Médias: Liberté d’expression et discours de haine, la fragile limite

Journée de réflexion sur la mise en œuvre du Plan de Rabat en Tunisie : Liberté d’expression et discours de haine, la fragile limite

 

La Tunisie «postrévolutionnaire» a connu une grande ouverture dans le champ des libertés. Or, à toute liberté s’imposent des limites. C’est dans ce sens que le Haut commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme, a organisé une journée de réflexion, le 13 décembre à Tunis,consacrée à la mise en œuvre du Plan de Rabat en Tunisie pour une conciliation entre «la liberté d’expression et la lutte contre les discours de haine». Focus.

 

«Cette journée de réflexion cible la société civile, car elle joue aujourd’hui un rôle primordial en Tunisie dans la lutte contre la violence et la sensibilisation des citoyens à leur droit de s’exprimer et à leur devoir de lutter contre le discours de la haine», nous a affirmé Saloua Ghazouani, représentante d’Article 19 en Tunisie.

 

Une liberté et des limites

En effet, les discours incitant à la haine se multiplient de plus en plus. Certes, la liberté d’expression est un acquis de la Révolution, toutefois il faut faire attention aux discours haineux.  La limite entre les deux  reste floue, surtout dans ce contexte de transition où les normes sont à mettre en place. Récemment et selon le rapport du Groupe arabe de monitoring des médias, AWGMM — en partenariat avec la coalition civile pour la défense de la liberté d’expression, CCDLE —, on a recensé 71% de discours haineux dans les médias tunisiens, soit 73% dans la presse écrite, 38% à la télévision et 71% à la radio.

La HAICA (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) s’est intéressée à la question en axant sur la sensibilisation et la  formation des responsables de rédaction par rapport au respect de la déontologie journalistique. «Nous avons organisé deux ateliers qui ont été fructueux et nous allons multiplier ce genre de rencontres d’une manière périodique (chaque mois) afin de définir les frontières entre la liberté et les dérives des médias», nous a fait savoir Nouri Lajmi, président de la HAICA, signalant que les journalistes peuvent être plus dangereux pour la liberté de la presse que les plus farouches dictatures.

 

Plan d’action de Rabat

Or, où se trouvent les limites à la liberté d’expression et où commence le discours de haine, d’intolérance et de violence ? Les frontières sont encore mal définies. «Le Plan de Rabat traite exactement de cette question d’une manière pratique, car il contient des critères susceptibles d’aider à identifier le discours de la haine notamment pendant les élections 2014 en Tunisie», nous a affirmé Dimiter Chalev, représentant du Haut commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme en Tunisie (HCDH.)

Ce Plan a été décidé suite à une réunion de synthèse tenue à Rabat en octobre 2012, constituant ainsi l’aboutissement des résultats des travaux de quatre ateliers d’experts organisés en 2011 par le HCDH (Haut commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme) en Afrique, en Europe, en Asie et aux Amériques.

Selon le représentant du Haut commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme en Tunisie, le pacte pourrait être un outil pratique pour la société civile, mais également pour la HAICA, car il aidera éventuellement à traiter les discours disponibles sur Internet, les blogs et les discours de violence à l’égard des femmes et des enfants.

Par Chaïmae Bouazzaoui

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