Mahmoud Ben Romdhane, ministre du Transport: « On n’a pas tout résolu, mais …»

En présidant aux destinées de ce département qui veille sur des secteurs  stratégiques mais en butte à des dysfonctionnements de plus en plus graves, M. Mahmoud Ben Romdhane, ministre du Transport  a identifié cinq axes prioritaires d’intervention. Il s’agit  respectivement de  l’amélioration de la qualité des services et de l’offre dans le domaine du transport public des voyageurs, des prestations au port de Radès et  à l’aéroport de Tunis-Carthage, de l’accélération des projets structurels au niveau régional et du rapprochement des services administratifs liés aux transports à travers tout le pays. Pour un secteur aussi complexe et sujet à des intérêts et à des intrigues, réaliser ces objectifs en cent jours relève de la gageure.  Interview.

Vous venez d’organiser la deuxième journée d’étude sur le secteur des transports, toutes les parties prenantes étaient là. Quel  diagnostic peut-on faire  du secteur des transports ?

Cette journée d’étude était la deuxième que le ministère a organisé, regroupant  tous les PDG et responsables relevant  de ce département, à savoir  les entreprises nationales et régionales sous tutelle.  A cette occasion, on a  abordé  trois questions essentielles : le diagnostic de la situation des différents domaines du transport terrestre, maritime et aérien. on a essayé d’évaluer la situation et  de comprendre les problèmes et puis on a examiné ce qu’on pouvait réaliser dans les cinq prochaines années en se donnant un horizon plus éloigné toujours dans les différents modes de transport et, enfin, de définir les  politiques d’accompagnement de ces objectifs à moyen et long termes. Tout cela nous a permis de faire le diagnostic.

Quelle conclusion en tirer ? 

La situation est  grave, la  détérioration a concerné tous les secteurs. A titre d’exemple,  le transport en commun utilisé par les 2/3 de la population, assure  aujourd’hui à peine  entre  25 à 30%  de la demande. Si on examine la situation du  parc roulant, on constatera qu’il est en régression notamment depuis la Révolution. Il n’y pas eu d’acquisition et les bus ont été largement usagés et une très forte partie n’est plus en état d’exploitation. Initialement, il était programmé l’acquisition de près de 1200 bus,  200 seulement  ont été achetés,  soit moins de 15%. Entre-temps,  la population a augmenté,  la demande aussi. Les statistiques de   la TRANSTU indiquent que les bus actuellement en exploitation  représentent 60% de ce qu’ils étaient en 2010. Si la TRANSTU doit respecter les critères de sécurité combien de bus pourraient rester en  circulation ? Le taux d’exploitation est de  55% alors qu’il on devait être à 35%. Vous voyez pourquoi au  départ des lignes, les bus bondés,  roulent les portes ouvertes. Cela, sans compter les  risques qu’encourent les usagers,  exposés à  des chutes, des blessures et parfois  même des cas de décès.  Aux heures de pointe, tous les quartiers ne peuvent pas être desservis. Voilà la situation dans laquelle se débat le secteur du transport en commun.

L’acquisition de bus usagés a  suscité  le sarcasme des Tunisiens, est-ce la bonne solution ?  

A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. On a accumulé un déficit considérable dans le parc, les gens n’en peuvent plus,   il faut, tout de suite, donner une bouffée d’oxygène aux usagers. Cela veut dire,  apporter une solution aux moyens de transport, en achetant des bus en l’occurrence.  La solution classique est l’acquisition de bus neufs,  les constructeurs affirment, qu’au regard de leur capacité de production limitée,  les bus neufs ne seront pas prêts avant un an. Leur niveau de production ne pourra pas augmenter et ils ne pourront pas nous fournir un nombre significatif de bus d’ici la rentrée.

Un appel d’offres durera quatre mois, le constructeur mettra six mois pour entamer un processus qui  durera quatre mois, avec un  rythme de production  de 100 à  150 bus par mois. Pour schématiser,  il nous faudra un an pour que la première livraison soit  faite.  Si on  doit résoudre cette question cruciale par des solutions classiques,  il va falloir attendre  des années avant que les usagers  ne retrouvent un train de vie presque normal. La solution que nous avons préconisée, consiste à acquérir un grand nombre de bus neufs  et,   en parallèle,  des bus usagés mais décents. Cette décision a été guidée par  deux questions liées à savoir les ressources financières qui sont limitées et le caractère immédiat  des besoins du fait que nous avons une  nouvelle rentrée scolaire qui avance à grands pas et à laquelle il faut s’y préparer.   

