A propos de l’article: « L’office des céréales alerte sur les réserves nationales »
Une situation alarmante se dessine dans les silos tunisiens. Selon Salwa Ben Hadid, directrice générale de l’Office des Céréales de Tunisie, les stocks de céréales ne suffisent plus à assurer la consommation nationale au-delà de deux mois. Cette pénurie, sans précédent depuis de nombreuses années, met en lumière la fragilité de notre système alimentaire et les défis auxquels il est confronté.
Une conjoncture internationale et nationale difficile
La situation critique est la conséquence directe d’une conjoncture internationale et nationale particulièrement difficile. Les conditions climatiques extrêmes, qui ont sévi à travers le monde, ont entraîné une baisse significative des rendements agricoles. En Tunisie, la sécheresse a également frappé durement les cultures céréalières, réduisant ainsi la production nationale.
Face à cette pénurie, l’Office des Céréales de Tunisie s’est vu contraint d’importer massivement du blé dur, à des prix qui ont atteint des sommets, oscillant entre 350 et 400 dollars la tonne. Ces importations ont pesé lourdement sur les finances publiques et ont mis en évidence la vulnérabilité de notre pays face aux fluctuations des marchés mondiaux.
Les difficultés ne se limitent pas aux céréales. Le secteur agricole dans son ensemble est confronté à de nombreux défis. La production de semences certifiées, essentielle pour garantir la qualité des récoltes, a été particulièrement faible lors de la dernière campagne agricole, n’atteignant que 170 mille quintaux. Pour pallier ce déficit, les autorités ont dû distribuer près de 560 mille quintaux de semences, soit une quantité bien supérieure à la moyenne.
Des infrastructures vieillissantes et des défis structurels
Par ailleurs, les infrastructures de stockage et de collecte des céréales sont vieillissantes et nécessitent d’importants investissements. De nombreux centres de collecte ne répondent plus aux normes en vigueur, ce qui complique les opérations de stockage et de commercialisation.
La situation actuelle soulève de nombreuses questions sur la sécurité alimentaire de la Tunisie. Si des mesures urgentes ne sont pas prises pour renforcer la production nationale et améliorer la gestion des stocks, le pays pourrait connaître de nouvelles pénuries dans les mois à venir. Il est donc impératif d’investir dans l’agriculture, de moderniser les infrastructures et de développer des politiques agricoles plus résilientes face au changement climatique.
Il sied, au demeurant, de rappeler que 6,7 millions de quintaux de céréales ont été collectés au cours de cette campagne, dont 88% de blé dur. Cette quantité, bien inférieure aux besoins, souligne l’urgence de la situation.
Les aléas climatiques ont mis à mal la production céréalière tunisienne, poussant le pays à renforcer sa dépendance aux importations. La France et la Russie ont répondu à cet appel, s’engageant à fournir une part significative des besoins tunisiens. Toujours est-il que les projections pour la saison 2024, qui tablent sur l’importation de 3,85 millions de tonnes de céréales, témoignent de la fragilité de la situation alimentaire du pays. La Tunisie se trouve ainsi confrontée à un enjeu majeur : assurer sa sécurité alimentaire dans un contexte de volatilité des marchés internationaux