Marouane Mabrouk arrêté : la fin du processus de réconciliation ?

L’arrestation de l’homme d’affaires Marouane Mabrouk le 7 novembre courant continue de faire couler de l’encre. A la tête d’un empire commercial et financier, Mabrouk a été mis en garde à vue dans des circonstances controversées suscitant ainsi des interrogations dans le milieu des affaires d’autant plus qu’elle a coïncidé avec celle de l’ancien ministre de Ben Ali et homme d’affaires Abderrahim Zouari. Les deux proches de l’ancien régime ont été en effet arrêtés le 7 novembre, ex jour férié célébrant le début du règne de Ben Ali.
Ces arrestations qui font suite à la chasse à d’éminents hommes d’affaires ont suscité un profond malaise dans les rangs des investisseurs, désormais confrontés à une incertitude préoccupante quant à l’avenir du climat des affaires et la stabilité économique du pays.

Les dessous de l’arrestation de Marouane Mabrouk
S’agissant des dessous de l’arrestation de Marouane Mabrouk, le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, Mohamed Zitouna, a expliqué que cette mesure fait suite à une plainte déposée par le chargé du contentieux de l’État. Selon la même source, Mabrouk est soupçonné de détournement de fonds d’une entreprise à laquelle l’Etat contribue directement ou indirectement à son capital. Cette entreprise ne serait autre que SAÏDA Group, leader de l’agroalimentaire en Tunisie au travers de ses activités Biscuits, Chocolats etc.
Coupant court aux rumeurs évoquant notamment des soupçons de blanchiment d’argent, Maître Lamjed Nagati, avocat de Marouane Mabrouk, a assuré que son client est accusé d’avoir géré des entreprises saisies par l’Etat et non en vertu de la loi de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. Dans ce contexte, l’avocat a rappelé que sept entreprises de Mabrouk avaient échappé en 2012 à la décision du gel de ses avoirs en raison de leur légitimité confirmée par l’expertise menée par l’Etat.
Par ailleurs, Me Nagati a regretté l’arrestation de son client en dépit de son engagement dans le processus de réconciliation fiscale depuis juillet dernier précisant que les procédures allaient bon train. Selon les éléments dont nous disposons, contrairement à ce que laissent croire certaines sources évoquant des montants pharaoniques, la somme réclamée par la commission de réconciliation est aux alentours de 700 millions de dinars. Le règlement de cette somme est censé mettre un terme aux poursuites judiciaires intentées contre l’homme d’affaires. Or, jusque-là, le dossier n’a pas abouti ce qui expliquerait l’arrestation de Marouane Mabrouk.
D’ailleurs, lors de sa dernière visite au siège du Comité national de réconciliation pénale, le président de la République, Kais Saïed avait fait part de sa déception quant à la lenteur des procédures de réconciliation pénale. Il avait appelé à l’accélération du processus de restitution de l’argent du peuple précisant qu’il s’agit soit de payer cash, soit de s’exposer à des poursuites pénales.
En effet, depuis sa mise en place et à la veille de la fin de ses délais d’exercice légaux, ladite commission n’est parvenue à aucun accord de réconciliation. Pourtant, les attentes étaient plus que grandioses: on espérait restituer un montant estimé à 13,5 milliards de dinars de plus de 400 hommes d’affaires pour renflouer les caisses de l’État, en crise financière qui perdure depuis une décennie.
Fondé par feu Ali Mabrouk entre les années 40 et 50, le Groupe Mabrouk qui était centré au départ sur l’agro-alimentaire – son activité historique (Sotubi, Sotuchoc, IAT, regroupés sous Saïda Group), a progressivement intensifié et diversifié ses activités. Outre l’agro-alimentaire et l’activité bancaire et financière, le Groupe est présent notamment dans les domaines de la grande distribution (Monoprix, Géant, Casino) et de l’automobile (avec Le Moteur et notamment la distribution exclusive en Tunisie de Mercedes-Benz, Pick-up Mitsubishi, FIAT).
Dirigé depuis 1999 par Mohamed Ali, Ismaïl et Marouane Mabrouk, ce fleuron familial emploie 20 mille employés et a réalisé un chiffre d’affaires de 3 milliards DT à la fin de l’année 2015.

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