Face à l’horreur et à la barbarie, les Tunisiens n’ont plus qu’un choix, unique et salvateur, celui de l’unité sacrée de toutes les forces politiques et sociales appelées à faire front contre le péril terroriste qui n’en finit pas de les endeuiller et de leur causer tourments et cauchemars insoutenables.
Cette fois-ci,l’heure de vérité a sonné et, à défaut de satisfaire à cette exigence, le pays risque de sombrer dans l’anarchie et de devenir une proie facile pour les groupes terroristes à l’affût de tout relâchement assassin et des tensions et surenchères qui n’ont cessé, ces derniers temps, de nous détourner des véritables menaces qui nous guettent, pour nous pousser à nous résigner à cette triste réalité.
Pendant plus de quatre ans, le pays a perdu beaucoup d’occasions et un temps précieux pour combattre frontalement cette hydre qui a profité du chaos libyen pour étendre ses tentacules dans notre pays à dessein de faire avorter la seule expérience démocratique aboutie dans la région.
Que de temps perdu dans des surenchères improductives, luttes partisanes stériles et des tensions sociales entretenues et provoquées par des parties dont la seule visée est d’affaiblir l’Etat et ses institutions pour préparer le lit à ces groupes déterminés à déstructurer le modèle de société et à tuer dans l’œuf cette jeune démocratie, qui n’a pas eu encore le temps de se renforcer et de s’immuniser contre ces courants qui prêchent la discorde, la peur et le chaos.
Six mois durant, le pays n’a connu aucun répit, vivant au rythme des attentats terroristes, d’une agitation sociale sans discontinuité dans les régions du sud, qui n’ont fait qu’attiser les rancœurs et les fibres régionalistes, cherché à déstabiliser le pays et caressé le rêve de signer la fin de l’Etat en donnant un coup de massue à l’exception démocratique tunisienne. Une expérience qui dérange plus qu’elle ne suscite intérêt dans son environnement régional et même pour certaines parties tunisiennes qui parient plus sur son échec tout en s’employant à le précipiter.
Dès lors, l’impératif de l’union sacrée et de la mise, une fois pour toutes, en sourdine des divergences politiques, des luttes partisanes et des problèmes sociaux pour s’attaquer à ce péril, est non seulement une exigence, mais une condition de survie. Une condition qui nécessite un sursaut citoyen, une conscience aiguë, un engagement sincère et une mobilisation de tous les instants. Elle ne doit plus rester un slogan creux qu’on répète à satiété chaque fois que le pays est endeuillé par une agression lâche, pour revenir, une fois le choc amorti, à la case de départ.
Il est un fait établi, la guerre contre le terrorisme est éprouvante et longue, elle nécessite des sacrifices, une mobilisation sans faille et, surtout, de reléguer au second plan les intérêts partisans qu’impose le jeu politique en temps ordinaire et les revendications sociales excessives qui pourraient être justifiées, en période de stabilité et de croissance.
Cette fois-ci, on n’a plus le choix de revenir à nos anciennes habitudes, car on n’aura ni le temps, ni les moyens et, encore moins, l’opportunité de le faire. Face à l’énormité de la catastrophe, à la gravité de la situation et à la persistance du péril, l’unité et la mobilisation se présentent comme la dernière chance pour éviter que le bateau Tunisie ne chavire et ne pas offrir, sur un plateau, l’occasion à ces semeurs de la mort de concrétiser leurs vils desseins.
Ce qui s’est passé vendredi dernier dans un hôtel à Sousse est un véritable tremblement de terre, une tragédie, une catastrophe sans précédent dont il faut savoir tirer les vrais enseignements pour savoir extirper ce mal à la racine et mobiliser les moyens qu’il faut pour mener cette guerre, qui s’annonce longue et coûteuse.
En effet, pour la deuxième fois, en l’espace de trois mois, les terroristes ciblent des étrangers en Tunisie, des touristes plus précisément. Le changement du mode opératoire de ces groupes n’étonne guère, n’ayant pas réussi dans les régions montagneuses de l’Ouest à imposer leur loi, ils tentent d’engager des opérations spectaculaires en déplaçant le champ de la confrontation dans les zones urbaines, de surcroît les zones touristiques. Ils veulent prouver qu’ils sont toujours présents et que, malgré tous les échecs qu’ils ont essuyés, montrer leur aptitude à frapper là où il fait le plus mal.
Pour donner un plus grand éclat à leur acte, ils ont choisi, encore une fois, le mois de Ramadan pour tuer des victimes innocentes et la journée sainte du vendredi pour commettre leur forfait.
Ils se sont attaqués, de surcroît, à un secteur dont la symbolique et la sensibilité sont reconnues à l’effet de mettre la Tunisie à genoux. En prenant pour cible le tourisme qui participe à 7% du PIB, fait employer 400 mille personnes et dont les effets induits sont considérables, ils ont voulu nous mettre devant le fait accompli et donner un coup fatal à l’économie. Mal leur en a pris. Puisque, face à la barbarie, tout le monde a entonné un même refrain : l’unité nationale.
Une unité qui ne doit pas rester un slogan creux que l’on utilise uniquement dans les plateaux télévisés pour des règlements de compte plutôt que de proposer des alternatives qui construisent une vision et balisent une voie pour une action efficace. Malheureusement, certaines parties ont pris l’habitude de rater ces rendez-vous, parce qu’elles n’ont pas retenu les leçons du passé, celles-là même qui expliquent actuellement leur marginalisation dans le débat public et leurs échecs successifs et cuisant dans les rendez-vous électoraux.