L’inflation s’accélère au mois de mars

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Alors que le mois du Ramadan a renforcé la consommation, l’inflation en Tunisie a poursuivi sa progression en mars 2025. Selon les dernières données de l’Institut national de la statistique (INS), l’indice des prix à la consommation a atteint 5,9% sur un an, contre 5,7% en février. La hausse générale des prix, bien que modérée, cache des disparités sectorielles préoccupantes, notamment dans l’alimentaire où les prix ont flambé.
Le choc alimentaire se précise
Le secteur alimentaire reste le principal moteur de l’inflation, avec une hausse record de 7,8%. Cette envolée des prix s’explique notamment par des augmentations spectaculaires sur certains produits de base. En tête de liste, la viande d’agneau a bondi de 21,9%, suivie de près par les légumes frais (+20%) et les fruits (+15%). Le poisson et la volaille n’ont pas été épargnés, affichant respectivement des hausses de 14,1% et 13,9%. Seule consolation pour les ménages : les produits pétroliers ont connu une baisse significative de 19,9%, offrant un léger répit face à la flambée générale des prix.
En même temps, d’autres secteurs ont contribué à alourdir la facture des consommateurs. Les prix de l’habillement et des chaussures ont grimpé de 11,7%, une tendance amplifiée par les préparatifs de l’Aïd el-Fitr. Les services n’ont pas été épargnés, avec une augmentation globale de 4,7%, tirée notamment par les restaurants et hôtels (+11,3%). Quant aux produits manufacturés, ils ont globalement progressé de 5,6%, les articles d’entretien (+4,7%) jouant un rôle non négligeable dans cette hausse.
La résurgence inflationniste annoncée s’explique par un mélange complexe de facteurs. D’un côté, des éléments conjoncturels pèsent sur l’économie : l’effet Ramadan a notablement impacté les prix alimentaires, tandis que la demande accrue dans le secteur textile, liée aux préparatifs des fêtes, a exercé une pression supplémentaire. De l’autre, des problèmes structurels persistants continuent de miner la stabilité des prix : des circuits de distribution défaillants, des difficultés chroniques d’approvisionnement en viande rouge et une dépendance marquée aux aléas des marchés internationaux.
Des risques externes à surveiller
Au-delà des facteurs internes, l’environnement économique international présente des risques notables. Les politiques protectionnistes croissantes pourraient notamment affecter les partenaires commerciaux de la Tunisie, particulièrement l’Union européenne. Cependant, certains indicateurs offrent des motifs de modération : l’appréciation récente du dinar face au dollar et la baisse sensible des cours pétroliers constituent des éléments positifs qui pourraient tempérer la hausse des prix.
Face à cette situation inflationniste, plusieurs leviers d’action apparaissent prioritaires. Une modernisation en profondeur des circuits de distribution s’avère indispensable, tout comme une relance vigoureuse de la production nationale. La réforme des chaînes d’approvisionnement agricoles figure également parmi les mesures structurelles nécessaires. Contrairement à ce que pourraient suggérer certaines analyses, une nouvelle hausse des taux directeurs par la Banque centrale tunisienne ne semble pas constituer la solution appropriée. En revanche, le maintien d’une politique monétaire prudente, combinée à des mesures ciblées de protection du pouvoir d’achat, pourrait aider à contenir la pression sur les prix.

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