Ils avaient entre 14 et 20 ans et ils étaient amassés depuis la fin de la journée devant la porte d’entrée du Centre Culturel de Hammamet ce samedi 30 juillet 2016. Ces milliers de jeunes tunisiennes et tunisiens sont venus voir « Mashrou’ Leila », un spectacle original, inattendu dans un monde arabe aux idées figées et aux goûts classiques, consensuels…
L’ouverture des portes va donner lieu à un rush digne des grands spectacles de Rock que l’on voit à la TV et à ce jeu, ce sont les filles qui ont gagné. Elles ont effectué un sprint digne des championnes de course jusqu’aux gradins, pour occuper les places en bord de scène, pour mieux voir leurs idoles.
Il s’agit d’un groupe de cinq jeunes hommes, quatre musiciens et un chanteur aux cheveux argentés. Créé en 2008 dans le département Architecture & Design de l’université américaine de Beyrouth, le groupe « Mashrou’ Leila » a enregistré l’année suivante son premier disque, qui va le rendre populaire parmi la jeunesse en raison du message de liberté de mœurs qu’il transmettait, mais aussi grâce à sa musique rock, avec des interventions au violon davantage tsiganes qu’orientales.
Mais le vrai spectacle était sur les gradins, avec ces jeunes filles vêtues de shorts très courts, épaules nues, cheveux au vent. Les garçons avaient souvent des tenues décontractées, cheveux hirsutes, portant parfois plusieurs bagues aux doigts. Et tout ce beau monde chantait, dansait, se tenait la main, se donnait des bisous appuyés, une cigarette dans une main, un smartphone dans l’autre…
Une soirée qui ne ressemble à rien d’autre, ni par son public, ni par sa musique et encore moins par le message du groupe libanais, un message de tolérance et de mœurs libérales assez rares sous nos latitudes. On ressort de cette soirée avec le sentiment qu’en Tunisie, il y a deux types de jeunes : ceux qui suivent des normes sociales figées et ceux qui vivent leur vie librement…
Décidément ce pays est en pleine schizophrénie !
Yasser Maârouf