C'est la fin d'une ère pour le marché obligataire. Celle de l'argent facile et pas cher. La Banque centrale européenne a confirmé, ce jeudi à l'issue d'un Conseil des gouverneurs exceptionnellement délocalisé à Amsterdam, la fin de son programme d'achats d'actifs (APP). Celui-ci se terminera le 1er juillet prochain.
Ce n'est pas une surprise. Cette décision avait été évoquée dès février et a pris de plus en plus de légitimité au fur et à mesure que l'inflation en zone euro enchaînait les records, atteignant même 8,1 % en mai. Mis en place en 2015 pour lutter contre le spectre de la déflation, l'APP n'a en effet plus sa place en période de forte hausse des prix.
Cette décision est néanmoins primordiale. En premier lieu parce que, même si le montant mensuelle de ses achats a baissé depuis le début de l'année, l'APP continuait à déverser des milliards d'euros de liquidité sur le marché obligataire. Celui-ci va désormais devoir apprendre à vivre sans ce soutien, qui a permis de maintenir des conditions de financement très avantageuses pour les Etats de la zone euro pendant sept ans.
Première hausse de taux en juillet
L'extinction des achats ouvre aussi la porte, selon la chronologie que s'est fixée la BCE, à une prochaine hausse des taux directeurs. Ce jeudi, l'institution de Francfort les a en effet laissés inchangés, à -0,5 % pour le taux de dépôt, 0 % pour le taux de refinancement et 0,25 % pour la facilité de prêt marginal.
Mais l'institution de Francfort a confirmé qu'un premier relèvement de 25 points de base aurait lieu dès le mois de juillet. Un engagement peu courant dans le monde des banques centrales, où l'on préfère l'ambiguïté constructive.
Philip Lane, l'économiste en chef de la BCE, a déclaré que l'ampleur de référence des futurs relèvements de taux était de 25 points de base. Il faudrait donc que l'inflation soit particulièrement violente en juin pour doubler la mise.
Clarifications attendues
Du côté des marchés, on conserve l'option d'une hausse de 50 points de base en septembre. Ce que n'écarte pas la BCE. «Si les perspectives d'inflation à moyen terme persistent ou se détériorent, une augmentation plus importante sera nécessaire lors de la réunion de septembre», précise le communiqué. Mais comment sera évalué ce critère ? La présidente de la banque centrale, Christine Lagarde, sera questionnée sur ce thème lors de la conférence de presse qui débutera à 14 h 30.
Des clarifications sont aussi attendues sur les moyens que la BCE entend mettre en œuvre pour éviter que le durcissement de sa politique monétaire ne ressuscite le risque d'une fragmentation de la zone euro . Autrement dit, un accroissement des écarts des coûts d'emprunts entre les différents pays qui pourrait déboucher sur une nouvelle crise de l'euro. Là encore, la conférence de presse devrait permettre d'en savoir un peu plus.
D'ores et déjà, la réaction des marchés à été forte. Le taux français à 10 ans a bond de 10 points de base frôlant les 2%, pour la première fois depuis avril 2014.
(Source : Les Echos)