Liens avec Feu Caïd Essebsi, présidentielle : Youssef Chahed dit tout (ou presque)

Dans son premier entretien accordé aux médias après le décès du Chef de l’État, Béji Caïd Essebsi, et la fin du deuil national, le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, est revenu sur les funérailles de l’ancien président et sur ses relations avec Béji Caïd Essebsi. Il a aussi défendu son bilan à la tête du gouvernement depuis son arrivée au pouvoir en 2016. Néanmoins, il a choisi de garder le suspense au sujet de sa candidature à l’élection présidentielle. Compte rendu.

Liens avec Béji Caïd Essebsi : fin des désaccords depuis le 20 mars dernier
Dans son interview diffusée sur Al Watanya 1, Shems FM et Hannibal TV, le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, est tout d’abord revenu sur les funérailles de l’ancien président. C’était la confirmation de l’exception tunisienne selon lui. « C’était un choc pour nous, mais nous avons aussi ressenti une fierté grâce au passage démocratique du pouvoir et à l’image d’unité nationale », a-t-il déclaré.
Après l’annonce du décès du président, jeudi 25 juillet 2019, tout s’est accéléré selon Youssef Chahed. Il s’est réuni avec Mohamed Ennaceur, président intérimaire de la République, le jour même. Les funérailles ont été discutées avec les ministères, la garde présidentielle et tous les autres intervenants pour répartir les tâches. « Il n’y a pas eu de vacances du pouvoir », a-t-il assuré.
Sur sa relation avec le président défunt, Youssef Chahed a affirmé que le 20 mars 2019 a constitué un tournant puisqu’il a marqué un dégel des relations. « Nos relations étaient bonnes et des désaccords peuvent avoir lieu. Même Béji Caïd Essebsi avait des désaccords Habib Bourguiba. Le 6 avril 2019, Béji Caïd Essebsi a même appelé à la levée du gel de mon adhésion de Nidaa Tounes. C’est donc une page qui venait d’être tournée », a-t-il expliqué.
Le Chef du gouvernement est revenu sur le jeudi 27 juin 2019, date à laquelle la Tunisie a subi 2 attentats terroristes, qui ont coïncidé avec le premier malaise du président. « J’ai rendu visite à Béji Caïd Essebsi après la fin de ma mission à la salle des opérations. C’est là où j’ai rédigé mon statut afin de mettre fin à la rumeur sur le décès du président. Jeune Afrique avait même sorti un article où elle affirmait que je préparai la passation du pouvoir avec le président. C’est de bas niveau et un manque de respect vis-à-vis de l’État », a-t-il encore dit.
Concernant les causes du décès du président, Youssef Chahed souligne qu’il s’agit d’une mort naturelle. « Je ne suis pas spécialiste. L’hôpital militaire est crédible. Il y a eu trop de rumeurs de bas niveaux et tous les moyens sont bons en politique pour attaquer son adversaire. On ne va pas réagir à chaque rumeur qui circule sur Facebook », a-t-il affirmé. Toujours au sujet de ses relations avec Béji Caïd Essebsi, Youssef Chahed a déclaré que certains proches du président, sans les nommer, n’ont pas voulu que les liens soient rétablis avec le président.

« La loi électorale est finie »
L’objectif du président était de rassembler car il était inquiet au sujet de l’absence d’unité des forces démocrates. « Mon entrée à Tahya Tounes n’avait pas eu de conséquence », a encore dit Youssef Chahed. D’un autre côté, sur le plan politique, il a assuré qu’aucun marché n’a été conclu avec Hafedh Caïd Essebsi, représentant légal de Nidaa Tounes, au sujet de la loi électorale. D’ailleurs, cette dernière est finie selon Youssef Chahed, puisque Béji Caïd Essebsi n’a pas promulgué la version amendée du texte. « Il ne s’agit pas d’exclusion. Par ces amendements, nous avons voulu instaurer une égalité entre les citoyens. Un président doit être exemplaire sur tous les plans. Et si on nous critique pour le timing, les amendements de la loi ont été présentés depuis octobre 2018 avec le seuil électoral », a-t-il déclaré, laissant entendre que le texte ne visait personne en particulier, mais qu’il s’agissait d’empêcher les corrompus et les évadés fiscaux de se présenter aux élections.

« Certains veulent exclure les jeunes »
Le Chef du gouvernement, par ailleurs, a assuré qu’il n’y a aucun mélange entre l’action gouvernementale et le travail partisan de Tahya Tounes. « Au sein du parti, nous allons nous réunir pour évoquer la possibilité de démission des ministres candidats. S’il y avait eu le moindre dépassement, l’ISIE (Instance Supérieure Indépendante pour les élections) aurait réagi », a-t-il noté. Tahya Tounes, poursuit-il, n’est pas un parti en déclin. Néanmoins, il existe une faible présence des femmes, même sur le plan étatique, et c’est une lacune selon le Chef du gouvernement.
D’autre part, il considère qu’il est impossible d’effacer 60 ans d’Histoire. Tahya Tounes, dans son projet politique, veut assurer la continuité avec la pensée bourguibiste qui se base sur l’éducation, la femme, la santé et l’État civil. Il a déploré, d’un autre côté, la volonté de l’ancienne génération de vouloir écarter la nouvelle du pouvoir – exception faite pour Béji Caïd Essebsi qui croyait en la jeunesse -. Certains ne veulent pas voir les jeunes occuper des postes de responsabilité selon Youssef Chahed.

Finances publiques : « nous sommes loin de la faillite »
Le Chef du gouvernement a également été interpellé sur la guerre contre la corruption. Celle-ci ne ‘est pas achevée. C’est une grande guerre et l’ennemi gagne en férocité. « Nous n’avons pas reculé. Nous avons mis en place un système complet pour lutter contre ce fléau, notamment sur le plan juridique », a-t-il dit.
Concernant le bilan du gouvernement, Youssef Chahed a rappelé la situation dans laquelle son équipe s’était retrouvée à son arrivée et les conditions dans lesquelles elle a travaillé. Il estime que de nombreux progrès ont été accomplis, notamment dans le tourisme, la réduction du déficit budgétaire ou encore la croissance économique. Les finances publiques sont aussi sur la bonne voie, selon lui. « Nous sommes loin de la faillite des finances publiques », a-t-il assuré, ajoutant que le pire a été évité sur le plan économique. « Nous allons travailler sur la digitalisation et le développement des énergies renouvelables. Ceci va nous permettre d’entamer un nouveau modèle de développement », a-t-il encore noté.

Présidentielle : pas d’annonce, même suspense
Il existe, néanmoins, plusieurs facteurs de blocage, à l’instar de certaines caractéristiques du régime politique actuel. De fait, Youssef Chaed pense qu’il est inconcevable de s’adresser à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) à chaque fois qu’un ministre est changé. « Nous devons nous débarrasser des verrous de la croissance », a-t-il souligné.
Enfin, au sujet de sa candidature à la présidentielle, il a préféré maintenir le suspense. De fait, Youssef Chahed a affirmé qu’il s’était exprimé, dans son entretien, en tant que Chef du gouvernement. « J’ai pris ma décision, mais je me prononcerai dans les prochains jours », a-t-il souligné.

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