Importer des bus usagés, y’a-t-il un inconvénient à cela ?   

L’inconvénient est de dire,  qu’on est un pays sous-développé et  qu’on offre à nos  usagers des bus inadaptés.  Il y a ensuite derrière  cela l’idée que cette opération peut porter préjudice à nos entreprises, qui devraient normalement profiter de cet investissement ainsi que leurs salariés. L’expérience a été testée  l’année dernière à Sfax avec l’acquisition de bus d’occasion achetés de la société française RATP. Le constat établi  est clair,  les bus en question sont en bon état,  ils offrent  de bonnes conditions aux usagers et assurent  le service nécessaire à un prix 15 fois moins cher que  les neufs.

L’acquisition de bus résoudra-t-elle le problème du transport en commun ?

Les choix  immédiats consistent à  acquérir des bus,  néanmoins,  le secteur souffre  de  problèmes structurels, hérités depuis    plus d’une vingtaine d’années,  consistant  à ne pas réviser les prix du transport. De  2003 jusqu’à 2015,  il y a eu seulement deux petites augmentations des tarifs du transport de 8,3%. Pendant ce temps,  le prix du carburant a augmenté plusieurs fois, le prix des bus a doublé et les salaires ont été révisés à la hausse à plusieurs reprises. A  cela s’ajoute le nombre de salariés  qui a également augmenté.  Les entreprises publiques avaient  servi de réceptacle aux exigences formulées par les syndicats. De  nombreux  employés ont été intégrés sans aucune efficacité. Voilà le diagnostic. Ces entreprises ont servi également pour résoudre d’autres problèmes que les leurs. Cette politique ne peut conduire qu’à la faillite. Même les entreprises  du secteur privé qui n’avaient  pas connu les mêmes problèmes sont au bord de la faillite.

L’alternative serait-elle l’augmentation des tarifs ?

Oui, mais est-ce envisageable au moment où les conditions de vie des Tunisiens  sont  devenues  difficiles  avec un pouvoir d’achat qui ne cesse de se  détériorer ? Ce qu’il nous faut,  c’est de penser  une nouvelle politique pour l’avenir.  Toutes ces entreprises ont mis en place un plan de restructuration que nous sommes en train d’examiner  actuellement. Je veux m’assurer que ces plans soient crédibles et participatifs. Ces plans de restructuration doivent soumettre  ces entreprises  à des exigences de rentabilité et de compétitivité dans trois ans maximum.

Mais au préalable,  il faut revoir les ressources de ces entreprises tout en sachant  que la vente des tickets ne couvre qu’entre  25 à 30% des dépenses,  la subvention de l’Etat couvre 30% des dépenses. L’Etat exige de ces entreprises des tarifs préférentiels et réduits pour un certain nombre de catégories de personnes, en l’occurrence  les étudiants et les élèves  qui  payent 10% du coût du ticket, certains fonctionnaires et des personnes démunies. Il reste à combler  40% de déficit. La politique que nous allons engager s’appelle la politique du bénéficiaire payeur. Elle  consiste à ce que les entreprises et les activités économiques bénéficiant du service des transports en commun contribuent à ce secteur. L’impact du transport en commun est considérable sur ces entreprises qui tirent leur profit du transport en commun. A titre d’exemple, le transport en commun contribue fortement aux  recettes  de la  grande distribution.

Dans les grandes villes mondiales,  il y a ce qu’on appelle la rente financière. Si une zone éloignée du centre-ville  est irriguée par le transport en commun, les prix des terrains prendront de l’envol grâce à ce transport en commun. Nous pensons qu’il n’y a aucune raison que cette rente financière soit accaparée par les propriétaires  fonciers. Il faut mettre en place des mécanismes qui font en sorte que cette plus-value bénéficie aussi au transport en commun, car il est la raison fondamentale de l’accroissement de leur valeur. Cette politique du bénéficiaire payeur dans les grandes villes mondiales, finance  jusqu’à 50% le transport en commun.

Qu’en est-il du transport maritime ? 

