Lors de sa création, l’Union du Maghreb arabe avait suscité chez les peuples de la région enthousiasme et espoirs de lendemains meilleurs.
Mais au fil des années, c’est la déception face à l’immobilisme des politiques et à la non-progression des projets alors que les experts de l’UMA se réunissent et proposent, des programmes de développement.
Les échanges commerciaux entre les pays maghrébins sont inférieurs à 5% du total de leurs échanges extérieurs.
Or plusieurs études dont celle de l’Institut européen pour la Méditerranée de Barcelone concluent que la non-réalisation de l’intégration économique du Maghreb, prive les différents pays concernés d’un taux de croissance du PIB de l’ordre de 2% par an, ce qui signifie un manque à gagner de 40.000 emplois additionnels par an sur le marché de l’emploi dans notre pays.
Certes, avant 2011 la Tunisie et la Libye avaient de très bonnes relations économiques et sociales avec des investissements réciproques, des échanges commerciaux denses et une forte mobilité de la main-d’œuvre, mais le commerce extérieur a régressé de 70% depuis quatre ans à cause de la guerre civile en Libye.
En effet, il est très difficile d’évoquer et de concevoir un Maghreb économique intégré lorsque la Libye est en proie à une guerre civile fratricide et que l’Algérie connaît une crise de légitimité du pouvoir politique. Tandis que la Tunisie souffre d’une instabilité politique et d’une crise socio-économique à la veille d’élections législatives et présidentielle aux issues incertaines.
Mais supposons que dans quelques mois, la situation se stabilise dans le sens de l’instauration de régimes démocratiques stables.
Dans ce cas, la priorité sera donnée à la croissance économique et aux politiques publiques génératrices de valeur ajoutée et de création d’emplois.
Un marché commun maghrébin avec près de 90 millions de consommateurs serait convoité par des milliers d’investisseurs extérieurs, pouvant devenir donc un puissant facteur d’industrialisation du pays.
Encore faut-il qu’il devienne une réalité concrète avec une liberté d’échanges de produits de toutes sortes entre les cinq pays du Maghreb sans obstacles tarifaires ou non-tarifaires.
Les blocages en fait émanent des politiques qui font preuve de mauvaise volonté à ouvrir les frontières de leurs pays à la libre circulation des produits, des capitaux, des investissements des pays voisins par crainte de la concurrence et des moins-values fiscales qui alimentent les budgets des Etats.
Il y aurait également des problèmes de leadership et d’ego entre dirigeants politiques marocains, algériens et libyens.
L’intégration financière maghrébine à travers les banques centrales et avec le concours actif des banques a fait l’objet récemment de la 7e édition des rencontres entre banques centrales sur le thème « Pays voisins : stabilité et rapprochement ».
Le recours à la technologie est de nature à favoriser cette intégration financière mais ce sont les entreprises économiques privées qui doivent être les acteurs de cette intégration à réaliser sur le plan sectoriel avec intensification des échanges commerciaux et diversification des investissements.
La BAD a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de financer les infrastructures de base, les projets de production d’énergies renouvelables, l’intensification de l’agriculture et le développement des transports.
Il appartient aux Etats maghrébins de se mettre d’accord sur une stratégie de développement commune à long terme avec des objectifs, des étapes et des projets.
Les infrastructures de base structurantes à implanter pour servir de plateforme aux entreprises ont bien été identifiées par l’institution de l’Union du Maghreb arabe : autoroute maghrébine, réseau ferroviaire maghrébin, connexion électrique maghrébine…
Ce qui manque, c’est le passage à l’action, c’est la concrétisation.
Selon le Secrétaire général de l’UMA qui est intervenu au cours de la réunion des banques centrales maghrébines, il faut intégrer les économies des cinq pays pour libérer leur potentiel de développement et mettre en place les mécanismes de croissance.
Après avoir éliminé les obstacles et les intentions politiques étroites, le Maghreb a besoin de réalisme face à une conjoncture économique difficile pour mener une politique de développement global.