Le président palestinien Mahmoud Abbas et le ministre israélien de la Défense Benny Gantz ont discuté mardi 28 décembre au soir de « sécurité et d’économie » au cours d’une rencontre tenue, selon la presse israélienne, en Israël, une première depuis des années.
« J’ai rencontré ce soir (mardi) le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Nous avons discuté de la mise en œuvre de mesures économiques et civiles, et de l’importance de renforcer notre coordination sécuritaire […] », a écrit sur Twitter Benny Gantz, peu après l’annonce par son ministère d’une rencontre avec Mahmoud Abbas.
Côté palestinien, le ministre des Affaires civiles Hussein al-Sheikh, un proche de Mahmoud Abbas, a indiqué sur Twitter que cette rencontre avait porté sur des enjeux « sécuritaires, économiques et humanitaires », sur les « tensions » liées aux activités des colons sionistes en Cisjordanie occupée et sur « l’importance de créer un horizon politique » pour en arriver à une « solution » du conflit israélo-palestinien.
*Mahmoud Abbas en Israël, une première depuis 2010
Le ministre israélien de la Défense et le ministre palestinien des Affaires civiles n’ont pas précisé le lieu de cette rencontre. Selon la presse israélienne, elle s’est tenue dans la résidence de Benny Gantz à Rosh Haayin, dans le centre de l’entité sioniste.
Dans la foulée de l’arrivée au pouvoir en juin du gouvernement de coalition mené par Naftali Bennett, des ministres israéliens, incluant Benny Gantz, ont rendu visite à Mahmoud Abbas à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne. Mais il s’agirait de la première fois depuis 2010 que Mahmoud Abbas se rend en Israël pour une rencontre officielle avec un membre du gouvernement israélien.
Le parti Likoud (droite) du chef de l’opposition Benyamin Netanyahou, Premier ministre de 2009 à juin dernier et critique virulent du président palestinien, a condamné dans un communiqué cette rencontre Abbas-Gantz qui a débouché selon lui sur « des concessions dangereuses pour la sécurité d’Israël ».
*Une rencontre condamnée par le Hamas
Le gouvernement de Naftali Bennett, d’ailleurs soutenu par un parti arabe, une première dans l’histoire de l’Etat juif, « a remis les Palestiniens et Abbas à l’ordre du jour et cela est dangereux pour Israël », a ajouté le parti de droite. Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza sous blocus israélien, a également condamné la rencontre, estimant qu’elle s’écartait « de l’esprit national de notre peuple palestinien ».
« Ce comportement de la direction de l’Autorité palestinienne aggrave la division politique palestinienne, complique la situation palestinienne, encourage certains dans la région qui veulent normaliser avec l’occupant et affaiblit la position palestinienne qui rejette la normalisation » avec Israël, a déclaré le porte-parole du Hamas Hazem Qassem dans un communiqué.
La rencontre Abbas-Gantz intervient moins d’une semaine après la visite en Israël et en Cisjordanie occupée du conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan qui avait discuté avec Mahmoud Abbas de « la reprise d’un niveau significatif d’aide économique et au développement » de la part des États-Unis.
L’actuel gouvernement israélien dit vouloir discuter des moyens « d’améliorer » le niveau de vie des Palestiniens, sans toutefois chercher à se lancer dans de nouvelles négociations de paix. Les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens sont au point mort depuis 2014. Le Premier ministre israélien Naftali Bennett, un ancien leader du mouvement pro-colonies en Cisjordanie, s’oppose à la création d’un État palestinien.
(AFP)