Le maintien, jusqu’à nouvel ordre, de la Tunisie dans la liste noire de l’Union européenne des pays présentant des carences stratégiques dans leurs régimes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, la nouvelle crise qui secoue Nidaa Tounes, dont le Directeur exécutif continue à faire la loi, et l’entrée de la majorité des partis politiques en ordre de marche en prévision des prochaines élections, continuent à faire les choux gras d’un débat public, vicié et en net déphasage avec les questions qui interpellent les Tunisiens dans leur quotidien.
Le parti Nidaa Tounes n’en finit pas de fournir la preuve de l’accélération de sa déconfiture et de son engluement dans un ridicule qui semble ne jamais prendre fin, rendant improbable son retour en force souvent annoncé, ni sa capacité à rebondir pour être au rendez-vous le jour j. A travers sa gouvernance plus que chaotique, la fuite continue de ses figures illustres et son incapacité manifeste à tenir son congrès, chaque fois repoussé aux calendes grecques, il donne raison à ses détracteurs et à tous ceux qui ont préféré quitter cette formation, outrés par la tentation dynastique qui habite son Directeur exécutif qui a fait perdre à ce parti son âme, sa majorité et toute la sympathie qu’il avait pu construire auprès de la famille progressiste dans le pays.
Aujourd’hui, les événements sont en train de donner raison à Youssef Chahed qui, il n’y a pas longtemps, a émis des doutes sur la tenue du congrès de Nidaa Tounes à la date initialement fixée, sa capacité à rassembler ses militants ou encore à retrouver son aura perdue. Connaissant parfaitement la maison de l’intérieur, les réserves qu’il a émises se trouvent aujourd’hui justifiées. Hormis le report, pour la énième fois d’un congrès qui pourrait d’ailleurs ne se tenir jamais, et l’exil forcé de son Secrétaire général, ce parti se trouve une fois de plus éclaboussé par une crise intérieure qui a pour toile de fond, la gestion catastrophique de son Directeur exécutif, dénoncée par le revenant Ridha Belhaj, dont on a vite décidé de geler les activités et l’adhésion au parti. Alors qu’il ne cesse impuissamment d’être pris dans des vagues de plus en plus rebelles, le Directeur exécutif de ce parti préfère occulter la réalité et poursuivre sa fuite en avant. Pris dans la mélasse, Hafedh Caïd Essebssi continue de faire le cocorico, prédisant le retour en force de Nidaa Tounes et sa victoire inéluctable dans les prochaines élections, annonçant de surcroît qu’il n’y a pas de choix pour son parti que de soutenir la candidature de Béji Caïd Essebsi une nouvelle fois pour la Présidentielle.
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En maintenant la Tunisie dans la liste noire de l’Union européenne des pays présentant des carences stratégiques dans leurs régimes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, peut-on encore affirmer que notre principal partenaire économique est en train de nous punir pour le manquement du pays à ses devoirs et sa non soumission à ses exigences dans les négociations sur l’ALECA ?
Au-delà de la nouvelle polémique que la publication de cette liste a fait enfler, de l’effet de surprise provoqué et, surtout, de la grande gêne qui a gagné la sphère des pouvoirs publics, l’on est surtout déçu par la pauvreté de l’argumentaire présenté par les différents responsables gouvernementaux et les structures publiques et l’absence d’un discours unique et clair quant à la gestion de situations de crise ou de la formulation d’une position officielle sur des sujets bien déterminés. Fallait-il, dans le cas d’espèce, voir enregistrer dans nos médias pas moins de trois réactions (de la Commission tunisienne des analyses financières, du ministre des Finances et d’un ministre conseiller auprès du Chef du gouvernement) contradictoires, improvisées et incomplètes, pour qu’on avale la pilule, qu’on saisisse que le gouvernement avait appliqué à la lettre toutes les recommandations et que la sortie du pays de cette liste n’est plus qu’une affaire de temps ?
Manifestement, le problème de la défaillance de la communication gouvernementale n’est pas nouveau. Le drame, c’est qu’on ne retient pas les leçons de nos erreurs, qu’on n’a pas la capacité de rectifier le tir, d’anticiper et de tenir un seul discours qui nous épargne bien des cafouillages et des télescopages inutiles.
N’aurait-il pas mieux valu à la BCT de publier un communiqué explicatif et d’arrêter une autoflagellation contre-productive et des spéculations qui ne font qu’affaiblir notre position et altérer notre image ?