Lorsqu’un sit-in tourne à la tragédie…

 

Dimanche 15 juillet, Ould Mousdafi, travailleur dans une mine de cuivre mauritanienne, décède tragiquement. Son crime ? Avoir participé à un sit-in, sit-in violemment dispersé par les forces de police. Depuis, ses collègues comme sa famille réclament justice.

 

«Une enquête doit être ouverte et les auteurs de la mort de mon unique fils doivent être jugés et sanctionnés conformément à la loi» a déclaré Fatimetou Mint Sidi Baba au site mauritanien Al Akhbar… avant de lancer un appel pressant au Président Ould Abdel Aziz réclamant que “justice soit rendue”. Son fils, Ould Mousdafi a été tué, le 15 juillet lors de la dispersion par la police d’un sit-in devant les sites de la Mauritania Copper Mines (MCM) à Akjoujt, une ville située à 250 km au nord de Nouakchott. Âgé de 36 ans, le mineur a péri après avoir inhalé une forte dose de gaz lacrymogène. Ce fut du moins la première thèse. En effet, une source médicale a révélé au site susmentionné que la cause de la mort est «le tabassage» par les éléments de la Garde nationale dont il aurait été victime. L’annonce de la mort de Ould Mousdafi a aussitôt provoqué la colère des mineurs. De violentes échauffourées ont rapidement éclaté dans cette ville minière. “Son sang ne coulera pas en vain”, a indiqué pour sa part la Confédération nationale des travailleurs de Mauritanie (CNTM), dans un communiqué.

 

La MCM…un casse-tête

Les remous au sein de la Mauritania Copper Mines (MCM) —filiale de la société canadienne First Quantum Mineral— ne datent pas d’hier. Depuis des mois, et de manière sporadique les 3.000 ouvriers du groupe entreprennent des actions. Leurs revendications sont simples : ils réclament des augmentations de salaires et d’autres avantages dont le droit au logement, la prise en charge de l’eau et de l’électricité, l’application d’un «accord signé il y a six mois» selon les syndicats. Les conditions déplorables des travailleurs trouvent leur racine juridique dans «la convention constituante» datant de 2009. C’est du moins l’avis des syndicats selon qui le gouvernement a accordé «beaucoup de concessions au profit de cette société étrangère, qui brade les richesses du pays, et viole les droits de ses employés mauritaniens». La MCM est une entreprise qui marche. Selon les statistiques, elle produit annuellement 120.000 tonnes de concentré de cuivre par an, renfermant plus de 60.000 onces d’or pour un investissement d’environ 100 millions de dollars.

 

Tension maximale

De sources syndicales relayées par les médias mauritaniens, les forces de l’ordre ont donné l’assaut le dimanche 15 juillet au matin pour disperser le sit-in des travailleurs en grève depuis jeudi. “Un de nos camarades a été tué durant les affrontements. Plusieurs personnes ont été blessées et d’autres arrêtées par les forces de l’ordre qui continuent de bloquer l’accès des bureaux de la société et de la mine”, avait alors déclaré le syndicaliste, Moustapha Ould Levrak. Depuis, l’affaire a pris un tournant politique. Plusieurs partis d’opposition ont manifesté leur solidarité et exigé une enquête urgente et la punition des auteurs. Pendant ce temps, la région d’Akrout est au bord de l’explosion. Des véhicules de la Garde nationale sont arrivés dans la ville dans la nuit du dimanche. Au même moment, la direction de la MCM a lancé une opération de rapatriement par vol de certains employés étrangers.

A.T

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