Marcel Khalifa, le maître est de retour

Cela faisait quinze longues années qu’il ne s’est pas produit sur la scène de l’amphithéâtre romain de Carthage. Marcel Khalifa qui a effectué son grand retour à Carthage a présenté un concert, haut en couleur.

Marcel Khalifa, Omaima Al Khalil, Abir Naâma ainsi qu’une chorale et l’orchestre symphonique de Tunis dirigée par Hafedh Makni se sont produits sur la scène du théâtre mythique de Carthage dans le cadre de la 50e édition du festival international de Carthage.

Genèse d’un moment de poésie

Le luth a toujours été sa passion, conjugué à la chanson, Marcel Khalifa en a fait un métier, une profession mais aussi un cheval de bataille pour la Cause des opprimés, des enfants, de la liberté et de la démocratie. Il reste fidèle à ses principes qu’il défend avec acharnement. Il l’a avoué, au cours de sa conférence de presse tenue le mardi 29 juillet.

Marcel Khalifa qui a foulé le sol tunisien dès le début des années 70, continue de garder aussi dans ses bagages, les concepts et le patrimoine chansonnier d’antan. Bien qu’il ait privilégié la créativité, la recherche musicale pour rallier à ses œuvres la masse des fans arabes, notamment ceux de la nouvelle génération, il ne sort pas de sa méthodologie artistique. Fidèle au style lyrique des années 70, fanatique compositeur des poèmes de Mahmoud Darwich, l’artiste libanais a toujours voulu se caser éternellement dans cette continuité en l’(e) (ré)adaptant au goût de la nouvelle génération grâce à une créativité permanente. « Il n’est pas de la sagesse de l’artiste de se départir de la créativité ou de reléguer ses rêves aux oubliettes […] » martèle-t-il. De fait, poursuit-il, l’artiste arabe doit avoir un langage universel et doit aussi être attaché aux principes universels qui régissent la politique, le culturel et le social. Toujours fidèle à son engagement, le chanteur libanais appelle à une réflexion approfondie sur la justice, la démocratie et la situation actuelle du monde arabe. Il invite, sur un autre plan, à un dialogue sérieux autour des situations alarmantes dans certains pays arabes comme le Liban, la Palestine, l’Irak, entre autres.

« Le théâtre de Carthage a été toujours fidèle à cette logique d’espace culturel où l’art et la culture avaient leur place marquée d’une pierre blanche. Si cet espace avait perdu à un moment donné de son aura, il commence à reconquérir sa notoriété d’antan. Raison pour laquelle je suis là aujourd’hui », témoigne l’artiste. Ce « puritanisme » artistique, couplé plus de l’engagement et la créativité tant avoués par Marcel Khalifa, ne sont plus seuls supports artistiques.

Le oûd, les chants lyriques et engagés ne se tailleront plus la part du lion dans ses concerts, ce qui fut d’ailleurs le cas lors de son récital sur la scène de Cathage. « Tous les instruments musicaux arabes, les chants et poésies populaires arabes connus ou ignorés du public devraient désormais occuper une place de choix dans toutes mes sorties », confie-t-il. Durant son spectacle, nous avons ainsi eu droit à trente minutes de poésie populaire. Certains des poèmes composés au début des années 70 et d’autres chansons traditionnelles libanaises furent également présentés. L’ambition du vétéran de la chanson arabe est de forger une place respectable pour la chanson arabe traditionnelle dans les différents espaces arabes actuels. 

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« D’ailleurs, au début des années 70, quand j’ai présenté un récital où figuraient nombreux chants traditionnels à Carthage et dans les différentes régions de la Tunisie, j’ai été agréablement surpris de voir que le public mémorisait par cœur les chansons », se remémore Marcel Khalifa.  À travers la réhabilitation de ce patrimoine, l’artiste libanais a avoué que son souci est de chercher un certain équilibre, entre le passé et le présent. Raison pour laquelle, et ouverture sur les autres cultures oblige, il va introduire dans la présentation de ses répertoires d’autres instruments comme la trompette, le piano et privilégier un récital concocté par un groupe de musiciens où chacun a son mot à dire. Dans son nouveau répertoire, il nous proposa deux des dernières œuvres critiques de Mahmoud Darwich.

À certaines des questions portant sur une éventualité de composer les poésies des poètes tunisiens, Marcel répond qu’il a du respect pour les grands paroliers, poètes et chanteurs tunisiens. « S’il existe un projet copieux il pourra m’intéresser. D’ailleurs, j’ai toujours appelé les artistes arabes à coopérer entre eux et à produire des œuvres artistiques complètes qui prennent en charge toutes les dimensions culturelles et artistiques de la culture arabe”, recommande Marcel Khalifa avec ferveur. Une ferveur intacte de l’éternel militant sur qui les années passent sans laisser de traces, à part celle de bonifier son art.

F. B.

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