Nous sommes à ce propos au centre de la sécurité alimentaire de notre pays qui repose essentiellement sur la filière céréalière. La problématique du secteur céréalier est basée sur le fait que le régime alimentaire du Tunisien consiste surtout à consommer du couscous, des pâtes et du pain, soit 181 kg par an et par personne. Or l’agriculture tunisienne ne permet pas de produire plus de 50% des céréales consommées. En outre, la filière céréalière est lourde, coûteuse, complexe, elle manque de coordination et comporte des fuites. Elle implique la mobilisation de plusieurs institutions étatiques comme l’Office des céréales et les coopératives centrales qui importent et disposent de la capacité de collecte et de stockage des céréales, des usines privées qui transforment les céréales (usines de couscous et de pâtes, semouleries et minoteries) et qui emploient 20.000 personnes.
Il y a également 120.000 cultivateurs qui exploitent chaque année 1,4 million d’hectares. Parmi les maillons fragiles du secteur, il y a la faible rentabilité et le rendement bas des cultures ainsi que les déperditions qui atteignent 50% entre moisson et collecte des céréales, la différence est gardée par les paysans pour divers usages et l’écoulement sur les circuits parallèles.
Il y a également la compensation des prix des céréales assurée par l’Etat qui tourne autour de 1 milliard de dinars par an ou presque, mais ne bénéficie pas toujours à ceux qui en ont besoin.
Les années de forte récolte notre pays n’est pas en mesure de stocker tous les volumes récoltés faute de silos suffisants. Il y a des milliers d’hectares de terres domaniales non cultivées faute d’une gestion rigoureuse. Une rencontre organisée par l’APII à Tabarka a abouti à la nécessité de mettre au point une stratégie nationale pour réaliser la sécurité alimentaire en céréales. Entre autres solutions, augmenter sensiblement les rendements par le recours aux semences sélectionnées et l’accompagnement des producteurs.