Des luttes pour le pouvoir, un manque de vision politique et des milices irréductibles : la Libye sombre dans le chaos, trois ans après la rébellion contre Muammar Khaddafi. Dernier creux de la vague en date, l’éviction du Premier ministre Ali Zeidan…
Depuis plusieurs mois déjà, les députés du Parlement de transition ont essayé de se débarrasser du Premier ministre. Ali Zeidan a récemment perdu une bataille contre les rebelles au sujet de la vente de pétrole de contrebande. Dans le port de Sidra, contrôlé par les rebelles, un bateau lesté avec une cargaison de pétrole équivalente à 30 millions de dollars a échappé aux autorités gouvernementales, alors que le Premier ministre avait annoncé qu’il allait le bombarder.
Initialement, le gouvernement avait annoncé qu’il s’agissait d’un bateau venu de Corée du Nord. Les rumeurs allaient en s’amplifiant concernant les relations entre la Libye et la Corée du Nord.
La lutte politique s’exprime aussi par la lutte pour le pétrole pour les islamistes. Depuis huit mois, les rebelles bloquent les ports situés à l’ouest de la Libye et contrôlent le marché du pétrole. Ainsi, la Libye a perdu dix milliards de dollars.
Officieusement, les islamistes murmurent qu’il est possible qu’Ali Zeidan, porteur de papiers allemands, soit trop «occidentalisé». Il y a quelques mois, ils ont essayé de le faire chuter en poussant à la porte cinq ministres de son cabinet. Au début de l’année, Ali Zeidan a accusé la confrérie de le combattre: «Le Parti de la justice et de la construction, issu de la confrérie des Frères musulmans, mène un combat contre moi et entrave régulièrement le travail du gouvernement provisoire», disait Zeidan dans un entretien diffusé par la chaîne «La Libye libre.»
Jeudi soir sur France 24, Ali Zeidan, qui s’est réfugié en Allemagne, a dénoncé la falsification du vote de défiance qui a permis son éviction du gouvernement. D’après lui, «seulement 113 députés ont voté en faveur de son renvoi, bien en deçà des 120 voix nécessaires pour (lui) retirer la confiance.»
Jusqu’aux nouvelles élections, le ministre de la Défense, Abdallah al Thanni dirigera les affaires du pays. Avant la fin du mois de mars, les députés espèrent élire un nouveau Premier ministre. D’ici la fin du mois de mai, une commission constitutionnelle composée de soixante députés doit rédiger une première version de la première loi fondamentale de la Libye. En cas d’échec, il est possible que tout s’écroule. Le gouvernement de transition, le Parlement de transition et la commission de Constitution seraient alors dissous. Le futur de la Libye reste encore incertain. C’est le moins que l’on puisse dire.
S.K.