes Tunisiens (FNUT), Mohamed Ali Ragoubi, est justement revenu sur la mobilisation des urbanistes et sur ces points. « Un urbaniste mène des études à l’échelle régionale et nationale. L’engagement de l’État est insuffisant pour soutenir la profession, et c’est aussi valable pour les collectivités locales. Or, sans urbanistes, il ne pourrait y avoir de développement durable, sachant que la situation est déjà grave sur ce plan », a-t-il déclaré à Réalités Online ce jeudi 19 août 2021.
Un statut particulier
La première revendication des urbanistes porte sur la mise un place d’un statut propre à la profession. Aujourd’hui, explique le porte-parole de la FNUT, nous n’avons pas accès aux marchés publics. Les urbanistes, laisse-t-il entendre, sont marginalisés par les autorités tunisiennes qui préfèrent, selon lui, « attendre les bailleurs de fonds et faire appel à des experts venant de l’étranger.
Des agences locales et un ministère dédié
Il est capital, poursuit Mohamed Ali Ragoubi, de mettre en place, en urgence, des agences urbanistes sur tout le territoire national. « Elles seront chargées de travailler avec les gouvernorats et les municipalités », a-t-il précisé. La mise en place d’un ministère consacré à l’aménagement territoire s’impose également selon l’urbaniste. Il s’appellerait « le ministère chargé de la ville, de la cohérence territoriale, de la transition écologique et des plans d’aménagements ».
Autre revendication du secteur, et non des moindres : elle porte sur les droits économiques des urbanistes qui, selon le porte-parole de la FNUT, n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Pis encore : ils n’ont pas d’emplois stables. En d’autres termes, il s’agit de compétences sous-payées. D’un autre côté, la FNUT appelle au renforcement de la formation des urbanistes tunisiens. « Le système actuel est conçu pour nous détruire. Le marché nous est fermé. L’actuel ministère est complice de tout cela », a encore souligné Mohamed Ali Ragoubi.
Un cri de détresse adressé à Kaïs Saïed
Le Fédération, poursuit-il, aimerait que le président de la République, Kaïs Saïed, lui tende l’oreille. Lui qui, rappelle Mohamed Ali Ragoubi, a fait du développement régional son cheval de bataille. « Le peuple revendique aussi des villes saines et développées. Les projets territoriaux vont créer une dynamique économique dans ces zones, en attirant, par exemple, les investissements », a encore déclaré le porte-parole de la FNUT, Mohamed Ali Ragoubi.