Les médecins internes et résidents s’insurgent actuellement contre le nouveau projet de loi stipulant que les spécialistes doivent aller travailler dans les institutions sanitaires publiques pendant une durée de trois années, sous peine de confiscation de diplôme.
Focus
Le projet de loi tant contesté est finalement passé devant l’ANC pour devenir la loi 38/2013. Les réactions du corps médical ne se sont pas fait attendre. Les premiers concernés, internes et résidents, sont entrés en grève. Leurs aînés ont manifesté à leur tour leur soutien aux jeunes futurs médecins. Les représentants du Conseil national de l’Ordre des médecins, de la Conférence des doyens des facultés de médecine, du Syndicat des médecins de la santé publique, du syndicat des médecins de libre pratique, du syndicat des médecins hospitalo-universitaires, du syndicat des internes et des résidents de Tunisie, de l’union des médecins spécialistes libéraux ont signé un même communiqué dans lequel ils ont jugé cette loi coercitive, car elle est contraire à toutes les déclarations des instances internationales du travail et porte atteinte aux libertés individuelles. Selon le communiqué, cette loi est également inopérante, car la médecine de spécialité s’exerce obligatoirement sur un plateau technique au sein d’équipes médicales complémentaires. Les signataires proposent des solutions pour remédier au problème de la désertification médicale en Tunisie. Ils concluent en exprimant leur indignation face à la campagne de dénigrement et de désinformation menée à l’encontre des médecins, les déclarant coupables de l’ensemble des maux et des insuffisances du système actuel de santé.
De son côté le ministère confirme n’être pour rien dans cette loi et qu’il s’agit d’une proposition émanant de l’ANC suite aux demandes répétées des citoyens de certaines régions qui se sont plaints du manque de médecins spécialistes. Abdellatif el Mekki, le ministre concerné, a indiqué qu’il n’a pas les moyens d’intervenir sur cette loi, car quelle serait son attitude «face aux Tunisiens qui lui réclament d’améliorer en urgence les prestations de santé ?». Il estime que l’infrastructure des hôpitaux des régions est satisfaisante, malgré les déclarations du corps médical. La preuve : certains spécialistes y travaillent, quoi qu’en nombre réduit. «J’ai tout essayé. J’ai même voulu ramener des médecins étrangers pour combler ce vide, mais est-ce normal de le fair, alors que nous avons quatre facultés de médecine et que les postes restent vacants, malgré tous les encouragements y compris matériels?» , a-t-il souligné.
Absence de concertation
Tout en étant conscients du problème, les différents intervenants de la santé, dont le Conseil de l’Ordre et les syndicats des médecins de libre pratique, se sont étonnés de ne pas avoir été concertés pour trouver une solution à la situation sanitaire des régions les plus reculées de la Tunisie. D’où leur forte réaction dès le début au projet de loi, avant même sa promulgation. Ainsi, les professionnels de santé avaient commencé avec l’observation d’un jour de grève, puis six jours, ensuite la menace d’une grève ouverte et, pour finir, le boycott des choix de spécialités (qui pour la première fois ont eu lieu au ministère de la Santé, alors qu’habituellement ils se font à la Faculté de médecine). Rien n’a fléchi la position du ministère de la Santé.
En signe de soutien, les médecins hospitalo-universitaires, assistants, agrégés sont entrés à leur tour en grève, le 3 janvier, pour condamner cette loi.
Un des séniors a envoyé un message aux jeunes médecins : «Devant un staff ministériel qui n’a pas la culture de la concertation et de la négociation, il faut se préparer à un durcissement du mouvement pour annuler ce projet de loi insensé. Je propose donc d’élargir le mouvement en entamant des négociations avec le syndicat de l’enseignement supérieur et le syndicat des médecins universitaires pour une implication plus large et, par conséquent, je recommande un arrêt total des gardes des internes, résidents et un arrêt des cours donnés par les médecins universitaires». Il s’agit du Professeur Chokri Kaddour, Chef de service d’anesthésie-réanimation à l’Institut national de neurologie de Tunis.
Hasard ou pas, il se fera physiquement violenter le 3 janvier dernier dans les jardins du ministère de la Santé. C’est la goutte qui a fait déborder le vase. Les réactions ont été immédiates et les communiqués se sont succédé. Une marche a eu lieu le 7 janvier, en attendant les réactions du ministère.
Samira Rekik
17e édition du Prix Sanofi de Recherche en Santé
Un label de la recherche scientifique
Sanofi organise la 17e édition du Prix Sanofi de Recherche Médicale lancé le 23 septembre 1993. Devenu aujourd’hui un label reconnu comme tel au sein des milieux scientifiques de la recherche, ce Prix contribue depuis son lancement au développement de la recherche dans notre pays.
D’une valeur de 10 000 dinars, ce prix permet au lauréat d’approfondir davantage sa recherche, et de publier ses travaux dans des revues médicales de renommée internationale, tel qu’était le cas de tous les lauréats depuis 1994.
A cet effet, et afin de renforcer le rayonnement de la recherche en santé tunisienne à l’échelle internationale, Sanofi a pris l’initiative d’accorder, en plus des 10 000 dinars, la somme de 2 000 dinars à tous les lauréats dont les travaux ont été publiés dans des revues médicales internationales indexées.
La réglementation régissant le Prix Sanofi de Recherche en Santé stipule que le prix récompense toute recherche en santé réalisée en Tunisie. Les travaux reçus sont remis d’une manière anonyme aux membres du jury. Environ 285 travaux ont été proposés depuis la création de ce Prix en 1993.
Cette année, quinze travaux provenant de différents domaines de la santé, sont en lice. Le jury de cette 17e édition est composé de dix membres, tous universitaires, à savoir : les quatre doyens des Facultés de médecine de Tunisie, le Président de la Société tunisienne des sciences médicales, le Directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, le Directeur général du pole Biotech de Sidi Thabet et le Directeur général du Centre national de pharmacovigilance. Le ministère de la Santé est représenté dans le jury par son Directeur général et la Directrice générale de la Direction de la pharmacie et du médicament.