Plusieurs parmi les politiques, militants des Droits de l’Homme, syndicalistes et autres actants de la société civile ne cessent de répéter que le plus grand acquis tangible réalisé après la Révolution, et peut-être le seul, n’est autre que la liberté d’expression. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que les supports essentiels de cette liberté et ses espaces principaux— en l’occurrence la presse écrite— sont en train d’être étouffés jusqu’à la noyade dans une importante panoplie de difficultés qui, réunies ou séparées, sont à même d’exposer la presse nationale à un danger réel et pousser ses entreprises vers la faillite et l’arrêt définitif de toute activité.
En effet, le secteur de la presse écrite a subi, particulièrement après l’avènement de la Révolution, d’importants dégâts qui ont frappé ses entreprises. En témoignent la chute du nombre des publications pendant les cinq dernières années, le rétrécissement des espaces publicitaires et la diminution des quantités d’abonnements.
Nul besoin de rappeler que les premières « réalisations » des gouvernements de la Révolution ont été justement de résilier les abonnements que l’administration et les entreprises publiques avaient l’habitude de contracter auprès des journaux et revues et d’en réduire infiniment les quantités. D’autre part, leur décision du libre contrat en matière d’annonces publiques a instauré, dans le secteur, une anarchie sans précédent, a privé de nombreuses entreprises, notamment celles à forte employabilité, de sources fiables de revenus et les a exposées à une crise financière étouffante. Certaines entreprises déclareraient faillite et arrêteraient toute activité si des mesures pour les sauver ne seraient pas prises.
Le gouvernement actuel a poursuivi dans le même sens et n’a pris aucune initiative augurant d’un changement. Au contraire, il a adopté l’atermoiement dans le traitement de plusieurs dossiers et s’est rétracté quant à des engagements qu’il avait lui-même pris solennellement, de quoi exposer le climat social dans le secteur à l’explosion, et confirmer sans aucun doute l’absence de la moindre volonté politique du gouvernement à résoudre les problèmes du secteur, hormis l’intention délibérée d’assujettir la presse, à travers un plan prémédité visant à l’affaiblir financièrement et à l’étouffer professionnellement.
Il va sans dire que la presse qui fournit à la société une volumineuse production intellectuelle a été depuis le 14 janvier la cible de malséance, de fausses accusations et nombreux parmi ses entreprises et intervenants sont exposés, jusqu’à ce jour à différentes agressions et menaces d’explosion et de meurtre.
Les revendications du secteur ne sont point difficiles à satisfaire parce qu’elles ne sont pas coûteuses. En y répondant, on garantirait aux journaux un revenu minimum qui assurerait à son tour de nouvelles années de longévité à plusieurs titres, du travail et une vie décente à leurs travailleurs.
Parmi les revendications que la Fédération des directeurs de journaux a soumis en particulier aux responsables du pays et du gouvernement :
1- La souscription d’abonnements aux journaux et revues et en augmenter les quantités, suivant la proposition des structures élues du secteur.
Que l’opinion publique, la société civile et autres intervenants sachent que le gouvernement actuel n’a pas fait mieux que ses prédécesseurs, bien au contraire, il s’en est rétracté. Que l’opinion publique, la société civile et autres intervenants sachent que l’Etat ne procure pas de journaux et de revues au profit d’établissements que fréquentent quotidiennement un large public devant normalement constituer le contingent principal des lecteurs de journaux.
2- Le traitement rapide du dossier des annonces publiques conformément à l’accord conclu entre les structures du secteur.
Que l’opinion publique, la société civile et autres intervenants sachent que les structures élues du secteur se sont mises d’accord pour la première fois sur l’organisation de la gestion des annonces publiques d’une façon équitable et transparente et ont défini les conditions d’en bénéficier, à savoir la production d’une presse de qualité, l’engagement à l’éthique professionnelle, le respect des droits des travailleurs, la garantie du pluralisme et la diversité.
3- La création d’un fonds spécial d’aide à la presse écrite, devant soutenir le développement de ses capacités, sa dotation par de nouvelles technologies et la préservation des postes d’emploi, à l’instar de plusieurs pays tels que le Maroc et la France.
La satisfaction de ces revendications ne coûtera pas à l’Etat de nouvelles dépenses dans la mesure où l’organisation rationnelle et la bonne gestion que proposent la FTDJ en totale concordance avec les syndicats consacreraient l’aide à ceux qui en auraient vraiment besoin et en excluraient nécessairement les intrus, les opportunistes, les indisciplinés et autres irrespectueux de l’éthique de la profession journalistique.
Signé :
Fédération tunisienne des directeurs des journaux (FTDJ)
Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT)
Syndicat général de l’information (SGI)