Troisième rang dans l’ordre de succession au trône, le Prince Moulay Hicham est, une nouvelle fois, au cœur de l’actualité. Le cousin du roi Mohamed VI, a récemment livré son analyse du «Printemps arabe» sur le site du New York Times.
Il avait habitué les Marocains à livrer des analyses pointilleuses, souvent critiques, sur le régime. Cette fois-ci, dans sa chronique publiée au New York Times, intitulée «Morocco is on the Path to change» (le Maroc est sur la voie du changement), Moulay Hicham aura pris de nombreux analystes à contrepied. Le site Yabiladi, qui note un «changement de ton», s’interroge: «Le Prince rouge a-t-il décidé de mettre de l’eau dans son vin?»
Un ton posé
Pourquoi les monarchies arabes ont-elles survécu au «printemps arabe» ? A cette question, Moulay Hicham donne deux réponses. D’abord, selon lui, la première raison est «étroitement liée à l’identité nationale». Les monarchies «sont le symbole des luttes anticoloniales que ces pays ont mené par le passé. Les peuples considèrent leurs rois comme des bienfaiteurs dont la mission est d’arbitrer et résoudre les conflits sociaux» explique-t-il avant de classer les monarchies dans deux catégories différentes : celles ayant réussi à surmonter le printemps arabe grâce à leurs revenus pétroliers et celles (comme le Maroc et la Jordanie) qui n’ont pas eu d’autres choix que de libéraliser le système plutôt que de le rendre plus démocratique. «Ces pays sont désormais sur la voie du changement, une route qui promet d’être chaotique mais que le processus est bel et bien enclenché», conclut le Moulay Hicham. Les analystes sont formels. Le ton du prince tranche avec ses précédentes sorties médiatiques. En janvier dernier, il déclarait au journal espagnol El Pais que «le Maroc n’est pas encore touché (par les révoltes arabes) mais il ne faut pas se leurrer sur ce fait: pratiquement tous les systèmes autoritaires vont être atteints par la vague de contestation et le Maroc ne fera probablement pas exception». Cette nuance dans la critique suscite de nombreuses interrogations. Dans sa lettre spécialisée, Maghreb Confidentiel a son hypothèse. Ce faisant, Moulay Hicham «semble vouloir donner quelques gages au Palais (…) se démarquant ainsi de la frange la plus contestataire de l’opposition marocaine».
A.T