La «vague» Persépolis touche Tanger

Cinq ans après sa sortie, Persépolis continue de faire couler beaucoup d’encre, notamment dans les pays arabes.

Faut-il le rappeler ? Pour avoir diffusé le long métrage, la chaine Nessma a été condamnée au paiement d’une amende au terme d’une procédure laborieuse et d’une vague de violence sans précédent.

Le Maroc regardait la polémique de loin… jusqu’au festival organisé le 2 juin par la Cinémathèque de Tanger à l’occasion des 25 ans de la Fondation Groupama Gan pour le cinéma. La programmation prévoyait 28 films du monde entier…parmi lesquels Persépolis signé Marjane Satrapi.

Trois dates (7,8,9 juillet) lui étaient réservées. Néanmoins, à leur arrivée, les spectateurs s’aperçurent que le film avait été remplacé à la dernière minute par les films «Séminaire du manifeste des voleurs» et «Une vie de chat».

Dans la foulée, Persépolis disparaît du site internet de la Cinémathèque. Les deux autres projections prévues les 11 et 15 juillet derniers sont déprogrammées sans explication.

La déprogrammation est d’autant plus inexpliquée qu’«en avril, au moment de boucler la liste des films, «Persépolis» fait l’unanimité : il est jeune public emblématique de l’année 2007 et a déjà été programmé au Festival de Marrakech sans encombre quatre ans plus tôt», raconte Gilles Duval de la Fondation Gan Groupama au site français rue89.

La Cinémathèque envisage même d’inviter Marjane Satrapi. Envoyée début juin par la valise diplomatique, la copie du film est soumise au Centre cinématographique marocain (CCM)…qui délivre le visa culturel d’exploitation courant juin. Le film se paie même le luxe d’être l’une des têtes d’affiche du festival.

Faut-il s’alarmer ?

Etait-ce une mesure de précaution ? Difficile de répondre à cette question. A ce jour, la direction ne s’est toujours pas exprimée à ce jour.

Pourtant, l’association, dirigée par Yto Barrada, une photographe franco-marocaine, se distinguait depuis sa création en 2007 par son indépendance. Il n’en fallait pas davantage pour que l’épisode suscite l’indignation chez certains réalisateurs marocains.

«Face à ce genre de choses, on ne peut que s’indigner et refuser une main mise sur la culture», a déclaré au site Yabiladi, le réalisateur Mohamed Achaour.

Ce dernier est d’autant plus concerné qu’en novembre dernier son film intitulé «Un Film», avait été en partie censuré en raison de «la présence de certaines scènes à caractère sexuel».

 Sa crainte est de voir les artistes marocains s’autocensurer dans leur œuvre afin d’éviter la colère des islamistes.

 Le conservatisme a toujours existé au Maroc, qui évolue aujourd’hui avec une nouvelle donne : l’arrivée au gouvernement d’Abdelilah Benkirane, et du parti islamiste Justice et développement (PJD).

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