En dépit des répercussions de la pandémie du Covid-19 sur ses activités, l’Union international de banques (UIB) a terminé l’exercice 2019 avec un bon résultat. La crise actuelle a eu, certes, un impact palpable sur l’UIB mais la direction de la banque s’est montrée plutôt optimiste quant à son avenir. Un optimisme inhérent au retour progressif d’une croissance positive, solide et durable, à partir de 2021, qui « permettra d’amortir le choc macroéconomique et développer l’économie d’une manière saine, harmonieuse et équitable afin de répondre aux aspirations des citoyens ».
C’est ce qui découle des Assemblées générales ordinaire et extraordinaire (AGO et AGE) de l’UIB tenues, ce vendredi 25 juin 2020, à distance et à huit-clos par visioconférence et présidées par le président du Conseil d’Administration de l’UIB, Kamel Néji.
Notons qu’un huissier de justice a été mandaté par l’UIB en vue de vérifier le bon déroulement des deux Assemblées, le respect des normes réglementaires, du quorum aussi bien que des règles du vote sur les différentes résolutions présentées.
A l’ordre du jour pour l’AGO, la lecture du rapport du Conseil d’Administration sur la gestion de la banque et des états financiers individuels pour l’exercice clos le 31 décembre 2019 ainsi que sur la gestion du Groupe et des états financiers consolidés pour la même période. Les rapports des Commissaires aux comptes sur l’exécution de leur mission ont, par ailleurs, été lus.
A l’ordre du jour aussi, l’approbation des rapports du Conseil d’Administration et des états financiers individuels et consolidés pour l’exercice clos le 31 décembre 2019 ainsi que des opérations et des conventions visées par les dispositions des articles 200 et suivants et 475 du Code des sociétés commerciales ainsi que l’article 62 de la loi N° 2016-48 relative aux banques et établissements financiers.
Il a été, de surcroît, question de donner quitus aux Administrateurs, d’affecter des résultats de l’exercice 2019, d’annoncer la démission d’un administrateur et ratification de la cooptation d’un administrateur, de renouveler de mandats d’administrateurs, de fixer le montant des jetons de présence, d’autoriser l’émission d’emprunts obligataires et de voter les résolutions présentées lors de l’AGO.
Selon les données fournis lors de l’AGO, les états financiers individuels font ressortir un résultat net de l’exercice 2019 de 117,1 millions de dinars contre 111,8 millions de dinars en 2018 (avec 66,1 millions de dinars d’impôt), soit une hausse de 4,7% (en deçà des prévisions selon Kamel Néji).
Le résultat net consolidé du Groupe ressort à 116,3 millions de dinars en 2019 contre 109,4 millions de dinars en 2018.
Toutefois, l’UIB –dont le capital social est resté fixe à 172,8 millions de dinars- était contrainte à réviser sa stratégie, face à la propagation du Covid-19, se conformant, ainsi, aux directives de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) d’avril 2020. De ce fait, les actionnaires ont été privés de dividendes au titre de l’exercice 2019 (afin que la mise en réserve des bénéfices vienne augmenter les fonds propres de la banque plutôt que la rémunération des actionnaires). Dans ce sens, le président du Conseil d’Administration de l’UIB a déploré que l’année 2020 ne corresponde pas aux aspirations des actionnaires en matière de dividendes.
L’impact du Covid-19 s’est fait, également, ressentir au niveau du Produit intérieur brut (PIB) qui reculera, selon Kamel Néji de 4,4% en 2020 ainsi que du taux de chômage qui grimpera de 15% à 21,6%. L’endettement public est, aussi, passé de 65% en 2016 à 71% en 2019 alors que le déficit budgétaire est de 7,2% en 2020 pour une prévision de 3%.
Néanmoins, Kamel Néji s’est voulu rassurant en s’adressant aux actionnaires. Il a, en effet, relevé la sérénité, vigilance et assurance avec lesquelles il gérait cette crise qui s’ajoute à celles précédentes et auxquelles il a dû faire face depuis les années 80 dans des postes de direction.
Néji n’a pas manqué de précisé que la crise du Covid-19 a fragilisé 2/3 des clients corporate de l’UIB ayant cessé partiellement ou totalement leurs activités pendant deux mois ou plus.
Cependant, l’UIB s’est adaptée en quelques semaines à cet imprévu et ce en accordant à 50% des clients un report au titre de leurs crédits à moyen terme aussi bien qu’en gelant les créances à court terme pour 37% des clients pour plusieurs mois.
