Libye : l’explication finale ?

La nuit de ce vendredi 8 mai, considérée comme une nuit de transition est marquée par un calme suspect qui donne l’impression que chacune des parties en conflit retenait son souffle avant de se lancer vers ce qui paraît bien devoir être une explication finale.
La pression semble, cependant, très clairement être du côté du GNA qui craint de devoir subir deux offensives majeures, à Tripoli et du côté de Misrata, sans pouvoir anticiper sur ce que projette l’ANL d’agir simultanément sur les deux fronts ou de répondre à une priorité stratégique établie.
Le GNA, poussé par la Turquie, dit vouloir conserver l’initiative, et s’acharne à vouloir s’emparer de Watiya. D’ailleurs la troisième tentative de prise de Watiya par le GNA, annoncée depuis jeudi par de nombreux signes avant coureurs, ne s’est pas encore concrétisée.
Pour sa part l’Armée turque poursuit sa manœuvre de harcèlement par l’utilisation exclusive de ses drones dont deux exemplaires ont été abattus ces dernières heures à proximité de la base de Watiya. Le premier en milieu de nuit, le second vers 5h ce matin.
Le GNA a annoncé publiquement avoir confié le commandement de la force chargée de s’emparer de Watiya au Misrati Salah Badi. Dans ce qui peut être considéré comme partie d’un assaut vraiment coordonné, un convoi de miliciens en provenance de Nalut et se dirigeant, en deuxième partie de nuit, vers la base, a été anéanti par des frappes air-sol ANL. Aucun mouvement n’est cependant détecté aux alentours d’Ajailat d’où devrait démarrer cette attaque promise.

Le front Misrata animé
Sur le front de Misrata, des signes avant coureurs d’une offensive ANL semblent plus visibles que jamais. Les combats acharnés de l’ANL dans Qarabolli lui ont permis de nettoyer les axes conduisant à Zliten et Misrata par l’ouest.
Les frappes sur Abou Ghrayn qui avaient duré presque toute la nuit visaient, semble-t-il, à affaiblir et fixer les concentrations miliciennes formant un bouchon de protection sur la route conduisant à Tawarga. D’autres frappes aériennes, plus intenses, ont atteint Qadadiya et les faubourgs Est de Misrata. Ces objectifs nouveaux sont analysés par les Misrati comme les points clés d’une tentative d’intrusion et de submersion de leur ville. Ils notent avec inquiétude les nouvelles concentrations de forces de l’ANL à Washka préfigurant, selon eux, une très prochaine attaque en force sur Abou Ghrayn.

Tripoli reste sous pression
La plus grosse pression exercée sur le GNA reste cependant celle du front de la capitale. A l’avancée inexorable et coordonnée des forces ANL sur l’axe aéroport, sur Aïn Zara, Hadhaba et Abou Slim, se sont ajoutés les bombardements aériens aux entrées sud de Tarhouna et sur les positions miliciennes à l’Ouest, entre Janzour et Tripoli. Mais le plus spectaculaire aura été la salve d’artillerie sur le quartier central de Zawiyat al Dahmani, laquelle est considérée comme un ultime avertissement aux milices de Tripolitaine. La cible prioritaire était clairement le siège de la Tripoli Revolutionary Brigade et les positions de Nawassi. Pour certains observateurs, le symbole de ces frappes qui pouvaient menacer directement les bâtiments du ministère des affaires étrangères (dont le ministre Siyala est toujours resté proche de Tajouri, ex leader de la TRB) et surtout des ambassades turque et italienne, est extrêmement fort. Ces frappes sonnent aussi comme un ultimatum lancé à ces deux soutiens avérés du GNA. De fait, l’évacuation du personnel non essentiel de ces missions diplomatiques, et de certaines autres encore actives, aurait commencé depuis jeudi sur la base d’informations faisant état de l’arrivée dans les axes Sud des unités les plus aguerries de l’ANL.

Messages à la jeunesse de Tripoli
L’ANL aurait diffusé des messages à la jeunesse de Tripoli, lui intimant de se préparer à l’inévitable entrée des effectifs au cœur de capitale les invitant à ne pas se laisser entraîner par les milices.
Le GNA, de son côté, aurait confié aux mercenaires syriens de Nosra la mission de piégeage des bâtiments officiels et gouvernementaux en prévision de l’arrivée imminente des forces du Maréchal.
Des sources d’Al-Arabiya ont rapporté que le chef du renseignement turc Hakan Fidan et des responsables des missions étrangères des services de renseignement turcs se sont rendus en Libye il y a près d’une semaine pour examiner la situation dans ce pays. Ces sources ont ajouté que Fidan lui-même suit les développements sur le terrain en Libye et qu’Ankara a envoyé des groupes de ses forces spéciales à Tripoli il y a 10 jours.

 

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