Maryse Wolinski, veuve du célèbre dessinateur d’origine tunisienne Georges Wolinski, assassiné dans l’attentat de Charlie Hebdo, le 07 janvier 2015 était parmi nous la semaine dernière. Elle représente son Mari qui a reçu à titre posthume le prix Hermès de Réalités décerné aux personnalités du méditerrané sud et nord qui ont lutté pour la défense de la liberté d’expression.
Dans une interview accordée à Réalités Online, Maryse Wolinski a parlé de son émotion lors de la cérémonie de remise des Prix. Elle a aussi égrené les souvenir de son mari en Tunisie tout en parlant du couple Wolinski.
Qu’avez-vous ressenti en représentant votre époux lors de la remise du prix Hermès ?
J’étais particulièrement émue. C’était pour moi une très belle idée de remettre ce prix ici en Tunisie, terre natale de mon mari à laquelle il était très attaché. J’étais tellement émue que j’ai complètement oublié de mentionner un évènement important.
En fait le père de mon mari, qui était un Polonais qui avait voyagé à travers le monde avant de s’établir en Tunisie, était le patron d’une usine de fer forgé. Et en 1936, il avait voulu renvoyer l’un de ses ouvriers qui en a tiré dessus et l’a assassiné. Et l’on a l’impression que l’histoire s’est répétée dans la famille Wolonski.
C’était une grande émotion pour moi de recevoir ce prix qui a été décerné à mon mari à titre posthume. D’ailleurs, je vais mettre ce trophée avec les autres trophées au Musée de dessin de presse où il y a le bureau de mon mari avec sa table sa, planche à dessin et sa bibliothèque.
Quels sentiments, Georges Wolinski éprouvait-il à l’égard de la Tunisie ?
Il était toujours mélancolique quand il parlait de la Tunisie. Etait-ce parce qu’il avait dû partir de Tunisie ? Était-ce parce que son père y était mort ou sa mère l’a laissé chez ses grands-parents pour aller en France pendant la guerre ? Je ne sais pas. Il racontait ses souvenirs en Tunisie avec beaucoup de mélancolie. Mais il aimait, tout de même, les raconter. C’est à Tunis, que Georges Wolinski a commencé à aimé les comiques. Il raconte comment pendant la deuxième guerre mondiale quand les américains sont arrivés à Tunis, tous les gosses leur demandaient du chocolat et chewing-gum. Lui il ne demandait que des comiques. Et c’est comme ça qu’il a découvert les dessins et les grands dessinateurs américains. Il racontait également le Safsaf. Sauf que, quand il racontait ça il était toujours mélancolique.
Et si l’on parle du couple Wolinski et de la place de la femme dans les dessins de Georges Wolinski ?
47 ans de vie commune. Comment dire ? C’est comme construire une cathédrale pierre après pierre après pierre. Vous savez, quand j’ai appris l’assassinat de mon mari, j’avais l’impression qu’on m’avait arraché une partie de moi-même. Au bout de tant d’années, l’un est devenu l’autre et l’autre est devenu l’un. Vraiment c’était une partie de moi-même qui partait et en tous cas c’était la vie qui s’arrêtait pour moi le 7 janvier.
Mon Mari était avant tout un éditorialiste politique. Mais il avait également un esprit prémonitoire. Il travaillait beaucoup sur la libération des femmes. Mais avant tout c’était un éditorialiste politique et c’est ça ce que je défends toujours.