L’assaut, que le préfet de la ville de Melilla a qualifié de «violent» a été lancé mardi, aux alentours de huit heures, par environ un millier de clandestins. Au total plus de deux cent cinquante migrants ont été arrêtés et conduits au centre de détention de la ville. Trente-cinq ont été fortement blessés après avoir tenté de franchir les trois niveaux de barbelés. Les violences se sont établies des deux côtés, les agents des forces de l’ordre espagnoles ont également été blessés par des jets de pierre et de bâtons.
Juan José Imborda Ortiz, maire de la ville autonome de Mélilla, a fait part à ce sujet de son inquiétude : «Nous ne pouvons pas continuer comme cela, nous devons prendre des décisions et mettre en place des mesures importantes. C’est un réel problème pour la ville, pour le gouvernement et pour la garde civile espagnole.»
Très forte mobilisation des autorités espagnoles
Ce dernier assaut a été marqué par une très forte mobilisation du côté des autorités espagnoles, qualifiée de «sécuritaire» par le gouvernement. Selon plusieurs médias locaux, les immigrants ont été repoussés «violemment» par quatre-vingts gardes civiles et cent-cinquante policiers présents sur la zone. Les clandestins ont riposté par des jets de pierre.
Si autrefois les autorités espagnoles avaient été montrées du doigt par la communauté internationale pour avoir utilisé des balles de caoutchouc pour dissuader les migrants de rejoindre le bord, désormais il en est autrement. L’État espagnol a en effet interdit de tirer sur les migrants après avoir reçu de vives critiques des ONG internationales de défense des droits des migrants. Néanmoins et pour contrer les flux humains, le gouvernement espagnol a opté pour l’installation de barbelés tranchants aux différents points de passage stratégiques situés aux frontières de Melilla.
La dernière et historiquement plus grosse vague d’immigrants qui a tenté de franchir la barrière de Melilla remonte à octobre 2005. Cette année-là, plus de sept cents immigrants, originaires d’Afrique subsaharienne avaient pénétré en territoire espagnol via cette zone. Plusieurs d’entre eux avaient perdu la vie, abattus par la garde civile espagnole. Le 28 février dernier, c’est un groupe de deux cents personnes, également venus d’Afrique subsaharienne, qui a franchi la frontière espagnole.
Melilla, porte de l’Europe
Melilla, considérée comme l’objectif de nombreux migrants, reste l’une des portes vers l’Europe, et des plus convoitées, avec l’île italienne de Lampedusa. La ville a en effet connu depuis plusieurs années un fort regain de pression migratoire qui a souvent fait l’objet d’ingérence de la part des autorités espagnoles et marocaines. Le point de passage baptisé valla de Melilla, barrière de Melilla en français, a été initialement créé dans le but de stopper l’immigration illégale et la contrebande. Cette barrière physique et humaine, est matérialisée par une clôture de douze kilomètres de barbelés, haute de six mètres. Des postes de surveillance y sont installés et des véhicules de la garde civile espagnole sont en permanence actifs pour veiller au non franchissement de la zone par des immigrants.
La nouvelle politique migratoire marocaine, récemment votée après la mort de dizaines de migrants en février dernier et prévoyant de régulariser des dizaines de milliers de migrants entrés illégalement au pays, n’a pas refreiné les flux de migrants illégaux. Malgré tout, la route de Melilla reste une porte entrouverte sur l’Europe. Se transformant en terre du renouveau pour celles et ceux qui parviennent à en franchir la frontière.
Céline Masfrand