Cette action intervient juste quelques jours après le limogeage du Premier ministre, Ali Zeidan, par un vote de défiance du Congrès général national, l’équivalent du Parlement en Libye. Il était accusé de faiblesse et de ne pas être en mesure de rétablir l’ordre dans le pays.
Le communiqué officiel a été publié sur le site Internet du gouvernement libyen à l’issue d’un conseil ministériel tenu à Ghat dans le sud de la Libye, «il n’y aura pas de place pour le terrorisme en Libye», pouvait-on lire, «et les Libyens doivent se tenir prêts à ce qu’impose une telle bataille en termes de prudence, d’éveil et de sacrifices.»
Le gouvernement appelle «la communauté internationale et les Nations unies en particulier à fournir l’appui nécessaire pour éradiquer le terrorisme dans les villes libyennes. La Nation se trouve dans une confrontation avec des groupes terroristes et il incombe au gouvernement de mobiliser ses forces militaires et de sécurité pour lutter contre ce fléau.»
Les autorités libyennes ne mentionnent pas de groupe spécifique, mais les villes citées sont connues pour être des fiefs de plusieurs groupes extrémistes. Le plus connu d’entre eux est le groupe djihadiste Ansar Acharia, inscrit sur la liste noire terroriste des États-Unis en janvier dernier. Selon le gouvernement libyen, «les villes de Benghazi, Derna (est) et Syrte (centre) et d’autres font face à une guerre terroriste menée par des éléments libyens et étrangers aux programmes hostiles». Le gouvernement soulignait «son engagement à mettre fin à cette guerre le plus tôt possible pour préserver des vies.»
Depuis la chute de Muammar Khaddafi en 2011, la Libye lutte contre la résistance des groupes rebelles qui se refusent à déposer les armes. Rappelons que les grands arsenaux d’armes accumulés sous Khaddafi ont été pillés après la révolution. Pour appuyer leur demande d’autonomie régionale à l’est de la Libye, les milices y bloquent plusieurs terminaux pétroliers depuis huit mois. Récemment, ils ont réussi à laisser échapper un bateau lesté avec une quantité de pétrole d’une valeur de 30 millions de dollars au port du Sidra gardé par les autorités libyennes.
Cependant, selon le ministère des Affaires étrangères des États-Unis, les forces opérationnelles américaines ont saisi le pétrolier de contrebande dans les eaux internationales au sud-est de Chypre la semaine dernière et l’ont remis samedi aux autorités libyennes.
L’intervention, autorisée par le Président des États-Unis, Barack Obama, n’a pas fait de blessés. D’ailleurs, l’ambassade des États-Unis a précisé avoir reçu des garanties du gouvernement libyen «que le capitaine, les membres de l’équipage et les ressortissants libyens qui sont à bord du pétrolier apatride seront traités humainement, conformément aux normes internationales.»
Le Pentagone a souligné l’importance de l’intervention : «le Morning Glory transporte une cargaison de pétrole qui appartient à la Compagnie nationale libyenne des pétroles », assure-t-il. Toujours selon le Pentagone, ce sont les gouvernements libyen et chypriote qui ont demandé l’aide des Américains.
Le pétrole est une question très sensible en Libye. Avec la vente de pétrole en cachette par les islamistes, la Libye a perdu dix milliards de dollars depuis près d’un an.
Selon un communiqué, Abb-Rabbo al Barassi, Premier ministre autoproclamé du mouvement rebelle de Cyrénaïque, a déclaré que la prise de contrôle du pétrolier par des commandos relevant de la marine américaine constitue «une violation du droit international.»
Il a déclaré que son groupe était prêt à négocier la fin du blocus des ports à condition que le gouvernement libyen renonce tout d’abord à son projet d’offensive militaire.
Le Président du Congrès général national a donné deux semaines aux rebelles pour se retirer des ports, faute de quoi ils en seront chassés par la force.
Mais les analystes doutent que l’armée libyenne, toujours pas reconstituée depuis la mort de Muammar Kadhafi il y a deux ans et demi, soit capable d’affronter des rebelles lourdement armés, dont beaucoup ont servi autrefois au sein de la Force de protection des infrastructures pétrolières. La production pétrolière libyenne est tombée ces derniers temps à quelques 200.000 barils par jour alors qu’elle était de 1,4 million de barils par jour l’été dernier.
L’affaire du bateau a coûté son poste au Premier ministre libyen, Ali Zeidan, bien que certains membres du Congrès général national (CGN) lui reprochent d’être trop « pro-occidental».
S.K.