La Tunisie était le centre du transport maritime de la Méditerranée. Nous avons eu nos heures de gloire grâce à une flotte tunisienne florissante. Au début des années 90 on avait 29 navires,  aujourd’hui on est à 8 navires seulement. Nous avons procédé à une politique de libéralisation et on a vendu les navires sans pour autant mener une stratégie pour promouvoir le secteur privé. Aujourd’hui   cette  flotte assure environ  17% de nos échanges alors que la part du pavillon national avoisinait les  50% durant les années  90. Pourtant la Tunisie avait une  grande tradition dans le domaine. Il y a une grande demande mondiale de formation de marins, de commandants de navires et nous avons tous les moyens et les compétences pour réussir ce volet. Les moyens sont là pour développer notre flotte et former des dizaines de nombreux  jeunes dans tous les métiers de la marine. Savez-vous  que 80% des commandants des navires commerciaux sont des Philippins ?

Ne croyez-vous pas que le  grand mal vient  du  port de Radès, où les dysfonctionnements sont graves et l’activité d’acconnage et de manutention reste un monopole ?

Dans le port de Radès,  poumon de l’économie nationale, nous allons engager  un projet d’extension des quais huit et neuf qui  sera  réalisé  au moyen d’un partenariat public-privé (PPP),  dont la STAM sera la partie publique. Il y a l’activité de manutention qui va s’ouvrir à  des opérateurs privés, ce qui permettra  à la STAM de se maintenir et de renforcer sa compétitivité. A travers cette opération nous allons changer  complètement la physionomie de la gestion du port et de mettre fin à la situation de  monopole de certaines activités.

Tunisair,  l’autre fleuron du  secteur du transport, est en déclin depuis des années. Peut-on imputer cette situation, comme certains le prétendent,  à l’absence de cadres capables de prendre des décisions courageuses ? Comment expliquer l’absence de  mesures disciplinaires à l’encontre de l’hôtesse qui a enfreint la charte vestimentaire de la compagnie ? 

Nous avons soulevé un point crucial,  celui de l’autorité. C’est vrai que depuis la Révolution, il n’y a plus assez d’autorité. Nous sommes passés d’un Etat autoritaire à un recul de l’Etat. Dans toutes les périodes de transition, les institutions deviennent une cible facile. Nous observons actuellement un recul de l’Etat dans tous les domaines économiques sociaux et politiques. Une fois cette  phase terminée,  nous entrerons dans la phase de consolidation qui s’inscrit dans  la durée. Pour ce qui concerne le cas de  l’hôtesse de l’air, il existe une charte qu’il faut appliquer. La question qui se pose aujourd’hui se réfère  à l’existence ou non d’une  nécessité de revoir cette charte ? Tunisair examine cette question. La PDG a constitué une commission qui va examiner techniquement la question dans le cadre du respect de l’Etat de droit.

A propos du dossier de l’avion présidentiel, est-ce que la  décision de vente de l’A 330 a été prise ou non ?

Le vente de cet appareil est envisageable, les ressources que pourra générer cette opération soulageront certainement la compagnie en cette période où elle a grand besoin de ces ressources financières. Mais comment le chef de l’Etat pourrait-il faire ses déplacements à l’étranger ? Tous les chefs d’Etat dans le monde disposent d’avions pour assurer leurs déplacements officiels, il y va de  l’image du pays. Un Etat souverain doit donner les moyens à celui qui le représente au plus haut niveau. Cela étant dit,  nous allons revoir la gestion de cet avion. Les heures de vol et le coût de maintenance de cet avion seront facturés à l’usager,  soit les trois présidents : président de la République, le président du Gouvernement et le président de l’ARP.

L’entrée de la Tunisie à l’Open Sky a été à nouveau repoussée,  de manière à permettre à la compagnie nationale  de mieux se préparer à  la concurrence.  ? A quand l’Open Sky ?

Il faut rappeler que notre flotte aérienne  n’a  cessé de se réduire,  on avait 58 avions en 2010,  aujourd’hui, on n’en a que  48 appareils. Tunisair,  notre fleuron dans le secteur du transport aérien  bénéficie de plusieurs atouts, dont celui de la sécurité. Notre compagnie aérienne n’a jamais eu d’accident, ce qui lui confère une image exceptionnelle, qu’elle a acquise grâce à la qualité et à la  compétence de ses ressources humaines. Le temps est venu pour  renforcer l’atout sécurité en mettant en place une politique de sécurité. Il faut,  tout à la fois,  développer notre secteur public et lui redonner de la force pour qu’il devienne compétitif,  une fois le ciel est ouvert. L’Open sky ne doit pas s’opérer de façon  sauvage,  il doit être  l’aboutissement d’un processus bien réfléchi  qui doit conduire à l’amélioration de la situation du  transport public, et de  Tunisair, en particulier.