Les clients les plus lésés par la crise ont été, donc, dotés de nouvelles ressources d’emprunt et l’UIB s’est engagée à ajuster le volume et durée de ses interventions autant que nécessaire afin de protéger ses clients en cette période délicate, selon Kamel Néji.
Côtés performances, les dépôts à la clientèle de la banque ont été évalués à 4972, 1 MTND soit un taux d’évolution de 6% comparé à 2018. L’encours net des crédits à la clientèle est à 5499 MTND, soit une hausse de 3,2% contre la valeur de 2018.
Le taux des créances classées ( y compris les engagements hors bilan) est passé de 45% en 2007 à 7,7% en 2019 et ce grâce à un traitement dynamique (recouvrement, cession, etc).
En ce qui concerne les ratios, le ratio de solvabilité a atteint au 31 décembre 2019 un niveau de 12,4% contre un ratio de 11,3% en 2018. Le ratio Tier 1 (exigence minimale de fonds propres réglementaires) étant de 10,4%.
Quant au ratio de liquidité à court terme (LCR), il s’est élevé à 234% en 2019 pour un minimum exigé par la Banque centrale de Tunisie (BCT) de 100% contre 139% en 2018.
Le ratio crédits/dépôts a atteint 116,7% fin 2019 contre 126,9% fin 2018 pour un seuil réglementaire maximal de 120%.
Le résultat par action au 31 décembre 2019 est de 3,387 DT alors que la capitalisation boursière est à 745,3 MTND.
En ce qui concerne les états financiers consolidés pour l’exercice clos le 31 décembre 2019, le résultat net consolidé du Groupe qui ressort à 116,3 millions de dinars en 2019.
Une performance en rapport avec des indicateurs de gestion bien orientés, avec notamment un Produit Net Bancaire (PNB) en hausse de +15,6% à 419,4 millions de dinars et un taux de retour sur fonds propres (ROE) de 20,3%.
Notons que les autres entités du périmètre de consolidation de l’UIB consistent à ses filiales (International Sicar, UIB Finances/intermédiaire en bourse et IRC (Internationale de recouvrement de créances)).
S’agissant des rapports général et spécial des Commissaires aux comptes sur les états financiers individuels, rien n’a été signalé quant à l’audit des états financiers (prise en compte parmi les produits des intérêts, commissions et agios et classification des créances et estimation des provisions).
Pour ce qui est du rapport relatif aux obligations légales et réglementaires, aucune déficience importante du contrôle interne support de l’établissement des états financiers n’a été identifié.
Toutefois, un rapport traitant des faiblesses et des insuffisances identifiées au cours de l’audit a été remis aux responsables de la gouvernance de la banque.
Le rapport a, par ailleurs, souligné que sur la base des « diligences estimées nécessaires à mettre en œuvre, aucune irrégularité liée à la conformité des comptes des valeurs mobilières de la banque avec la réglementation en vigueur» n’a été détectée.
Pareil pour le rapport des Commissaires aux comptes sur les états financiers consolidés qui n’a relevé aucune anomalie notamment par rapport aux informations relatives au Groupe présentées dans le rapport du Conseil d’Administration.
En ce qui concerne l’Assemblée générale extraordinaire, ayant commencé juste après la fin des travaux de l’AGO, il a été décidé de modifier les articles 7, 11, 19, 23, 24, 27, 29, 33, 34, 36, 40, 42, 44 et 54 des statuts.
Une autre résolution («L’Assemblée Générale Extraordinaire confère tous pouvoirs au Directeur Général ou à toute personne que ce dernier désignera pour effectuer toutes les démarches et formalités légales relatives à l’enregistrement, au dépôt,à la publicité et à l’immatriculation au Registre National des Entreprises et remplir toute formalité de régularisation») a, également, été mise aux voix.
Les deux résolutions ont été adoptées à l’unanimité.
Face à cette crise sanitaire qui secoue la Tunisie, la performance de l’UIB en 2019 sera, malheureusement, difficile à maintenir 2020. Déjà, le premier trimestre a vu le résultat net baisser significativement alors que le confinement n’a duré que deux semaines à cette période.
Ainsi, la responsabilité qu’incombe à l’UIB pour préserver l’équilibre s’avère immense. La banque a été obligée de suspendre ses projections communiquées aux actionnaires puisqu’elles n’étaient plus adaptées à la conjoncture actuelle.
Une telle suspension est légitimée par le caractère exceptionnel du moment aussi bien que par la sévérité du choc, regrette le président du Conseil d’Administration de l’UIB, Kamel Néji qui a, pourtant, fait part de sa conviction que la crise du Covid-19 représentera un nouveau départ pour la Tunisie.
Boutheïna Laâtar