Par Ridha Lahmar
Malgré l’installation d’un gouvernement stable adossé à une majorité confortable à l’ARP, les perturbations sociales et les revendications salariales persistent, sinon augmentent et entretiennent une atmosphère peu propice à l’investissement, à la relance économique et à la paix sociale.
Conducteurs de bus et de métro, enseignants, postiers, cheminots, mineurs, ouvrières des usines textiles, ingénieurs et d’autres corporations encore, multiplient les sit-in, grèves, manifestations et autres perturbations.
La persistance de ces turbulences sociales fait que le Tunisien travaille moins et moins bien, a l’esprit perturbé, les entreprises sont moins compétitives, ce qui décourage investisseurs, promoteurs, chefs d’entreprises et banquiers. Cela ne fera que retarder la relance de la machine et faire obstacle au processus de la croissance économique avec son corollaire de création d’emplois.
Il ne s’agit pas de fermer la porte définitivement à toutes les revendications salariales, améliorations de statuts et de conditions de travail, mais de suspendre et de reporter d’un an toutes les demandes et toutes les négociations sociales ayant des répercussions financières.
Il s’agit aussi de remettre le pays au travail, d’entretenir une atmosphère de paix sociale, de bonne entente et de bonne volonté entre les partenaires sociaux, dans les entreprises et dans les relations sociales, mais aussi dans l’Administration.
Il y a une extrême urgence pour focaliser tous les Tunisiens sur la ponctualité et l’assiduité au travail, que ce soit dans le secteur public, privé, associatif ou solidaire.
Nous devons prendre conscience que nous sommes en train d’emprunter à l’étranger en devises à un coût , pour payer les salaires de la fonction publique et donc pour consommer et survivre.
Il y a lieu de constater que dans notre pays, l’Administration, les entreprises et les ménages vivent au dessus de leurs moyens. La situation est grave mais non désespérée, il suffit de réagir tant qu’il est encore temps.
Cette trêve sociale implique une négociation entre gouvernement et partenaires sociaux : UGTT, UTICA, UTAP, CONECT, SYNAGRI, CGTT, UTT, ODC,… pour aboutir rapidement à la conclusion d’un deal vital pour stabiliser, sinon redresser au bout d’un an une situation chancelante pour l’économie du pays et la société tunisienne.
Le gel des prix est une opération complexe, difficile à concevoir et à faire appliquer, surtout que l’inflation a enregistré un bond de 40% en quatre ans : il faudrait d’abord revenir à un niveau raisonnable. Sur le plan juridique, est-elle conforme à la loi et à la réglementation ? Les juristes doivent trancher. Sur le plan pratique est-elle réalisable ? Alors que la parité du dinar est en baisse continuelle, ce qui impacte le coût de toutes les importations y compris celles des matières premières destinées à l’industrie, à l’agriculture et à d’autres secteurs d’activité.
Il faut dire que la flambée des prix est la cause de l’effondrement du pouvoir d’achat du citoyen de 40 à 50% en quatre ans. Il appartient à l’Etat de lutter contre la spéculation exercée par les intermédiaires et les barons de la contrebande qui sont les acteurs de cette catastrophe qui n’épargne ni les classes défavorisées, ni les classes moyennes et qui entretient les revendications sociales.
La course-poursuite entre salaires et prix entretient une atmosphère de tension permanente dans les entreprises et les administrations, préjudiciable à la productivité du travail, à la rentabilité des projets et à la compétitivité du made in Tunisia.
Il est bien entendu que toute augmentation de salaire qui n’a pas de contrepartie en matière de production et de productivité provoque et accélère l’inflation. C’est pourquoi il faut observer une pause en la matière.
Au moment où le terrorisme menace la patrie de l’intérieur et de l’extérieur, nous devons mettre les intérêts corporatistes de côté et privilégier l’intérêt supérieur de la nation. Le salut de la nation est à ce prix.