A l’approche de l’hiver, le Vieux Continent est-il menacé par une vague portée par Omicron ? Ce nouveau variant, présentant un nombre de mutations inhabituellement élevé et potentiellement très transmissible, provoque depuis plusieurs jours une panique mondiale. Il présente « un risque très élevé », a mis en garde l’OMS lundi, alors qu’un délai supplémentaire est nécessaire pour disséquer cette forme mutante et prévoir son impact sur l’évolution de la pandémie.
Il représente un risque « élevé à très élevé » pour l’Europe, a en tout cas prévenu vendredi dernier l’agence de santé de l’UE. Dans un rapport d’évaluation des risques, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies note qu’il existe toujours « une incertitude considérable concernant la contagiosité, l’efficacité des vaccins, le risque de réinfection et les autres caractéristiques du variant Omicron ». Pour l’heure, il gagne du terrain dans un contexte sanitaire particulièrement fragile à l’approche de l’hiver. D’autant que ce variant était déjà présent sur le continent depuis au moins plus de 10 jours, selon de nouvelles données.
*Depuis plus de 10 jours en Europe
Les autorités sanitaires néerlandaises ont en effet annoncé ce mardi avoir détecté le variant Omicron dans un test prélevé le 19 novembre, une semaine plus tôt que ce qui était estimé jusqu’ici, et des contrôles sont en cours pour voir dans quelle mesure il s’est propagé. « L’Institut néerlandais de la santé et de l’environnement (RIVM) a détecté le variant Omicron dans deux échantillons de tests qui avaient déjà été prélevés aux Pays-Bas (…) les 19 et 23 novembre 2021 », a déclaré cet institut dans un communiqué.
Les Pays-Bas avaient annoncé lundi qu’un total de 14 personnes étaient porteuses du variant Omicron dans le pays, figurant toutes parmi des passagers partis d’Afrique du Sud et diagnostiqués positifs au Covid-19 vendredi dernier à leur arrivée à Amsterdam.
Or, les deux échantillons avaient été prélevés avant même que l’Afrique du Sud ne rapporte à l’Organisation mondiale de la santé avoir détecté ce nouveau variant le 24 novembre, suscitant un vent de panique et une interdiction de nombreux territoires des voyageurs en provenance de l’Afrique australe.
*Propagation sur le Vieux Continent
D’autres cas du variant Omicron ont été détectés en Europe dans des échantillons prélevés avant l’annonce de l’Afrique du Sud. La Belgique avait notamment été le premier pays européen à identifier le variant Omicron sur un patient « qui venait de l’étranger. Testé positivement (au coronavirus) le 22 novembre », avait précisé le 26 novembre le ministre belge de la Santé.
Il n’est pas encore possible de savoir « si les personnes concernées (dans les cas précédents) se sont également rendues en Afrique australe », a précisé le RIVM, ajoutant que les personnes testées avaient été informées, et que les services de santé municipaux avaient commencé à enquêter sur leurs contacts.
« Au cours de la période à venir, diverses études seront menées sur la propagation du variant Omicron aux Pays-Bas », a déclaré l’Institut, ajoutant qu’il réexaminerait davantage d’échantillons des tests précédents. Avec 16 cas désormais confirmés, les Pays-Bas comptent l’un des chiffres de contamination par le nouveau variant les plus élevés d’Europe à ce stade.
Le nouveau variant, dont l’identification a été annoncée jeudi en Afrique du Sud, s’est en tout cas répandu dans nombre de pays, suscitant une inquiétude croissante notamment en Europe. Toute la question est de savoir s’il peut supplanter le variant Delta (hégémonique dans le monde), un scénario envisageable selon Etienne Decroly, virologue, chercheur au CNRS, dans un entretien pour L’Express.
Un premier cas positif au variant Omicron a été identifié sur l’île de La Réunion, a confirmé ce mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Ont également été identifiées « six personnes contacts à risque: trois de son entourage professionnel et trois de sa famille proche », a-t-il précisé sur Europe 1. « On est en attente d’autres résultats de cas possibles, y compris dans l’Hexagone, dans les prochaines heures », a confirmé Gabriel Attal, en soulignant la « vigilance absolue » du gouvernement face au variant Omicron.
* »Course contre la montre »
Une « course contre la montre » est engagée pour analyser le nouveau variant Omicron du coronavirus et comprendre s’il faut adapter les vaccins, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyden dimanche à Riga. Elle a notamment appelé les populations à prendre des précautions pour donner aux scientifiques le temps d’analyser le nouveau variant.
La situation est d’autant plus inquiétante que la situation sanitaire continue de se dégrader dans nombre de pays européens. Selon les dernières données sur site Our Word in Data, les contaminations ont encore augmenté sur une semaine en Europe, particulièrement en Suède (+61%) et en France (+60%) ou encore en Espagne (+45%).
Avant même l’inquiétude sur Omicron, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’était alarmée le 23 novembre de l' »emprise » du Covid-19 en Europe qui pourrait faire 700 000 morts supplémentaires sur le continent, où les nouvelles restrictions sanitaires suscitent la colère. Si les sombres prédictions de l’OMS venaient à se réaliser, cela porterait à 2,2 millions le nombre total de décès dus à la pandémie sur le continent d’ici au printemps.
« Scientifiques et fabricants ont besoin de deux à trois semaines pour avoir une vision complète des caractéristiques des mutations de ce variant Omicron », a-t-elle ajouté. « Nous devons gagner du temps », a-t-elle poursuivi, appelant les populations à se faire vacciner, à porter le masque et à respecter la distanciation nécessaire.
La présidente de la Commission européenne a aussi indiqué qu’un contrat signé cet été par la Commission européenne avec la coentreprise BioNTech-Pfizer pour 1,8 milliard de doses de vaccin comprenait une clause prévoyant le cas d’un variant échappant au vaccin existant. Par cette clause, le laboratoire s’engage alors à être en mesure d’adapter son vaccin dans les 100 jours, a-t-elle affirmé.
(L’Express)