Marchés africains : Opportunités… et obstacles

Pourquoi y a-t-il tant d’intérêt pour l’Afrique de la part de plusieurs grandes puissances dont notamment les pays de l’Union européenne, la Chine, le Japon et la Turquie ? Parce que l’Afrique est un continent relativement jeune sur tous les plans, en pleine construction, en phase de croissance rapide et stable, riche en matières premières, avec de fortes potentialités, où tout est à faire dans tous les domaines.
L’expansion urbaine et la pression démographique sont fortes et la classe moyenne, moteur du développement dans les pays africains, a de multiples besoins et attentes à satisfaire.
Les principaux bailleurs de fonds internationaux tels la Banque mondiale, la BAD, la BEI sont tout à fait disposés à accorder des crédits pour financer les infrastructures de base et les grands projets dans différents secteurs et dans de nombreux pays africains.
Les opportunités ne manquent pas en Afrique subsaharienne pour que les entreprises tunisiennes exportent ou encore investissent et s’implantent pour produire sur place en partenariat avec des acteurs économiques locaux. Le secteur du bâtiment et travaux publics foisonne de projets, l’enseignement supérieur et le secteur privé  de la santé, les industries agroalimentaires, le textile-habillement et les télécoms également.
Certains pays comme le Maroc ont mis au point de véritables stratégies d’implantation depuis au moins vingt ans, c’est ainsi que des banques marocaines comme Attijari Wafabank ont ouvert des agences ou racheté des banques locales pour favoriser l’implantation à demeure des entreprises marocaines.
Royal Air Maroc a créé un réseau dense de lignes régulières en Afrique subsaharienne pour faciliter les déplacements des chefs d’entreprises depuis plus dix ans.
Notre pays a pris du retard à cause de l’instabilité socio-politique depuis 2011 et notre stratégie Afrique est encore balbutiante, elle doit gagner en vigueur et en engagement pour être efficace.
Parmi nos atouts figurent les actions de la Conect qui a organisé plusieurs missions en Afrique et du TABC, Tunisia-africain Business Council, animé par Bassem Loukil fait preuve d’un dynamisme certain pour établir des relations entre opérateurs tunisiens et africains tout en impliquant les responsables politiques tunisiens et africains grâce à des missions de prospection et des forums de rencontres.
Le Cepex et la Cotunace doivent conjuguer et focaliser leurs efforts de façon convergente avec les autres partenaires sur les pays cibles choisis en fonction des atouts compétitifs de nos entreprises.
En effet, les obstacles à aplanir sont multiples. Nous avons peu de représentations diplomatiques et de bureaux commerciaux implantés dans ces pays, alors qu’il s’agit de points de soutien et d’appui indispensables pour orienter les hommes d’affaires dans leurs efforts de prospection.
Ajoutez à cela l’obstacle des visas à obtenir pour voyager dans ces pays. Il est essentiel que la diplomatie économique se mette rapidement en action pour favoriser grâce à des accords à négocier et à signer avec plusieurs pays africains tels le Cameroun et le Bénin.
Il n’y a pas encore de banques tunisiennes installées sur place dans les capitales africaines pour soutenir les entreprises tunisiennes et financer leurs investissements, ce qui est une lacune grave de conséquences et qui devrait être comblée en priorité. Une grande banque tunisienne doit être créée spécialement pour ouvrir des agences dans trois ou quatre pays africains, car la TF Bank manque de moyens et connaît des difficultés en France.
Autrement, des partenariats doivent être noués avec des banques françaises bien présentes sur place. Par ailleurs, le code des changes actuellement vigueur et sur le respect duquel veille jalousement la BCT est un obstacle majeur aux incursions de nos entreprises à l’étranger.
Car les formalités à remplir sont lentes et fastidieuses, elles datent de 40 à 50 ans, il faudrait les dépoussiérer. Or la réforme de ce code n’est pas envisagée pour demain.
Tunisair a certes ouvert plusieurs liaisons aériennes régulières sur l’Afrique subsaharienne, mais sa flotte est insuffisante pour faire face aux besoins et attentes des opérateurs économiques.
La fréquence et le nombre de villes desservies doivent être renforcés grâce à l’extension et à la rénovation de la flotte prévues dans le cadre du plan de relance et de restructuration de la compagnie nationale.
Il y a également le manque de lignes de transport maritime reliant la Tunisie aux ports de l’Afrique occidentale, ce qui rend les livraisons et exportations de produits tunisiens vers les marchés africains coûteuses et lentes.
En effet, un container embarqué à Tunis peut mettre deux semaines pour arriver en Côte d’Ivoire comme il peut trainer d’un port à l’autre avant de parvenir au bout de six semaines à destination. On cite le cas d’un container embarqué à Tunis en direction d’Abidjan, retrouvé à Shanghai après plusieurs mois.
Or le délai de livraison est une clause essentielle dans les contrats de vente à l’export. Ne parlons pas des risques encourus lorsqu’il s’agit de produits périssables. Certes la COTUNAV vient d’instaurer une ligne régulière mensuelle pour relier Tunis à Abidjan via Dakar à partir du mois d’octobre, mais cela est nettement insuffisant pour desservir d’autres pays comme le Cameroun et le Bénin.    

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