Une nouvelle dynamique de pouvoir se dessine au Moyen-Orient, orchestrée par une Arabie saoudite plus assertive sur la scène internationale. Les rapprochements diplomatiques avec d’anciens adversaires, facilités par la médiation chinoise, et les efforts en cours pour mettre fin au conflit au Yémen, témoignent d’un changement de cap saoudien. C’est dans ce contexte que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis exercent des pressions inhabituelles sur leurs alliés européens pour rétablir les relations diplomatiques avec le gouvernement syrien dirigé par Bashar Al Assad et pour alléger les sanctions.
Retour en grâce : Assad réintégré dans la Ligue arabe
La réintégration du président Bashar Al Assad au sein de la Ligue arabe en mai dernier marque un tournant majeur pour ce dirigeant longtemps en butte aux lourdes sanctions imposées par les États-Unis et l’Europe en raison des atrocités commises durant la guerre civile syrienne. Cependant, les puissances saoudienne et émiratie estiment qu’il est temps de réviser cette approche. En effet, les deux puissances du Golfe estiment que des mesures purement diplomatiques ne suffisent pas à mettre un terme à douze années de conflit dévastateur, et qu’un assouplissement des sanctions pourrait insuffler une nouvelle vie à l’économie moribonde de la Syrie, offrant ainsi une opportunité de rétablir la stabilité.
Un souffle nouveau pour une économie en ruine
Les défenseurs de cette démarche font également valoir qu’une reprise économique en Syrie pourrait inciter des millions de réfugiés syriens à retourner dans leur patrie, allégeant ainsi la pression sur des pays voisins comme le Liban et la Jordanie, qui ont accueilli un grand nombre de déplacés. Cependant, cette perspective diverge des constats des enquêtes menées par les Nations Unies, qui révèlent que peu de réfugiés expriment le désir de regagner la Syrie.
L’Union européenne : Des voix dissidentes
Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, est actuellement en France où il rencontrera le président Emmanuel Macron. Bien que la question syrienne ne soit pas explicitement inscrite à leur agenda, les discussions porteront sur des enjeux du Moyen-Orient et de l’arène internationale.
Conditions strictes : La position ferme des États-Unis
Il sied de souligner que la démarche des pays arabes se heurte à une résistance catégorique de certains pays membres de l’Union européenne, dont la France et l’Allemagne. Les pays du Vieux-Continent considèrent que rétablir des liens avec la Syrie ne résoudrait pas les racines du conflit et reviendrait à récompenser un régime accusé d’atrocités envers son propre peuple. « Soyons clairs, les conditions ne sont pas réunies pour que l’UE change sa politique sur la Syrie », a affirmé Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, lors d’une conférence à Bruxelles.
Bilan désastreux : La tragédie syrienne
À Washington, le département d’État américain a souligné que les abus commis sous le régime d’Assad étaient largement documentés et que ce dernier devait être tenu responsable de ses actes. Il convient de rappeler que la guerre syrienne a engendré la mort d’au moins 500 mille personnes et forcé 23 millions de personnes à fuir leurs foyers. De plus, le conflit a facilité la montée de groupes extrémistes, notamment l’État islamique.