Lundi, Lotfi Laamari face au juge d’instruction de la 18ème Chambre

Lotfi Laamari sera entendu, lundi, par le juge d’instruction de la 18e chambre près du tribunal de 1ère instance de Tunis pour «atteinte à la justice».
Lotfi est convoqué pour avoir exprimé son avis sur un verdict jugé par tous comme injuste s’agissant de mort d’homme.
Lotfi Laamari a eu la maladresse – et ce n’est pas mon avis –  de déclarer, que certains juges ne sont pas impartiaux et que le verdict acquittant les membres des LPR, milices islamistes violentes proches du parti Ennahdha accusés du meurtre de Lotfi Nagdh, était politisé et cela constituait une honte pour un pays qui se dit démocratique.
Il est vrai que Lotfi Lamari n’est ni juge ni député, c’est un journaliste qui plus est chroniqueur et qu’il ne bénéficiait pas d’une immunité quelconque pour pouvoir s’exprimer librement, sans aucun risque, après une révolution dont le principal acquis, sinon le seul, est la liberté de presse, d’expression et d’opinion et que les hommes de loi eux-mêmes en ont bénéficié.
Comment expliquer que le président de la République ne soit pas appelé à comparaître puisqu’il se dit choqué par le verdict ? Pourquoi le chef du gouvernement n’est pas convoqué par le juge d’instruction de la 18e chambre puisqu’il a affirmé, du haut de la tribune de l’ARP que Lotfi Nagdh n’est pas le martyr de Nidaa Tounes mais de la Tunisie entière ? Pourquoi les juges Kalthoum Kennou et Ahmed Souab qui expriment à peu près la même opinion n’ont pas été rappelé à l’ordre alors même qu(ils affirment que le corps de la magistrature n’a pas encore fait sa révolution, qu’il n’a pas été assaini et qu’il est toujours sous l’influence des autorités politiques ? Ne parlons pas des députés contre qui le parquet a ouvert une information judiciaire pour avoir mis en doute l’intégrité de la justice ce qui, selon le porte-parole du tribunal de 1ère instance de Tunis et du pôle judiciaire antiterrorisme, Soufiène Selliti, peut conduire à l’incitation de l’opinion publique contre les juges.
Faut-il pour autant se taire, baisser les bras et abandonner ce pourquoi des générations de journalistes se sont battus : leur liberté de s’exprimer et leur liberté de penser ? Que nenni.
Et pour cause. Le mouvement et la campagne de soutien lancés à travers les réseaux sociaux, qui au-delà des gens de la profession, ont rassemblé des citoyens de tous bords, sont là pour dire non à l’atteinte à la liberté d’expression et défendre celle des journalistes.
On est à la sixième année de la révolution de la dignité. Une révolution qui a délié les langues pour dénoncer les dérapages, restaurer la justice et construire un Etat de droit, un vrai. La dignité passe par la liberté de s’exprimer sans crainte dans le strict respect de l’éthique et de la déontologie, s’agissant des journalistes et du respect de la loi par tous.
Lotfi Lamari ne sera pas seul, lundi à 9h00, devant le tribunal de première instance de Tunis.
Il s’agira pas seulement de soutenir, Lotfi, mais, surtout, de défendre un principe constitutionnel immuable, celui du respect des libertés dans cette démocratie naissante qu’est la Tunisie et de dire que nul n’est au-dessus de la critique, tant qu’elle est constructive.

F.B

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