Un public nombreux a assisté hier soir à la représentation de la Compagnie Maguy Marin qui a donné une représentation de danse intitulée « May B » au théâtre de plein-air, avec la participation d’un groupe de jeunes artistes encadré par Sihem Belkhoja.
May B est un ballet créé en 1981 par la chorégraphe française Maguy Marin. Il s’agit d’une pièce pour dix interprètes, 5 hommes et 5 femmes. May B est née de la lecture de Maguy Marin des œuvres de Samuel Beckett, suite à sa rencontre émouvante avec le dramaturge irlandais en 1980.
Interprété plus de 600 fois dans le monde entier, « May B » est aujourd’hui reconnu et adoubé comme un chef d’œuvre. Le spectacle met en scène une humanité qui lutte et qui se rassure dans le quotidien, qui déplore mais s’accommode d’un corps empêtré et vieillissant, qui dépérit mais persiste à vouloir, coûte que coûte, faire jaillir la grâce et la beauté des gestes, même les plus anodins.
Lugubre et lumineux, ce ballet réussit le coup de force de peindre à la fois le crépuscule et l’aube du genre humain, sa fin inéluctable et le génie qu’il déploie pour la transcender. Arborant un visage crayeux et des guenilles d’un blanc douteux, les danseurs – clowns tragiques et poussiéreux, clochards renfrognés et loqueteux, aliénés émaciés ou rembourrés – explorent le plateau en s’efforçant de surnager au sein du groupe, sans pour autant le faire imploser.
Porté par la réplique mythique et réitérée de « Fin de partie, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir », le spectacle « May B » est désormais considéré comme une œuvre phare de la danse, qui emprunte à la première forme d’art le recours à la musique, celle audible d’une partition et celle visible des corps mus par le rythme.
Les danseurs sont des interprètes chargés non seulement d’exécuter des mouvements, mais aussi d’incarner des personnages, de jouer des situations dramatiques, voire de proférer du texte. Une représentation qui s’est achevée par une « standing ovation » du public pour saluer le travail des artistes…
Yasser Maârouf