La chute des prix du pétrole brut Brent sous la barre des 70 dollars le baril a déclenché une vague d’optimisme sur les marchés, profitant à plusieurs secteurs clés tels que les sociétés de commercialisation de pétrole, les fabricants de peinture, les producteurs de pneus et les compagnies aériennes. Le recul des prix, intervenu après une série d’événements économiques et géopolitiques, a amélioré les perspectives de ces industries fortement dépendantes des produits pétroliers.
Un double coup dur pour les prix du pétrole
En début de séance ce jeudi, les prix du pétrole ont poursuivi leur déclin, reflétant l’incertitude grandissante sur les marchés mondiaux de l’énergie. Le Brent, référence mondiale du pétrole brut, a chuté de 2,13 % pour s’établir à 69,53 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI), référence américaine, a perdu 2,64 %, tombant à 66,46 dollars. Cette baisse marque la troisième journée consécutive de recul pour le WTI. Plus tard dans la journée, le Brent a encore fléchi, atteignant 68,4 dollars le baril, un niveau qui inquiète les pays producteurs, dont le Nigeria.
Le déclin des cours pétrolifères s’explique par deux facteurs majeurs. D’une part, les États-Unis ont imposé des tarifs douaniers sur les importations canadiennes et mexicaines, y compris celles liées à l’énergie. D’autre part, l’OPEP+, le groupe des principaux pays producteurs de pétrole incluant la Russie, a annoncé une augmentation de sa production de 138 mille barils par jour, une première depuis 2022. Ces décisions ont fait plonger le Brent sous les 70 dollars, offrant ainsi un répit bienvenu aux industries consommatrices de produits pétroliers.
Le Nigeria sous pression budgétaire
Le Nigeria, premier producteur de brut d’Afrique, avait structuré son plan budgétaire pour 2025 autour d’un prix du baril estimé à 75 dollars, avec un objectif de production de 2,06 millions de barils par jour (mbpj). Cependant, la réalité est bien différente : la production actuelle stagne autour de 1,8 mbpj, et les prix du Brent sont désormais inférieurs à 70 dollars. Cette situation expose le pays à des déficits budgétaires croissants. Si les prix du pétrole restent bas, le gouvernement nigérian pourrait être contraint d’emprunter davantage, aggravant ainsi l’instabilité économique.
Au-delà des préoccupations budgétaires, la baisse des revenus issus de la vente d’or noir menace d’affaiblir le compte excédentaire de pétrole brut du Nigeria (ECA), un mécanisme de stabilisation économique, et pourrait contribuer à des fluctuations sur le marché des changes.
Les responsables africains de l’énergie pointent du doigt les politiques mondiales qui découragent les investissements dans les combustibles fossiles, notamment les réglementations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Ces politiques, bien qu’essentielles pour la transition énergétique, ont un impact disproportionné sur l’Afrique, où de nombreux pays dépendent encore largement des hydrocarbures pour leurs revenus et leur développement économique.
La pression pour abandonner progressivement les énergies fossiles a conduit à une réduction drastique du soutien financier des institutions européennes. Au moins 11 grandes banques ont cessé de financer les projets liés aux combustibles fossiles, privant ainsi les pays africains de ressources cruciales pour développer leurs infrastructures énergétiques.
Face à ces défis, l’Afrique avait proposé une solution : la Banque africaine de l’énergie (AEB), dont le lancement était prévu en janvier. Tooujours est-il que cette institution reste inactive, laissant de nombreux projets énergétiques dans l’incertitude. Cette situation complique les efforts des pays africains pour attirer des financements, maintenir leurs niveaux de production actuels et étendre leurs infrastructures gazières.