Lueurs d’espoir, quand même…

La semaine écoulée a enfin vu le dénouement de la crise au sein du Dialogue national, enfin repris après une trop longue interruption, par la décision prise de donner la priorité à l’élection des députés avant celle du président de la République. Dans l’impossibilité de mettre d’accord les partisans des deux propositions en lice, il a fallu renoncer à la voie du consensus pour se rabattre sur les mathématiques et adopter la règle des deux tiers pour mettre fin à cette comédie et, surtout, éviter un recours à l’ANC où la situation se serait davantage enlisée.

Le sauvetage de l’économie tunisienne a été le souci principal de la classe économique tunisienne avec des rencontres nationales et internationales susceptibles de relancer ce secteur crucial, mais elle n’a pas empêché la classe politique d’avoir les yeux fixés sur les prochaines élections, où chaque parti tente de placer ses pions afin d’être en pole position pour prendre les si chères places à la future Assemblée qui, enfin, ne sera plus provisoire.

Le volet social a été assombri par le déroulement des épreuves du baccalauréat, pourtant bien préparé par le nouveau ministre de l’Éducation avec l’aide efficace de ses collègues de l’Intérieur et de la Défense, mais qui a connu des dépassements inattendus — bien dans l’esprit d’une société qui a perdu beaucoup de ses repères à la suite de la situation postrévolutionnaire — au niveau de la triche et de la fraude à l’examen dans des propositions inconnues jusqu’alors.

La situation sécuritaire, bien encadrée par les responsables de l’armée, de la Garde nationale et de la police, n’a heureusement pas connu de développement tragique, à part un nouvel accrochage à Jendouba.

* Enfin, last bat not least, le chef du gouvernement est en visite officielle en Allemagne les 18 et 19 juin, à l’invitation de la chancelière, Angela Merkel, afin de développer les relations et la coopération bilatérales. Quant au Dialogue national économique, il se prépare actuellement et aura lieu en deux phases, ainsi que l’a déclaré le porte-parole du gouvernement, Nidhal Ouerfelli. La première sera consacrée à la discussion de mesures urgentes pour sauver l’économie tunisienne, la seconde  mettra en place les réformes structurelles concernant l’économie. Fort bien, vaste programme, mais cette seconde phase ne sera-t-elle pas plutôt du ressort du prochain gouvernement issu des élections ?

* La fraude aux épreuves écrites du baccalauréat, qui existe toujours à l’état latent, a pris cette année les proportions d’un véritable fléau. Aidée par les progrès des NTIC et organisée à une plus grande échelle, certainement par une organisation clandestine désireuse d’enlever toute valeur à l’examen le plus côté dans notre pays et de nuire par la même occasion au ministère de l’Éducation que certains n’ont pas accepté.

Ce n’est plus cette année la petite “triche” individuelle où l’élève “sort un antisèche” en cachette du surveillant, pas toujours attentif. Non, le modus operandi à la sauce 2014 c’est en groupe qui se réunit dans un café proche d’un centre d’examen, ou dans une voiture et qui comprend des étudiants, éventuellement un professeur et des techniciens des NTIC. L’élève photographie sa feuille d’examen avec son téléphone portable dernier cri et l’envoie au groupe puis la solution lui revient via son téléphone portable et le tour est joué. Ce procédé, révélé par les réseaux sociaux, a essaimé en Tunisie puisque des fraudes ont été relevées aussi bien à l’Ariana qu’à Den Den ou à Gafsa, voire au Sers… selon les quelques localités dont le nom a fuité, mais il y en a eu certainement bien d’autres, puisqu’on a parlé de 200 arrestations, puis de 500 et quelques, toujours selon les journaux on line.

Ainsi, la science a permis de remplacer, en l’amplifiant, ce phénomène de vol organisé, puisque la distribution des sujets aux centres d’examen, assurée par l’armée et la police, ne permet plus les fuites d’antan. Il y a deux choses que je ne comprends pas. La première c’est le silence assourdissant de la presse quotidienne qui aurait dû rendre compte de ces actes délictueux dès le premier jour de leur découverte pour que tout un chacun puisse prendre ses précautions et aider à la recherche de ces groupes, l’ampleur du forfait aurait peut-être pu l’affaiblir. La seconde, c’est que, habitué pendant plus de 30 ans à surveiller des examens à divers niveaux, je n’arrive pas à comprendre comment un élève dans un local surveillé (toujours) par deux personnes, a pu photographier un document sur sa table, recevoir la réponse par un téléphone portable — et qu’aucun surveillant n’a remarqué les écouteurs vissés dans les oreilles des candidats. Pensait-il qu’il écoutait de la musique ? Cela paraît difficile à avaler !

Bon, le mal est fait. Reste à punir sévèrement les fraudeurs, quels que soient leurs statuts… et surtout à prendre ses précautions pour la session de rattrapage qui n’est pas si lointaine ! Et il faut surtout faire comprendre à nos jeunes qu’il faut mettre son intelligence en action pour étudier afin de ne pas avoir besoin de tricher et qu’il faut profiter des progrès de la technologie pour le Bien et non pour le Mal.

* Voyages : on a beaucoup parlé des rencontres à l’étranger de Béji Caïed Essebsi. Cette fois-ci, c’est Néjib Chebbi qui se retrouve à Washington avec Ali Laarayedh et Sahbi Atig — pourtant, eux se voyaient tous les jours à l’ANC ! Pourquoi aller si loin, même avec le prétexte d’assister à une conférence du CSID, organisée par Radouane Masmoudi ? Le hasard a voulu que je lise dans la revue Leaders, tout un article sur le chef d’Al Joumhouri, et sur un Portrait en fléchettes (page 37 du n°97 de juin 2014). , Cette réponse de Néjib Chebbi à une question sur Cheikh Rached, “il nous a trouvés, mon parti et moi, toujours à ses côtés à l’occasion de toutes les épreuves qu’il a endurées… Mais l’Histoire ne nous a pas donné encore l’occasion de rapprocher nos politiques.

Cette phase de reconnaissance fait réfléchir, quand on sait à la date d’aujourd’hui (15 juin 2014) qu’Ennahdha n’a pas encore choisi son candidat à la présidentielle.

Raouf Bahri       

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