L’intention est belle, le résultat laisse songeur…

Un nouveau film tunisien, donc, vient de sortir. Il s’agirait ni plus ni moins d’un thriller scientifique comme on a pu le lire un peu partout. Nidhal Chatta présente pourtant un profil intéressant, réalisateur de plusieurs films publicitaires et surtout passionné par les grandes étendues désertiques et les océans. De plus, il a déjà réalisé quatre courts métrages puis un moyen métrage NO MAN’S LOVE l’histoire d’Akim, un chasseur d’épave qui fuit le fantôme de sa petite sœur, une œuvre belle et mélancolique qui nous laissait augurer du meilleur… Las ! on est loin du compte, bien loin du compte.

Et c’est sans doute ce qui agace à la vision du Dernier mirage, l’aspect visuel, clipesque et publicitaire a pris le pas sur le langage cinématographique. Pourtant, le même réalisateur avait tourné un envoutant documentaire sur le désert tunisien : Une initiation saharienne. Où est donc passé cet esthète donnant aux dunes du désert tunisien des accents des tentures médiévales. Le dernier mirage est un OVNI et il pousse à poser une question toute simple : comment peut-on produire ça ?

Pourquoi ignorer le vivier créatif, cette jeunesse foisonnante et à la recherche d’expériences visuelles différentes ? Le long métrage tunisien est-il condamné, ad nauseam, à fournir des œuvres sans queue ni tête ? La créativité et la maîtrise, semblent devenues l’apanage de courts métrages et de documentaires.

Tout d’abord, le problème est d’ordre scénaristique. Un scénario qu’on ne comprend pas, qui part dans tous les sens et apathique. Second problème, les dialogues abscons qui tombent à plat. C’est triste des dialogues ratés, dits par des acteurs qu’on a pourtant vu dans de meilleures situations. Jean-Marc Barr, éternel héros du grand bleu de Luc Besson) et, du côté tunisien, par le défunt Lotfi Dziri, Hichem Rostom et Monem Chwayet.

Le premier problème concerne cette notion de « thriller », un type de films qui exige une chronologie haletante, des rebondissements et surtout un minimum de cohérence scénaristique. Le dernier mirage porte bien son titre, on nous a vendu un film de genre, l’on se retrouve avec un film hybride lorgnant vers le cinéma américain avec toutes les tares du film d’auteur français et du folklore cinématographique tunisien.

La trame se déploie entre Bagdad en Irak et Tozeur, en Tunisie. Un Franco-Américain se retrouve seul, errant dans le désert dès son arrivée. Puis, on le retrouve, puis… puis il faut le dire on ne s’y intéresse plus, on décroche. En vrac, nous avons un inspecteur avec tatouage sur l’avant bras, un biologiste en mission, une mission peu passionnante d’ailleurs, un tueur en série, un crash…. Et tout tourne à vide.

Tous les clichés s’enchaînent : fille sexy, aventurier, rebondissements de série Z…. dommage, le potentiel est énorme, le résultat est effarant. Le réalisateur semble avoir finalement répondu à une œuvre de commande, Le dernier mirage semble avoir été filmé pour promouvoir le sud tunisien, l’intention est belle, le résultat laisse songeur…

Et cette fin à la Saw qui lance le film dans les voies de l’horreur… c’est tout ce qu’on retient, avec une séquence sensuelle avec Elisa Tovati. C’est peu, vraiment peu et c’est dommage. Dernière remarque, enfin, tout le film, ou presque, est en français. Mais, bon, arrivé à un certain stade, nous ne sommes plus à une incohérence près.

Farouk Bahri

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