Mariage d’une enfant à son violeur: honte à nous!!

L’affaire de la petite fille de 13 ans, violée, mise enceinte et mariée par décision de justice à son violeur, ne finira pas de faire couler, à flot, de l’encre.
Cette affaire ne finira pas non plus de nous pousser à nous remettre en question et nous interroger si réellement, notre pays est à l’avant garde en matière de protection de la femme, en général, et de l’enfance, en particulier. Le CSP a-t-il encore une raison d’être aujourd’hui ? Et ce code de protection de l’enfance ?
Tout tourne autour de cette affaire. La toile s’est enflammée et la société civile s’est mobilisée.
Dans un post publié sur sa page Facebook, Raouf El May, député à l’Assemblée des Représentants du Peuple, a réagi – et il n’est pas le seul –  à l’affaire du mariage de la jeune fille de 13 ans avec son violeur de 20 ans.
Le député a exprimé son profond étonnement de voir  la justice tunisienne autoriser le mariage du violeur avec la jeune fille pour être épargné d’une peine de prison. La justice a pris parti pour le violeur. La victime doit encore le subir. C’est la loi qui le veut.
« J’ai honte! Je suis « Législateur » dans un Pays où on fait marier une Fille de 13 ans avec son violeur, ce qui constitue pour moi un Second Viol de son intégrité physique et morale !!! »
Raouf El May, a par ailleurs demandé pardon à toutes les femmes libres de Tunisie, y compris à sa fille, à sa femme et à sa mère, et ce pour ne pas avoir fourni les efforts nécessaires, en tant que législateur,  pour annuler l’article 227 bis, qui stipule que le mariage du coupable avec la victime arrête les poursuites ou les effets de la condamnation.

Voici le texte intégral du post:
« J’ai honte !!!!!!!
Je suis « Législateur » dans un Pays ou on fait marier une Fille de 13 ans avec son violeur, ce qui constitue pour moi un Second Viol de son intégrité physique et morale !!!
Quand il s’agit d’une enfant de 13 ans, on ne peut parler d’un rapport sexuel avec consentement. Il s’agit bel et bien d ‘un viol….
Je demande pardon à ma fille, à ma femme, à ma mère et je demande pardon à toutes les femmes et les filles de mon pays, je demande pardon aux femmes libres de la Tunisie et aux filles de Bourguiba. 
Je ne pourrais plus vous regarder droit dans les yeux… Tant que nous n’aurons pas abroge cet article 227 bis et tant que ce projet de loi contre les violences faites aux femmes, élaboré en 2014, continue de moisir dans les tiroirs de notre parlement. 
Je m’y engage devant Dieu et devant vous !!!! »

Le viol est un crime, ne te tais pas

Un appel à une grande manifestation, a été lancé à travers les réseaux sociaux.
Un grand nombre de militants de la société civile ont lancé l’initiative. « Le viol est un crime, ne te tais pas« , est le slogan officiel de cette manifestation qui aura lieu cet après midi devant le siège de l’Assemblée des Représentants du Peuple au Bardo. Les participants à ce mouvement de protestation appellent à la révision de l’article 227.
« Face à la répétition des crimes qui se font au nom de la loi… au nom de la tradition et de la société… Et face à la répétition des cas de mariage de filles violées avec leurs violeurs… malgré les dénonciations… Nous appelons à l’organisation d’une manifestation devant le siège de l’Assemblée des Représentants du Peuple pour revendiquer le retrait de la loi qui permet au violeur d’échapper à la loi grâce à un simple mariage avec sa victime. Le viol est un crime dont la sanction devrait être la prison et non un mariage. Ne te tais pas. Ne laisse pas faire et ne perd pas ton droit. L’invitation est ouverte à tous ceux qui considèrent cette loi comme un crime contre la victime, autant dangereuse que le  viol  lui-même. L’appel est ouvert à tous les militant de la société civile, à tous les citoyens, et étudiants. Contribuez massivement à l’arrêt de ce scandale, même par le refus. » lit-on dans la page officielle de cette initiative.

 Extrait du code pénal tunisien :
Article 227 bis – (Ajouté par la loi n°58-15 du 4 mars 1958, la loi n°69-21 du 27 mars 1969 et la loi n°89 -23 du 27 février 1989).
« Est puni d’emprisonnement pendant six ans, celui qui fait subir sans violences, l’acte sexuel à un enfant de sexe féminin âgé de moins de quinze ans accomplis.
La peine est de cinq ans d’emprisonnement si l’âge de la victime est supérieur à quinze ans et inférieur à vingt ans accomplis.
La tentative est punissable.
Le mariage du coupable avec la victime dans les deux cas prévus par le présent article arrête les poursuites ou les effets de la condamnation.
La poursuite ou les effets de la condamnation seront repris si, avant l’expiration de deux ans à dater de la consommation du mariage, ce dernier prend fin par le divorce prononcé à la demande du mari, conformément à l’article 31, 3 du Code du Statut Personnel« .

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