Le Congrès doit trancher parmi sept candidats au poste de Premier ministre. L’élu devrait obtenir les voix de 120 députés sur les 194 personnes qui siègent au CGN. Dans ce contexte d’insécurité et de perte de contrôle sur les institutions de l’État, deux blocs se livrent à un bras de fer, les libéraux regroupés dans le bloc de l’Alliance des forces nationales et le Parti pour la justice et la construction formé par les islamistes. Une entente et un dialogue s’imposent entre les deux blocs afin de sortir la Libye de la crise et faire face aux milices qui prennent de plus en plus de positions sur le terrain et au système tribal qui règne encore dans le pays.
Dialogue national et médiation régionale
La diplomatie tunisienne a entrepris des négociations pour l’organisation d’un dialogue national libyen, selon les déclarations de l’ambassadeur et porte-parole du ministère des Affaires étrangères tunisiennes, Mokhtar Chaouachi.
La diplomatie tunisienne se mobilise en effet pour rassembler les différentes parties libyennes dans le but de «soutenir la Libye et de l’aider à surmonter la crise qu’elle traverse afin d’éviter toute répercussion sur notre pays», selon la déclaration de l’ambassadeur Mokhtar Chaouachi. Il a par ailleurs précisé «la Tunisie propose, dans le cadre de cette initiative, la tenue d’un dialogue national libyen sous l’égide de l’Organisation des Nations unies en collaboration avec la ligue des États arabes et l’Union africaine. Les ambassadeurs de l’Algérie, de l’Arabie saoudite, du Qatar, des Émirats arabes unis, des États-Unis, de la France, de la Turquie, de la Russie, de la Grande-Bretagne et de l’Italie sont en pourparlers avec le chef de la diplomatie tunisienne, Mongi Hamdi, autour de la situation libyenne et de l’élaboration d’une issue.»
Ainsi, des puissances en opposition, voire en crise comme les États-Unis et la Russie, le Qatar et la Turquie d’un côté et l’Arabie saoudite et les Émirats d’un autre collaborent aujourd’hui pour soutenir la Libye. La Tunisie, dont le voisinage avec la Libye implique plusieurs enjeux, notamment dans le domaine de la sécurité, a accueilli sur son sol la naissance du «Rassemblement pour la Libye, Li ‘Ajliki Lîbyâ». Le mouvement appelle à la réconciliation nationale et œuvre pour le retour des Libyens installés en Tunisie en Libye. Le membre du conseil politique, Mohamed Nammar a, par ailleurs, annoncé «(…) Ceux qui ont participé au combat contre le peuple libyen, qu’ils se livrent à la justice et nous espérons leur garantir une justice intègre et équitable.»
Le 14 avril, des acteurs politiques discutaient, à Malte, un programme comportant 29 points. Il portait entre autres sur les libertés et les Droits de l’Homme, la lutte contre la violence et contre le terrorisme et l’extrémisme, la transmission du pouvoir dans la transparence et de façon pacifique, l’établissement de la paix, de la sécurité et de la stabilité, la citoyenneté, la construction d’un État civil, le retour des refugiés libyens, etc. Dans sa charte, le rassemblement pour la Libye prône presque les mêmes valeurs de libertés, droits et citoyenneté que le programme ayant eu lieu à Malte. Que différencie les deux initiatives ? D’après des informations préliminaires, il parait que la réunion de Malte concerne les partis proches de la mouvance islamiste alors que celui de Tunis implique la sensibilité libérale.
Mais les milices en Libye continuent à œuvrer au même moment où ont lieu toutes ces tentatives de réconciliation nationale. Enlèvement de diplomates, dont l’ambassadeur de Jordanie en Libye et deux diplomates Tunisiens, blocage des sites pétroliers et autres actes de violences… Le dialogue national et la volonté de réconciliation ne parviennent pas à faire oublier la dure réalité de ces milices et l’on se prend à douter de l’efficacité de ces initiatives. Dans le contexte d’effondrement des institutions de la sécurité et de la défense libyennes, ne serait-il pas plus fructueux d’inclure certains chefs de milices dans le dialogue national ? C’est, par ailleurs, au terme de pourparlers et de négociations avec certains groupes armés que l’État libyen a pu conclure un accord récupérant quatre terminaux pétroliers, à savoir ceux de Zoueïtina, Hariga, Ras Lanouf et Es Sidera.
Hajer Ajroudi