La restructuration,  de notre compagnie aérienne se fera conformément à  un plan qui réduira ses coûts pour  devenir compétitive et, partant, apte à faire face à la concurrence. C’est ce qu’on va étudier de manière sérieuse au cours des prochaines semaines.

L’opération d’assainissement de Tuniair, annoncée depuis deux ans, est en train de marquer le pas,   va-t-elle réellement démarrer ?

Tunisair, qui emploie aujourd’hui 8400,   travaille avec   un sureffectif considérable. La compagnie s’est engagée dans un plan d’assainissement qui concernerait  1700 personnes. Ce plan est en train d’être étudié sous tous ses aspects et la  PDG aura encore quelques semaines pour définir  les paramètres de cet assainissement.

L’aéroport de Tunis Carthage a mauvaise presse, qu’est ce qui a été fait et qu’est ce qui reste à faire pour changer cette image ?

Tout d’abord,  l’aéroport devrait être agrandi car il travaille  en surcapacité. Aujourd’hui,  il  accueille 5,5 millions de passagers par an,  alors que sa capacité initiale varie entre 4,5 et 5 millions. Nous avons un plan d’extension qui sera mis en œuvre  dans les plus brefs délais. Il faut avouer  que la qualité des prestations assurée est devenue inacceptable à tous points de vue. L’aéroport  de Tunis Carthage est l’un des rares au  monde où  l’interdiction de fumer n’est pas respectée,  les conditions d’hygiène  sont  inacceptables également et où  le temps d’enregistrement, d’embarquement, de débarquement et d’obtention des bagages sont trop longs.

Quand vous sortez de l’aéroport,  vous vous trouverez en  face de chauffeurs de taxis clandestins. Si par chance, vous arrivez à prendre un taxi régulier,  la plupart du temps,  le chauffeur ne mettra pas le compteur en marche. Tout cela donne une  très mauvaise image de  la Tunisie. Toutes actions d’amélioration, dont certaines ont été d’ores et déjà engagées,  passent nécessairement par la prise en considération de tous ces dysfonctionnements.

La question de  l’attente est en voie de résolution  par le passage de 16 guichets  en état de fonctionnement à 23. Les serpentiers  ont été changés par d’autres,  plus flexibles,  qui permettent au passager de quitter la file en cas de problème. Nous avons renforcé le nombre de filtres de bagages de 4 à 6 et   acquis de nouveaux chariots. Quant  à la sécurité des bagages, il n’y a pas de solution radicale et rapide. Il faut savoir  que le vol des bagages se fait le  plus souvent  dans les soutes des avions et les appareils  de Tunisair ne sont pas, malheureusement,  équipés de caméras. Equiper les avions de caméras coûtera  la bagatelle de 5 millions de dinars,  ce sera fait  prochainement.

Pour réussir toutes ces actions, nous avons besoin de la collaboration de toutes les parties prenantes notamment,  le ministère de l’Intérieur et les services de la Douane. Il faut que les flux soient maîtrisés à travers le personnel qu’on reconnaîtra à travers leur  badge et qui aura à  surveiller tous les déplacements à l’intérieur de  l’aéroport. A l’extérieur,  on mettra en place un service de taxi où  toutes les opérations seront contrôlées par le biais de cartes magnétiques à l’entrée et à la sortie de l’aéroport.

Sur presque 11 millions d’habitants, la Tunisie compte 75.000 taxis,  en France sur une population de 60 millions il n’existe que  53.200 taxis. Quelle solution à cette situation? 

La solution consiste à ne plus accorder de nouvelles  autorisations de taxi,  sauf pour les  cas de renouvellement. Nous allons engager, par ailleurs,  une étude pour mettre à plat les problèmes de ce secteur et savoir comment réguler le flux des autorisations. Cela se fera avec toutes les parties prenantes du secteur.

Ce que déplore le Tunisien, c’est  de voir, par exemple, un  ministère  être à la fois juge et partie,  être un   agent de régulation et législateur. La notion de redevabilité  manque encore à notre lexique. Comment changer cela ? 

