L’inquiétude autour du variant indien gagne le Royaume-Uni

Les cas du variant B.1.617.2, découvert pour la première en Inde, ont doublé sur une semaine au Royaume-Uni.
La situation n’est pas catastrophique, mais elle est assez alarmante pour que Boris Johnson s’en inquiète publiquement. Le Premier ministre britannique a prévenu vendredi que le variant indien (B.1.617) du SARS-CoV-2 risquait de perturber la poursuite du déconfinement au Royaume-Uni s’il continuait à s’y propager. Le nombre de cas du sous-lignage le plus actif, le B.1.617.2, le seul classé comme « VOC » (Variant of concern) jusqu’ici, a doublé, passant de 520 à 1 313 en seulement une semaine. Quelque 368 tests positifs du variant indien ont par ailleurs été recensés par les autorités sanitaires, un chiffre également en progression sur la semaine écoulée (+107 cas).
Loin d’être anecdotique dans un pays qui enregistre aujourd’hui « seulement » 2300 nouveaux malades par jour en moyenne après une importante troisième vague pendant l’hiver.
Cette poussée du variant indien est très localisée au nord-ouest de l’Angleterre ainsi qu’à Londres, et s’attaque sans surprise aux non vaccinés en priorité. « Ce nouveau variant pourrait fortement perturber nos progrès et rendre beaucoup plus difficile de passer à l’étape suivante », le 21 juin, quand presque toutes les restrictions sont censées être levées », assure Boris Johnson. L’Ecosse, concernée par une poignée de cas (35), a déjà pris la décision de retarder les assouplissements prévus lundi dans la région de Glasgow.
En Angleterre, les autorités tentent d’enrayer rapidement son évolution. À Bolton, où le B.1.617.2 progresse rapidement, des unités de test mobiles ont été déployées et des tests PCR ont été proposés à 22 000 résidents, informe le gouvernement. Par ailleurs, la vaccination va être accélérée : l’intervalle entre les deux doses sera réduit à huit semaines pour protéger plus rapidement les plus de 50 ans et les vulnérables, a détaillé Boris Johnson. Des voix s’élèvent également pour ouvrir aux plus de 18 ans des zones les plus touchées l’accès à un sérum anti-Covid.
*Une majorité de voyageurs ?
Les scientifiques s’interrogent désormais sur la capacité du variant indien à être plus contagieux que le dominant, le fameux « variant britannique » identifié pour la première fois dans le Kent (B.1.1.7), et qui a vite gagné la France, l’Europe puis une partie du monde. Le PEH (Public Health England) pense qu’il est « au moins aussi contagieux ». Cité par la BBC, le groupe consultatif scientifique du gouvernement pour les urgences (Sage) estime qu’il existe une « possibilité réaliste » que ce variant se propage 50% plus rapidement. Ce dernier juge par ailleurs que 40% serait suffisant pour de nouveau mettre la pression sur le système hospitalier, malgré un bon taux de vaccinés. Le Royaume-Uni a entièrement immunisé 19 millions de personnes, l’équivalent d’un tiers de sa population adulte. Environ 17 autres millions ont reçu une première injection.
Quoi qu’il en soit, la progression du variant B.1.617.2 est bien réelle. D’après les données du Wellcome Trust Sanger Institute, ce sous-lignage de la mutation indienne serait présent dans « plus de 10% » des échantillons prélevés, rapporte Le Monde. Est-ce durable ? Jeffrey Barrett, statisticien dans cet établissement, explique au quotidien que « des centaines de cas » ont en réalité été importés en peu de temps, au moment où le Royaume-Uni se déconfinait. Plus précisément en provenance de Mumbai et de New Delhi. L’Inde n’a été placée sur « liste rouge » – imposant une quarantaine obligatoire pour les voyageurs – que le 23 avril, près d’un mois après les tout premiers séquençages révélant la présence du variant indien sur le territoire. Les premiers cas « domestiques » sont eux apparus assez logiquement à la mi-avril, expliquant la propagation actuelle.
Pour l’heure, et en Angleterre seulement, la part du variant B.1.617.2 dans les tests positifs en Angleterre est passée de 0,1% à 6,8% entre le début et la fin du mois d’avril. Dans le même laps de temps, le variant historique du « Kent » ne représentait quant à lui plus que 91,4% des séquences analysées, toujours selon le Wellcome Trust Sanger Institute.
(L’Express)

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