La crise politique en Libye s’enfonce un peu plus dans l’impasse avec l’adoption d’un budget « unifié » par la Chambre des représentants basée à Benghazi. Cette décision, saluée par le gouvernement parallèle de l’Est dirigé par Khalifa Haftar, a été rejetée par le Haut Conseil d’État basé à Tripoli, alimentant les tensions entre les factions rivales.
Le budget de 179 milliards de dinars libyens (environ 35 milliards d’euros) vise à couvrir les dépenses publiques pour le reste de l’année 2024. Cependant, son allocation soulève des questions majeures, en particulier concernant les fonds destinés aux dépenses de développement.
Le Gouvernement d’union nationale (GUN) basé à Tripoli, dirigé par Abdulhamid Dabaiba, revendique le contrôle exclusif de ces fonds, arguant de sa légitimité internationale. De l’autre côté, les autorités de l’Est exigent un partage équitable entre les deux gouvernements jusqu’à la formation d’un gouvernement unifié.
Cette divergence met en lumière les profondes divisions qui minent le pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Deux administrations rivales se disputent le pouvoir, l’une à Tripoli et l’autre à Benghazi, chacune soutenue par des acteurs internationaux et des milices locales.
L’adoption du budget « unifié » par la Chambre des représentants, sans l’aval du Haut Conseil d’État, risque d’exacerber ces divisions et de compliquer davantage la recherche d’un règlement politique.
Les vastes ressources pétrolières et gazières de la Libye constituent l’enjeu central de ce conflit. Les revenus générés par ces hydrocarbures alimentent les deux gouvernements rivaux, leur permettant de maintenir leur emprise sur leurs territoires respectifs.
La Banque centrale de Libye, détenue à 100% par l’État, joue un rôle crucial dans la gestion de ces fonds. Elle est chargée de les répartir entre les différentes régions du pays, en se basant sur un budget théorique qui n’a jamais été approuvé par la Chambre des représentants réunie à Benghazi.
Pour contourner ce blocage, un système de dépenses mensuelles temporaires a été mis en place, permettant de dépenser chaque mois un douzième du budget de l’année précédente.
Vers une impasse prolongée?
L’échec de la récente réunion en Tunisie, réunissant les principales parties prenantes libyennes et des responsables internationaux, ne laisse présager aucune issue rapide à la crise.
Les positions tranchées des deux camps et l’absence de consensus sur la répartition des ressources du pays font craindre une impasse prolongée, avec des conséquences néfastes pour la population libyenne, déjà durement éprouvée par des années d’instabilité et de conflit.
Face à cette situation alarmante, des voix s’élèvent pour appeler au dialogue et au compromis entre les parties en conflit.
Mohamed al Menfi, chef du Conseil présidentiel de Libye, a souligné l’importance d’un consensus sur les priorités en matière de dépenses publiques et a plaidé pour un dialogue inclusif entre les principaux acteurs institutionnels du pays.
Stephanie Khoury, envoyée « par intérim » de l’ONU en Libye, a également exhorté les parties à trouver un terrain d’entente pour le bien du pays.