L’imbroglio libanais

Le Tribunal spécial pour le Liban siégeant à La Haye, a rendu ce mardi 18 août son verdict concernant l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais, Rafik Al Hariri suite à un attentat à la bombe en plein Beyrouth.

Quatre accusés appartenant à la mouvance du Hezbollah étaient accusés de cet attentat qui a causé la mort de 23 autres personnes. Trois ont été disculpés par manque de preuves, cependant que la cour retenait les charges incriminant le quatrième. Soulignons en passant que le parti chiite ainsi que la Syrie ne furent pas directement mis en cause. Ingénieuse mise en scène pour un procès manipulé et politisé dès le début, qui a duré une quinzaine d’années et a coûté la bagatelle d’un milliard de dollars dont 49% doivent être payés par un pays en faillite financière, en plus de celle politique.

La « coalition du 14 mars » comprenant les partis inféodés à l’Arabie saoudite et dirigés en sous-main par les Etats-Unis et directement ou indirectement par « Israël », ont été les fervents instigateurs de ce procès inédit.

Dès le début, les démarches procédurales étaient vivement critiqués, et des voix, et non des moindres, ont mis en doute l’intégrité de cette institution internationale. 

Il était clair que le clan Al Hariri et sa coalition cherchaient une certaine « vérité » et que l’affaire, dépassait le Liban et le simple assassinat d’un premier ministre et homme d’affaires aux commandes du régime wahhabite.

Le but du procès visait la même idée fixe : l’élimination de la résistance libanaise et la capitulation de la Syrie. But poursuivi inlassablement en toute occasion fortuite ou provoquée, dont le dernier épisode est l’explosion dramatique survenue au port de Beyrouth avec son lot d’accusations infondées mettant en cause le parti chiite.

Mais le verdict du tribunal de La Haye, quoique flou et équivoque à souhait, laisse la porte grande ouverte à tous les démons. Sans incriminer le Hezbollah, ni d’ailleurs la Syrie, il met directement en cause un membre du parti de Nasrallah, tête de Turc américano-israélo-saoudite et bien d’autres, pour lesquels la résistance représente le mur qu’il faut abattre et qui s’interpose à la nouvelle configuration moyen-orientale conçue en hauts lieux occultes, d’autant plus qu’il représente la tête de pont la plus solide entre Téhéran et le reste de l’axe de résistance contre l’occupant « israélien ». Cependant que le clan adverse s’active en cette fin de mandat présidentiel américain, à accélérer les actes d’allégeance de certains pays du Golfe et du monde arabe au diktat « trumpien » forçant une normalisation explicite avec l’Etat sioniste. 

Faut-il s’en alarmer ? Oui, et davantage, car le verdict en question et les manœuvres qui en toute logique vont suivre, pourraient amener le Liban vers une nouvelle guerre civile, en voulant provoquer le Hezbollah et tenter, pour la énième fois, de l’amener dans la rue. N’oublions pas que toute la région est au bord de l’explosion et qu’en toute logique, « Israël », son protecteur et ses alliés ne peuvent attendre indéfiniment et passivement que la situation évolue à leur détriment. Pour eux, agir dans le complot est le meilleur des scénarios, certes, mais si le complot échoue, il faudra bien se découvrir et accepter la confrontation.

 

 

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