Mahgreb : pourquoi une zone de libre échange ?

 

Par Ridha Lahmar

                                                                                                                                             La création de l’Union du Maghreb arabe date de 25 ans, mais malgré les réunions et les promesses, peu de progrès ont été réalisés depuis le sommet constitutif de Marrakech. Certes, il existe une structure permanente à Rabat et plusieurs commissions techniques ont travaillé et avancé, mais le manque de volonté politique n’a pas permis au rêve des populations de voir le jour.

Il ne s’agit pas de rêver la création d’un seul État, fut-il fédéral, avec une seule nationalité, la même monnaie, une seule armée, un drapeau unique, la même constitution, un parlement commun et un seul gouvernement.

Ce serait trop beau pour être vrai, même s’il y a des atouts communs : la même religion, la même langue maternelle, une histoire et un patrimoine culturel arabo-musulman communs.

Les ambitions et les objectifs sont plus modestes et tout à fait réalisables. Il s’agit plutôt d’impératifs de survie et de conditions nécessaires pour assurer la croissance économique et le développement des cinq pays du Maghreb dans une conjoncture de mondialisation de l’économie et de concurrence agressive entre les nations.

Il faut dire que le taux des échanges commerciaux entre les cinq pays du Maghreb est dérisoire : 3% seulement, alors que pour les pays européens il est de l’ordre de 60% en moyenne, ce qui signifie que les flux d’échanges interactifs sont à l’origine de la prospérité économique des pays voisins en raison des facilités offertes. Cela ne peut se justifier au Maghreb uniquement par la similitude des économies des pays, mais aussi par un manque de volonté de coopérer de la part des pouvoirs publics, une carence de la confiance entre les opérateurs économiques, des réglementations dépassées et protectrices et un souci pour chaque pays de faire cavalier seul.

Il faut dire que le coût du non-Maghreb est très élevé pour l’économie des cinq pays. En effet, les études élaborées par l’IEMed (Institut des études de la Méditerranée de Barcelone) le manque à gagner qui découle de la non-intégration économique des cinq pays du Maghreb est de 2% de taux de croissance économique par an pour chacun des cinq pays.

Or 1% de taux de croissance par an signifie la création de 10 à 15.000 emplois pour notre pays. Chaque pays maghrébin pris séparément ne “fait pas le poids” vis-à-vis de nos partenaires économiques, notamment l’Union européenne qui représente 70% de nos échanges commerciaux et économiques Alors qu’un Maghreb uni, sinon intégré sur le plan économique, représente un marché de 90 millions de consommateurs et une puissance économique qui a son rôle et sa place sur l’échiquier régional.

Les 5 pays du Maghreb sont en mesure de mieux sauvegarder leurs intérêts et défendre leurs positions en présentant un front commun, en coordonnant leurs stratégies de croissance et en développant des relations de partenariat et de complémentarité économiques.

Le 3e Forum des entrepreneurs maghrébins qui a eu lieu à Marrakech le 17 et 18 février 2014 avec la participation active de l’UTICA, de la CGMA et des patronats algériens et mauritaniens, n’a pas manqué de recommander aux politiques l’instauration d’une zone de libre-échange dans toute  la région du Maghreb avec liberté de circulation des marchandises, des capitaux et des personnes, liberté de séjour et droit de propriété réciproque.

Certes, la création de la Banque maghrébine d’investissement dont le siège est à Tunis constitue un atout même si son capital de 100 MD reste très modeste par rapport aux ambitions et aux besoins de financement des projets.

L’accord commercial conclu récemment entre la Tunisie et l’Algérie qui permet de libéraliser les échanges portant sur 2000 produits et qui entrera en vigueur le 1er mars 2014 constitue un progrès certain sur la voie du libre-échange. Mais il reste beaucoup à faire sur le chemin du développement des échanges commerciaux, des investissements croisés et des projets économiques communs à promouvoir par le secteur privé.

Certes, il y a des champions nationaux qui ont eu le mérite de s’internationaliser et s’implanter avec succès dans les pays voisins à travers des investissements ciblés. On peut citer quelques uns à titre indicatif : le groupe Bayahi a investi dans une usine de fabrication de profilés-alu en Algérie, Poulina Holding group a construit plusieurs usines en Algérie et en Libye : Glaces Alimentaires, carreaux en céramique, aliments concentrés pour le bétail. Le Groupe Mabrouk a implanté en Algérie une biscuiterie, une fromagerie et une chocolaterie.

Tandis que Monoprix ouvre toute une chaîne de grandes surfaces en Libye et deux grandes surfaces au Maroc. Le groupe Elloumi a implanté plusieurs usines à l’étranger pour fabriquer des faisceaux électriques pour les constructeurs autos.

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