Absolument,  le ministère des Transports est un fournisseur de services aux particuliers et aux opérateurs économiques. On n’est pas l’objet de contrôle et de redevabilité. Certes,  il faut mettre des mécanismes d’évaluation pour permettre à ce fournisseur d’être comptable de ses actes. On a  déjà engagé des commissions et des comités qui permettent à ces bénéficiaires de faire part de leurs besoins,  montrer les failles et exiger une amélioration. J’ai reçu récemment les Chambres mixtes relevant de l’Union européenne et elles m’ont fait part des difficultés qu’elles rencontrent au niveau du port de Radès. Suite  à quoi, on a décidé de constituer une instance permanente dans laquelle les usagers du port seront représentés dans des réunions périodiques au cours desquelles on examinera les moyens d’améliorer et de maximiser les services du port. Nous voulons que ces instances de contrôle et d’évaluation soient implantées dans tous les domaines du ministère. C’est l’orientation dans laquelle nous sommes engagés et qui nous permettra d’être soumis au regard de ceux pour lesquels nous travaillons.

La transition a été confrontée à un mouvement de  résistance de certains qui refusent le changement. Avez-vous été confronté à ce genre de situation  dans votre ministère ? 

Vous savez, on a vécu ces dernières années un laisser-aller sans une autorité,  ni redevabilité. Avec l’absence de l’Etat,  la tendance est au non effort. Pour infléchir cette tendance, il importe aujourd’hui   que chacun arrive à  donner l’exemple tout en veillant à mettre en place des mécanismes de redevabilité et des mécanismes de sanctions. Des outils  qui  inciteront et encourageront ceux qui travaillent et sanctionneront les autres. Il faut aussi renouveler les personnes  aux postes de commande afin d’impliquer davantage les  compétences au service du pays.

Au terme des 100 premiers jours, comment évaluez-vous votre rendement ainsi que celui de votre ministère ? 

Ce fut, au départ, un exercice  extrêmement difficile. Aujourd’hui, je vois les cadres de mon ministère reprendre espoir,  faisant preuve de plus de dynamisme et reprennent  goût au  travail. Après quatre années de sentiment d’insécurité,  d’impuissance et d’insoumission,  je sens qu’on est en train de fonder ensemble un avenir et une nouvelle image du pays. Il y a eu un changement dans un laps de temps très court,  nous avons été tous soumis à l’obligation de présenter cinq projets prioritaires réalisables dans les 100 premiers jours. Nous avons remué l’Administration et nous l’avons  sortie de la morosité dont elle souffrait. Des améliorations concrètes sont perceptibles, mais  on n’a pas tout  résolu. Je peux dire que depuis  la situation a significativement changé.

L’un des cinq points prioritaires concerne les grands projets. Quels sont les projets réalisables ?

J’ai visité  les lignes par lesquelles devrait passer le RFR pour me rendre compte  concrètement des sources de blocage. On présentera incessamment  au gouvernement des projets et des textes de lois pour la réalisation du Réseau ferroviaire rapide (RFR). Il en sera de même pour le port en eau profonde d’Enfidha, bloqué depuis 2006, qui sera également réalisé.  Le Maroc,  qui était derrière nous dans ce domaine, a déjà son port à  Tanger avec des dizaines de milliers d’emplois. On présentera sous peu  un projet au gouvernement pour enclencher le  démarrage de réalisation de ce port  par le lancement des appels d’offres. Enfin, On créera l’institution qui se chargera du projet du métro de Sfax.

Certains ministres craignent que l’ARP ne soit pas en mesure de suivre le rythme accéléré du gouvernement, notamment dans l’adoption des projets de  lois ? 

L’ARP est une nouvelle  institution,  il lui faudra du temps pour s’installer,  mais je suis persuadé que le rythme de son travail va en s’accélérant. Les projets qui lui sont soumis sont en train d’être adoptés avec plus de rapidité et le trend va crescendo. Moi,  j’ai confiance.

Un gouvernement de coalition ne serait pas en mesure de mettre en place des réformes structurelles, au regard des divergences  sur certaines stratégies.  Qu’en pensez-vous ?

Jusqu’ici, je n’ai pas constaté de blocage. Nous avons passé des projets difficiles sans grandes difficultés, à l’instar   du  projet de loi sur le Conseil supérieur de la magistrature. Dans les réformes présentées, le jeu partisan n’a pas beaucoup prévalu et  les divergences constatées ne sont pas d’ordre  politique. Une telle éventualité n’est pas à exclure totalement,  des divergences peuvent apparaître par exemple sur les grandes orientations pour les cinq prochaines années.

Que répondrez-vous à ceux qui disent que ce gouvernement ne durera pas plus de six mois ?

Je ne suis pas devin. Pour l’instant je ne vois pas pourquoi cela peut arriver. Mais je ne lis pas dans l’avenir.

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