L’USAID, Clap de fin

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Par Aïssa Baccouche 

En 1995, sûrement subjugué par les envolées lyriques du chantre de notre continent. Léopold Sedar Senghor (1906-2001) qui présidait à l’époque aux destinées du Sénégal et qui ne cessait de marteler « il faut en finir avec la détérioration des termes de l’échange » j’avais frôlé un esclandre devant l’un de nos maîtres en sciences économiques à l’Université française en clamant une tirade portant le titre anglo-Saxon qui résonnait bien « Trade not aid »

N’est-il pas plus judicieux me demandai-je, de soutenir les prix des produits de base en enlevant les obstacles tarifaires et non-tarifaires à leur entrée dans les marchés des pays pourvoyeurs – et condescendants – de l’aide.

J’avais vingt-ans. Aujourd’hui, que j’en ai quatre fois plus, je persiste et n’en démord point. Il n’y a pas un seul iota à retrancher à ces propos d’un jeune exalté. Tant il est patent que l’aide est, comme disent les puristes, un bon mot qui est employé à mauvais escient. C’est un vocable pervers.

Aider les pays en difficultés semble à priori refléter un élan de piété. Mais à y voir de près, ce n’est guère une attitude désintéressée.

Le plan Marshall du nom du chef d’état-major de l’armée américaine entre 1939 et 1945 destiné à assister l’Europe au sortir de la deuxième guerre mondiale en est l’archétype. Lier le développement économique des 17 pays concernés à l’achat d’équipements US sous convert du binôme gagnant-gagnant est une trouvaille du capitalisme renaissant. Prêter pour produire davantage et in fine gagner urbi et orbi.

C’est la raison pour laquelle les contempteurs de l’aide ainsi évoquée lui accolent l’épithète liée. Un non-dit qui en dit long sur les motivations humanistes des contributeurs. Ceux-ci ne manquent pas de fanfaronner alors que le pourcentage de l’aide qu’ils ont eux-mêmes désigné de leur PNB (0,7) n’a jamais été atteint. L’eût-il été, il ne ferait qu’accroître la dépendance des économies « biberonnées ». D’autant plus qu’elles durent souffrir de frais sans cesse élevés générés par les organismes en charge de cette manne « bienfaitrice » puis qu’ils sont, comme toute forme bureaucratique, budgétivores.

C’est peut-être la raison pour laquelle le tandem Busch-Musk a aboli d’un trait la nébuleuse USAID. Ils le font, clament-ils, dans un souci de bonne gouvernance j’ajouterai de « dégraissage du mammouth » selon l’expression forgée par le géochimiste français Claude allègre, – qui vient de nous quitter le 05 Janvier dernier – lorsqu’il était ministre de l’éducation nationale en 1997.

Oui, mais est-ce que ce repliement va permettre aux échanges commerciaux entre le Sud et le Nord de l’hémisphère d’être plus équitables. Oh que nenni !

Avec les taxes exorbitantes qui menacent de frapper à leur entrée dans le territoire américain des produits d’un pays comme le Mexique, la preuve est établie que les matamores installés à Washington D.C, veulent, comme tous les mercantis, le beurre et l’argent du beurre… et Mars en sus.

Que nous reste-t-il, nous humbles terriens sinon implorer le ciel pour que les lubies du Sphinx des temps modernes ne nous transforment pas en lilliputiens chers au satiriste irlandais Jonathan Swift (1667-1745) auteur du livre « Les voyages de Gulliver ».

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