C’est une énième nouvelle accablante pour la Tunisie : dans le dernier classement Bâle III, notre pays a reculé de 70 places en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en 2017 comparé à 2016. Dans ce classement, plus la note est élevée et le rang bas, plus le risque de blanchiment est important.
Ainsi, la Tunisie est arrivée 59ème sur 146, avec une note de 6,5, alors qu’elle était 129ème un an plus tôt avec une note de 4,62. Plusieurs figures de l’économie tunisienne ont réagi à ce classement, à l’instar de Taoufik Baccar, ancien gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) qui s’est exprimé dans un statut Facebook. « La raison essentielle du recul connu en 2017, tient au fait que les conclusions du 2ème rapport d’évaluation du dispositif LBA/FT adopté par la Plénière du Groupe d’Action Financière Moyen Orient /Afrique du Nord (GAFIMOAN) tenue au printemps 2016, étaient négatives pour ce qui concerne l’efficacité dudit dispositif. Sur l’ensemble des indicateurs relatifs à l’efficacité, onze au total, la Tunisie a obtenu des évaluations qui oscillent entre « faible » et « modéré« . Aucune notation du niveau « Élevé » ou « Significatif« , n’a été attribuée au pays. Il faut rappeler que le nouveau standard du Groupe d’Action Financière (GAFI), focalise désormais beaucoup plus sur l’effectivité ou l’efficacité des dispositifs nationaux LBA/FT, que sur leur conformité aux 40 Recommandations », écrit-il.
L’ancien gouverneur de la BCT appelle à pallier aux insuffisances signalées dans le rapport d’évaluation de 2016. Il craint même que la Tunisie soit prochainement inscrite dans la liste des pays et juridictions connaissant des « déficiences stratégiques », définies par le GAFI. « L’enjeu est donc de taille, car ce genre de mesure entamera sérieusement la réputation du site Tunisie d’autant qu’il coïncide avec la baisse vertigineuse de la notation souveraine, et engagera le pays dans un processus long et pénible de redressement sous un suivi international rapproché et sévère et risque fort du reste, de dissuader les « bons » investisseurs et d’attirer les « plus mauvais« , conclut Taoufik Baccar.