Le Sahara occidental demeure depuis des années un sujet de haute tension entre Alger et Rabat. La dernière «altercation» a valu à l’Algérie une «riposte populaire» qui est allée jusqu’à s’introduire dans son ambassade et à déchirer le drapeau national.
Le président algérien a «ouvert le feu» en déclarant «la nécessité de la mise en place d’un mécanisme de suivi et de surveillance des Droits de l’Homme au Sahara occidental» en insistant sur le fait que «l’Algérie demeure à cet égard convaincue que l’élargissement de la mission de la Minurso à la prise en charge par les Nations unies de la surveillance des Droits de l’Homme au Sahara occidental est une nécessité (…). Les violations massives et systématiques des Droits de l’Homme, qui ont lieu à l’intérieur des territoires occupés pour réprimer la lutte pacifique des citoyens pour la liberté d’association, de manifestation et d’expression, ne sauraient laisser la communauté internationale indifférente.»
Mohamed VI a, de son côté, rappelé son ambassadeur à Alger au moment où John Kerry allait effectuer une visite dans la région, ce qui a été interprété comme une tentative de la gâcher en augmentant la pression.
Frontière tuniso-algérienne
Et si les tensions sont d’ordre diplomatique du côté marocain, les soucis de l’Algérie sont désormais sécuritaires du côté tunisien. Les islamistes tunisiens de moins de 35 ans sont en effet refoulés aux frontières : une source douanière au poste-frontière d’El Ayoun (El Tarf) a déclaré : «les troubles sécuritaires que connait actuellement la Tunisie, accentuent la pression sur la région frontalière de l’Est algérien, poussant l’État tunisien, en concertation avec l’Algérie, à appliquer cette mesure de limitation de la circulation des islamistes algériens vers la Tunisie et vice versa.»
Ainsi, les postes d’El Ayoun et d’Oum Tboul (El Tarf) ont connu ces derniers jours plusieurs cas de refoulement de voyageurs dits islamistes.
Cette interdiction est décidée par prévention dit-on, de peur que des islamistes algériens ne soient incorporés parmi les terroristes tunisiens. La sécurité est à son comble sur les frontières, les contrôles, devenus systématiques, sur les personnes et les biens sont renforcés dans un rayon des 30 km aux frontières.
Libye
Situation sécuritaire précaire
Les affrontements armés entre les insurgés et les loyalistes en Libye ont ouvert une plaie sécuritaire jamais guérie jusqu’à aujourd’hui. Kidnappings, meurtres et tortures, cèdent aujourd’hui la place à une situation sécuritaire précaire et ravageanttoujours danvantage la société libyenne.
Ainsi, lundi dernier, 54 millions de dollars, en dinar libyen et en devises étrangères, ont été dérobés lors du holdup d’un fourgon transportant des fonds de Syrte, entre l’aéroport et la ville.
Dix hommes armés ont attaqué le convoi qui n’était constitué que du fourgon et d’un seul véhicule de sécurité.
La Libye est, par ailleurs, ravagée par des milliers de criminels, libérés par Mouammar Kadhafi au début de la Révolution libyenne et qui sévissent maintenant en toute impunité et les troupes rebelles qui ont mis la main sur les trafics d’armes, de drogue et d’immigration clandestine. Entre les deux, la Libye peine à former une armée et une police républicaines.
Mauritanie
Le gouvernement se prépare aux législatives
La Mauritanie est à la veille d’élections législatives ayant déjà suscité des crises. Elles sont boycottées par dix partis de la coordination de l’opposition démocratique.
Prévues pour le 23 novembre, le gouvernement mauritanien prend des dispositions pour garantir leur bon déroulement. Jeudi dernier, il a décidé la création d’un observatoire national pour les élections qui était d’ailleurs revendiqué par l’opposition. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz s’est engagé depuis trois mois à le réaliser, offrant ainsi des conditions de transparence et d’égalité aux élections.
Outre la commission électorale nationale indépendante, des institutions indépendantes seront impliquées dans l’observation des élections législatives.
Esclavage
Les élus auront à faire face à un drame humanitaire puisque la Mauritanie est un pays où l’esclavage est encore pratiqué. Ce n’est qu’il y a un an que la pratique a été décrétée crime contre l’humanité et, pourtant, 4% des habitants sont touchés par cette pratique. En Mauritanie, le titre d’esclave est par ailleurs transmis par hérédité.
Maroc
Menaces sur les libertés
Le Maroc, tout comme de nombreux pays arabes, semble peiner en matière de libertés. D’un côté, un peuple qui augmente la pression afin d’en arracher davantage et, un gouvernement qui cède d’une main pour mieux en reprendre de l’autre.
Il y a à peine quelque temps, deux adolescents sont passés devant le juge pour attentat à la pudeur pour un baiser échangé. Le hic est qu’ils n’ont pas été pris en flagrant délit dans la rue, mais c’est une photo postée sur le Web qui aurait suscité les poursuites. Les Marocains se sont divisés entre défenseurs des libertés et des mœurs.
Et alors que l’affaire ne s’est pas encore calmé une autre s’ajoute. Un Marocain, âgé de 17 ans, vient d’écoper de trois mois de prison pour avoir twitté cette phrase il y a un an «Je tuerai votre président et toutes les personnes qui seront en sa compagnie. C’est ce que je ferai lorsque j’arriverai aux États-Unis le mois prochain». Liberté d’expression entravée ou incitation au meurtre sanctionnée ? Il est clair que parfois, des limites sont franchies, sauf qu’il s’agit ici d’un jeune de 17 ans et donc peut-être incapable de mesurer la portée de son propos. À défaut de laisser son comportement impuni, le juge aurait pu peut-être choisir un autre mode de sanction, que de l’emprisonner avec de vrais criminels…
Jugé le 25 octobre, il purgera sa peine dans un centre pour mineurs à Oukacha.
Dans le même contexte, rappelons que le journaliste Ali Anouzla, emprisonné pour avoir posté un lien d’une vidéo d’Al Qaïda, a été libéré provisoirement le 25 du mois dernier. La version arabophone de Lakome, dont il est le directeur, avait publié un lien vers le site du quotidien espagnol El País, où la vidéo, qui appelait au djihad contre la monarchie marocaine, était disponible. Ali Anouzla a été incarcéré à la prison de Salé, une prison pour les personnes accusées de terrorisme.
Son arrestation provoqua des vagues de manifestations, une intervention de Washington et la requête de Reporters sans Frontières auprès du ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, pour intervenir auprès de son homologue marocain. Il risque, selon l’ONG Amnesty International, jusqu’à vingt ans de prison, aux termes de la loi antiterroriste votée en 2003 après une vague d’attentats à Casablanca. Rappelons qu’Ali Anouzla est connu pour ses prises de position critiques envers les autorités.