Bien qu’il ait été signé par une trentaine de pays africains dont le Maroc et l’Egypte, l’accord relatif à l’Open Sky tarde encore à voir le jour en Tunisie. Il a été remis entre les mains du gouvernement tunisien depuis des années mais sans aboutir. Les tours opérateurs européens ainsi que tunisiens espèrent passer à la vitesse supérieure, pour eux c’est une opportunité à ne pas manquer notamment dans cette conjoncture économique internationale marquée par une incertitude préoccupante.
Pourquoi cet accord tarde à voir le jour alors que le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Moez Ben Hassine a bien dit clairement qu’il « n’existe aucun obstacle qui pourrait entraver la signature de l’accord relatif à l’ouverture de l’espace aérien avec l’Union européenne ». S’il s’agit vraiment d’une opportunité pour la Tunisie pourquoi ne pas en profiter ? Dans une déclaration à Réalités en marge de la conférence nationale sur le tourisme saharien et oasien organisée par le ministère du Tourisme tunisien, l'ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie, Marcus Cornaro a de nouveau invité le gouvernement tunisien à signer cet accord qui aura un impact positif immédiat sur le secteur touristique et plus particulièrement les aéroports régionaux. « C’est au gouvernement tunisien de choisir le bon moment pour signer cet accord qui va servir les compagnies aériennes internationales et apporter plus de touristes à la région », a martelé l’Ambassadeur de l’UE en Tunisie, avant d’exprimer sa déception de ne pas signer cet accord : « C’est dommage ! L’Open Sky est une des solutions les plus rentables qui aura un impact économique majeur ! C’est une opportunité économique énorme pour la Tunisie. Ça devrait encourager les opérateurs tunisiens et européens à investir dans le sud tunisien. L’ouverture du ciel tunisien garantira une meilleure exploitation de cette zone touristique. Le potentiel est là et la vision est aussi là et nous les Européens nous sommes aux cotés de la Tunisie », a-t-il encore dit.
La GIZ, l’USAID et l’UE sont prêts à nous financer
Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat a dénoncé le manque de coordination entre les différents intervenants du secteur et l’ensemble des programmes mises en place par les différentes structures du secteur touristique, appelant ainsi à profiter de cette conférence nationale pour élaborer une feuille de route qui engage tout le monde.
Il a par ailleurs indiqué que son ministère a mis en place un ensemble de mesures à exécuter dans les meilleurs délais. Cela concerne, selon lui, des projets liés au tourisme saharien et oasien.
Il a pointé de doigt le manque de coordination entre les différents programmes mises en place par les différents acteurs du secteur touristique, appelant à profiter de cette rencontre et à identifier les projets urgents à mettre en place, citant comme exemple la liaison aérienne entre l’aéroport de Tozeur-Nefta et les lignes internationales et le renforcement de la connexion des aéroports de Gafsa et Gabès avec les lignes intérieures. « Nous ne pouvons pas faire la promotion d’aucune destination s’il n’y a pas d’accessibilité en matière de transports aériens », a-t-il dit.
Selon ses déclarations, plusieurs établissements touristiques du Sud se sont trouvés devant des difficultés financières énormes les ont poussés à mettre la clé sous la porte, faisant remarquer à ce propos que le grand nombre de fermeture a eu lieu surtout dans les régions de Tozeur, Kébili et Douz, des zones déconseillées par plusieurs ambassades étrangères, selon ce qu’il a dit.
Il a toutefois indiqué que les choses ont évolué aujourd’hui et que la situation sécuritaire et sanitaire est amélioration par rapport aux années dernières : « Il faut que ces sociétés reprennent leurs activités. Nous devons les appuyer avec le financement nécessaire et encourager l’investissement dans le tourisme alternatif : « Il faut rompre avec l’ancien modèle qui donne la priorité aux établissements hôteliers », a-t-il précisé.
Moez Ben Hassine a appelé à mettre en place un plan de développement et de financement permettant la commercialisation du Sud tunisien notamment avec le démarrage de la saison du tourisme saharien et oasien. Il faut aussi, selon lui, communiquer convenablement sur les festivals sahariens et faire preuve de bonne gouvernance et de gestion afin que les professionnels du secteur puissent faire la commercialisation de la destination et de leurs offres en temps opportun.
Outre la commercialisation, le ministre du Tourisme a recommandé la mise en place des structures de gestion et de gouvernance dans le sud notamment à Tozeur, Kébili et Tataouine : « C’est plus rentable que l’administration et permettra d’accélérer la mise en place des projets. La GIZ, l'Agence des Etats Unis pour le Développement International (USAID) et l’Union européenne (UE) sont prêts à financer les projets relatifs au tourisme saharien et oasien », a-t-il soutenu.
La numérisation du secteur s’impose
Le ministre de l’Economie et de la planification, Samir Saied a appelé le gouvernement à sauver la saison touristique à travers la mise en place d’un ensemble de mesures exceptionnelles à caractère financier, fiscal et social notamment dans le Sud tunisien à Tozeur, Kébili, Gafsa et Tataouine : « Il est urgent de mettre en place une feuille de route pour la promotion du tourisme saharien et oasien et accorder un grand intérêt aux différents acteurs du secteur public et privé ainsi qu’aux organisations nationales tout en misant sur l’innovation, la diversification de l’offre touristique et le partenariat public privé (PPP) ».
Il a par ailleurs indiqué que malgré les efforts, le tourisme saharien est resté limité au tourisme côtier et la moyenne des nuits passées au Sahara ne dépasse pas 1,2 nuit avec un taux d’activité inférieur à 30%.
Il a assuré que son ministère accorde, dans tous ses plans de développement notamment celui de 2023 à 2025, un grand intérêt au secteur touristique et aux industries artisanales afin qu’elles puissent répondre à la transition numérique et aux mutations environnementales, ce qui exige la numérisation du secteur et des sociétés touristiques, selon ses dires.
Le ministre a par la même occasion souligné l’importance de la coopération internationale dans la valorisation du produit saharien et oasien et la promotion de la destination Tunisie, rappelant du projet « Visit Tunisia », un projet financé par l'Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID) moyennant une enveloppe globale de 50 millions de dollars, sur une période de 5 ans, pour relancer le secteur touristique dans le Sud tunisien, particulièrement à Douz et à Tataouine.
Samir Saied a également cité le projet « la Tunisie notre destination », pour promouvoir le tourisme et valoriser le patrimoine culturel et des métiers de l’artisanat et du design et ce avec un financement commun entre l’Union Européenne et du programme de la Coopération Technique Allemande (GIZ) et l'organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI).
Khadija Taboubi