Après mes deux lettres à Monsieur le Président de la République, la première en décembre 2015 intitulée « Mon Président ne me décevez pas, j’ai voté pour vous » et la deuxième en avril 2016 intitulée « Mon Président vous allez bien mais mon pays va mal »
J’écris aujourd’hui ma troisième et ma dernière lettre a un homme que j’avais beaucoup respecté.
Monsieur le Président
Comme tous mes compatriotes j’avais cru en juin 2012 à un nouveau phénomène politique que vous avez appelé «Nidaa Tounes». En effet votre personne ainsi que votre programme répondaient exactement à nos souhaits.
D’abord vous, Monsieur le Président, on vous a choisi parce sue vous êtes à nos yeux un vrai leader, disciple de Habib Bourguiba, au charisme intact, habité par le sens de l’Etat et séduisant par votre finesse d’analyse, votre vision politique, votre certitude quant aux objectifs et votre vivacité d’esprit.
Moncef Kammoun*
Oui Monsieur le Président, on vous a choisi pour votre aisance en arabe dialectal et votre sens de la formule qui vous différencie de tous les autres adversaires dont certains, inconnus, qui ne nous ressemblent pas et qui venaient d’ailleurs.
On vous a choisi pour votre charisme intact toujours habité par le sens de l’humour, séduisant par sa vivacité d’esprit et son sens de la formule.
Ensuite pour votre programme qui répondait aux souhaits de tous les Tunisiens et qui consistait essentiellement à :
- La mise en place d’un plan de sauvetage de l’économie nationale
- la nécessité d’accorder un intérêt accru aux jeunes
- L’établissement d’un plan d’urgence en faveur des catégories et des régions précaires sur la base de l’équité sociale et de la solidarité nationale
- Le lancement d’un processus de justice transitionnelle à travers un mécanisme indépendant
- La neutralité des mosquées tout en mettant un terme au phénomène des milices.
Aujourd’hui, vu la situation du pays et selon votre conviction et votre manière de voir qu’en politique il n’y a que le résultat qui compte, je peux affirmer sans aucun risque de me tromper que vous avez trahis vos promesses et déçu tous ceux qui ont cru un jour que vous étiez capable d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire du pays.
Monsieur le Président
Nous vous avons donné en janvier 2015 un pays en crise en raison de la gouvernance catastrophique sous la Troïka lors des deux années noires du pays, soit 2012 et 2013, mais aujourd’hui aussi bien votre parti que notre Pays sont malades, je dirai même sans vie.
Le pays que vous gouvernez depuis quatre ans et demi est en perte de repères, de lisibilité, de visibilité, de stabilité, de volonté, d’imagination et de projets. Il vit au jour le jour et il lui est difficile de se projeter dans l’avenir proche et encore moins, d’anticiper les événements.
Aujourd’hui l’avenir est plus problématique que jamais et personnellement, j’ai très peur pour mon pays, qui paraît, paralysé face à l’irresponsabilité généralisée et à l’anarchie menaçant de s’installer partout.
Face à l’angoisse des lendemains incertains, au manque de confiance, à la persistance du chômage et de la pauvreté et à l’érosion du pouvoir d’achat, le Tunisien semble déprimé et sans espoir. Ce qui inquiète le plus ce n’est pas le blocage en lui-même, mais le fait qu’il ne semble déranger personne ni vous ni votre gouvernement.
Vous avez réussi à tout détruire et le pays est complètement affaibli par sa faillite économique et financière.
Aujourd’hui vous devez savoir Monsieur le Président ce qui vous reste à faire, vous qui aimez être en spectacle, alors offrez-vous et pour la dernière fois une ultime et dernière belle sortie de la vie politique.
Votre fils Monsieur le Président
Vous le savez plus que quiconque Monsieur le Président, qu’il n’y a aucun espoir de voir votre fils faire une carrière politique parce qu’il en est incapable, vous avez tout fait au dépend de votre parti et même de votre pays mais sans aucun espoir.
En effet la fausse ambition et l’arrogance de votre fils se sont conjugués avec l’insolence et le mépris total des règles qui régissent la vie politique, le résultat est clair et ne peut être autrement, il est catastrophique aussi bien pour lui que pour vous.
Si tout le monde sait qu’on ne choisit pas sa famille, les Tunisiens savent aujourd’hui qu’ils doivent choisir un Président, qui sait comment mettre son instinct paternel en veilleuse le temps d’un mandat.
Alors Monsieur le Président, n’oubliez surtout pas votre fils en sortant du palais dans quelques mois.
*M.K Architecte