Face à la crise alimentaire mondiale croissante et ses répercussions locales, la Tunisie se doit de concevoir une politique alimentaire à moyen et long terme. C’est le cri d’alarme lancé par l’Institut tunisien d’études stratégiques (ITES) dans son récent rapport intitulé « La sécurité alimentaire en Tunisie à l’horizon 2035 ». Le système alimentaire tunisien est fragilisé par de multiples facteurs : dépendance aux marchés extérieurs, pression sur les ressources naturelles, fragmentation des parcelles, vieillissement des agriculteurs, désaffection des jeunes et faible accès aux technologies modernes. L’ITES préconise une vision globale pour 2035, axée sur un système alimentaire inclusif, durable et innovant, capable de résister aux chocs et au changement climatique, tout en réduisant la dépendance extérieure.
L’objectif principal est clair : garantir une disponibilité alimentaire durable et moins dépendante des importations. Pour ce faire, une structure institutionnelle transversale et interministérielle dédiée à la sécurité alimentaire est indispensable.
Missions de la nouvelle structure :
- Élaborer et mettre en œuvre la nouvelle politique alimentaire et nutritionnelle.
- Assurer une coordination efficace avec les parties prenantes.
- Évaluer et ajuster la politique en fonction de la vision stratégique de l’État et des aléas.
En parallèle, des actions concrètes sont nécessaires pour :
- Améliorer la production et la productivité agricoles.
- Intensifier la recherche et l’innovation.
- Repositionner l’intervention gouvernementale en tant que médiateur et régulateur stratégique.
L’État devra également :
- Élaborer un plan de libéralisation progressive pour certains produits agricoles.
- Intervenir pour réajuster les prix de certains produits de base en cas de crise.
- Renforcer les contrôles sur les chaînes de stockage et de distribution.
Réduire la dépendance alimentaire vis-à-vis des marchés extérieurs est crucial. L’ITES recommande de :
- Mieux anticiper les chocs futurs et se préparer aux évolutions des marchés mondiaux.
- Réduire la facture des importations grâce à une planification maîtrisée et pluriannuelle.
- Créer une procédure simplifiée d’importation des produits de base.
Améliorer les circuits de stockage, de distribution et les conditions logistiques est également essentiel. Cela passe par :
- Équiper chaque région de marchés adaptés.
- Multiplier les points de vente directe du producteur au consommateur.
- Mettre en place des plateformes numériques et numériser les canaux de distribution.
L’ITES appelle enfin à :
- Améliorer les conditions d’accès au financement et aux assurances.
- Encourager les investissements dans l’agriculture et le secteur agroalimentaire.
- Réduire les pertes et valoriser le gaspillage alimentaire.
En s’attaquant à ces défis de manière holistique et proactive, la Tunisie peut renforcer sa sécurité alimentaire et garantir un avenir plus stable et prospère à ses citoyens.