L’Institut Pasteur réagit au documentaire d’Al Jazeera : Calomnie et diffamation

« Nous sommes là aujourd’hui pour répondre aux accusations infondées des protagonistes du film documentaire diffusé à la chaine Al Jazeera Documentaire, le 17 décembre ». Professeur Hechmi Louzir, Directeur Général de l’Institut Pasteur de Tunis dément catégoriquement les allégations du documentaire, argument par argument, lors de la conférence de presse organisée ce lundi 19 décembre 2016. Il considère que ce documentaire n’est qu’une campagne calomnieuse et diffamatoire orchestrée par cette chaine et prouve la mauvaise foi de sa réalisatrice, une cinéaste tunisienne. En somme les protagonistes de ce documentaire accusent l’Institut Pasteur de Tunis (IPT) de pratiquer des essais cliniques sur des mineurs de Sidi Bouzid, alors que la loi tunisienne l’interdit, et de conspirer avec l’armée américaine et un laboratoire pharmaceutique israélien pour pratiquer de ces essais. La cinéaste tunisienne Imen Ben Hassine n’a pas lésiné sur les effets spéciaux pour filmer ce documentaire. Le résultat est digne d’un film de guerre hollywoodien. Même Bill Clinton était présent dans ce film, à travers un discours de 1997 ou il présentait ses excuses pour des crimes de guerre commis par les USA. Quel rapport avec notre affaire ? Pis encore, notre cinéaste tunisienne a argumenté son film par des images violentes et cruelles de guerre. Outre l’intention flagrante à travers les images d’enfoncer l’IPT, les protagonistes de ce documentaire ont même diffusés de faux témoignages de personnes qui n’ont jamais subi ces tests cliniques. Professuer Hachmi Louzir n’a pas démenti mais confirme que cette recherche internationale sur la la Leishmaniose a été réalisée en collaboration avec l’Institut Walter Reed à Washington. Placé sous la tutelle du Département américain de la Défense, cet institut est l’un des plus grands centres de recherche dans le domaine de la santé au monde. Cet institut développe notamment des médicaments et des vaccins contre plusieurs maladies graves telles que le paludisme et le sida. L’Institut Pasteur de Tunis a commencé ses recherches scientifiques sur la leishmaniose depuis les années 80 lorsque la maladie a commencé à se propager. C’était à cause de l’accumulation de l’eau au Barrage de Sidi Saudi nouvellement construit, ce qui a favorisé l’apparition d’un insecte appelé phlébotome à l’origine de cette maladie. La leishmaniose est une infection cutanée provoquée par un parasite unicellulaire qui est transmis par des piqures du phlébotome. Cette maladie est connue au Nord de l’Afrique et au Proche Orient. A l’époque, le traitement était l’administration d’un produit médicamenteux par injection. Sauf que les effets secondaires de ce traitement sont nombreux sur le foie, le pancréas, le cœur…Alors que l’Institut Pasteur continue sa recherche scientifique sur un traitement plus efficace avec moins d’effets secondaires, des militaires américains ont été atteint par cette même maladie en Irak. D’où est venue cette collaboration avec l’Institut américain. Les recherches ont abouti à la création d’un nouveau médicament sous forme d’une pommade. Pour essayer l’efficacité de ce médicament, les chercheurs ont procédé, et ce comme pour chaque nouveau médicament, à des essais cliniques sur des sujets atteints de cette maladie. Parce que plus de 50% des personnes atteintes de cette maladie ont moins de 18 ans, les chercheurs ont pratiqué ces essais sur cette tranche d’âge. Ce qu’a soulevé le documentaire est que la loi tunisienne interdit catégoriquement les essais cliniques sur des mineurs et s’est appuyé sur l’article 2 du décret 1990-1401 qui stipule que « le sujet de l’expérimentation doit être majeur….ce sujet doit exprimer son consentement libre et éclairé de se prêter à l’essai ». Cela étant dit, le code de déontologie médicale, quant à lui, dans son article six n’évoque pas l’exigence de majorité pour se prêter à un essai clinique. « L’existence de ces deux différents textes de loi ont amené à cet embrouillement dans l’interprétation ». Lors de cette conférence, les responsables de l’Institut Pasteur de Tunis ont tenu à rassurer le public quant à l’absence de tout risque ou danger lié à l’essai thérapeutique réalisé dans les régions de Kairouan, Gafsa et Sidi Bouzid où sévit la leishmaniose cutanée. « Les résultats de cette recherche donnent un grand espoir pour la mise à la disposition des patients atteints de cette maladie, d’un nouveau médicament sous forme d’une pommade appropriée, efficace et simple d’utilisation. Nous espérons obtenir après clôture de cet essai à l’échelle internationale, l’accord de fabriquer ce médicament en Tunisie ». Maintenant, quant aux raisons de cet acharnement sur l’Institut Pasteur de Tunis, cette éminente fondation, les spéculations vont bon train. Indéniablement tout le monde s’accorde à dire que ces allégations erronées sont commanditées pour nuire à l’image de cette institution, une fierté de la Tunisie.

Najah Jaouadi

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