“C’est une bonne initiative, que je salue personnellement, mais elle nécessite des clarifications afin qu’elle puisse être mise en oeuvre rapidement. Il faut, aussi, mettre en place les mécanismes nécessaires afin d’assurer la pérennité de la presse écrite, En fait, il faut bien plus que ça”, c’est en ces termes que le président de la FTDJ (Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux), Taïeb Zahar, a commenté les annonces du gouvernement pour soutenir les médias et la presse écrite dans ce contexte de crise sanitaire. Toutefois, il faut penser aux moyens d’assurer la survie de la presse à long terme car les mesures annoncées sont conjoncturelles.
Kiosque-éditeur : une nouvelle plateforme qui pourra voir le jour grâce aux subventions
Le président de la FDTJ est revenu sur les annonces point par point. Tout d’abord, il a rappelé que le gouvernement a décidé d’octroyer 1,2 million de dinars pour les abonnements numériques de la presse papier. C’est une première, selon lui, dans la mesure où il n’a jamais été question d’un budget spécifique aux abonnements auparavant. “Le ministère des Finances a débloqué 1,2 million de dinars. A titre d’exemple, un chef d’une entreprise de presse pourra recevoir une aide de 80 000 dinars, ce qui est assez conséquent”, a-t-il indiqué.
Le déblocage de cette enveloppe permettra, entre-autres, de financer le kiosque-éditeur. C’est une plateforme sur laquelle la FTDJ a travaillé depuis près d’un an avec ses partenaires, juste après le lancement de “TT Presse” avec Tunisie Telecom. “Nous demanderons le versement de 500 000 dinars qui permettront de régler les frais du kiosque-éditeur. Une fois chose faite, il sera aussitôt opérationnel. Notre partenaire, pour rappel, a commencé à y travailler à crédit”, a rappelé Taïeb Zahar.
Crise sanitaire : la sensibilisation sera rémunérée
L’autre mesure annoncée par le gouvernement porte sur l’enveloppe de 5 millions de dinars consacrée aux campagnes de sensibilisation. De quoi s’agit-il ? Il convient, tout d’abord, de préciser que les médias se sont déjà inscrits dans la campagne de sensibilisation dans le contexte de la crise sanitaire. “Avec l’accord, ceux qui mènent la campagne en respectant certains critères seront rémunérés. C’est valable pour la presse écrite, les radios et la télévision. La FTDJ a demandé à ce que la presse écrite obtienne la moitié de l’enveloppe. A cet effet, un site électronique ayant contribué à la campagne de sensibilisation pourra toucher jusqu’à 30 000 TND”, a expliqué le président de la FTDJ.
Fonds pour la transition digitale : une bouffée d’oxygène pour la presse écrite
Arrive, par la suite, le fonds de 5 millions de dinars consacré à la transformation digitale des entreprises de la presse écrite. L’enveloppe, rappelle le président de la FTDJ, est entièrement dédiée à la presse écrite, d’autant plus qu’il s’agit d’une subvention annuelle. “Le fonds permettra, entre-autres, de payer les frais du kiosque-éditeur. Les journaux reconnus par la FTDJ pourront, aussi, entamer leur transition digitale. Plus encore : une entreprise de presse, dans ce même cadre, pourra prendre en charge jusqu’à 80% des achats d’équipements électroniques des journalistes”, a expliqué Taïeb Zahar, ajoutant que la Fédération travaille aussi pour l’obtention d’une subvention pour les sites électroniques, de l’ordre de 30 000 TND
Envisager l’avenir avec une presse de qualité
Il s’agit, de ce fait, d’un bon pas, mais, comme souligné plus haut, insuffisant. Pour le président de la FTDJ, la priorité, aujourd’hui, est de mettre en place ce plan d’aide dans les plus brefs délais. “Le seul obstacle qui se dresse face à nous est la mise en place du kiosque-éditeur. Si les frais sont payés, alors il deviendra opérationnel. Il concerne tous les journaux. Cette plateforme offre plusieurs possibilités. A titre d’exemple, les institutions et les entreprises publiques pourront se procurer des abonnements numériques, sachant que ce type de contenu gagne en importance de jour en jour”, a-t-il souligné.
Il faudra, par ailleurs, envisager le long terme selon Taïeb Zahar. En effet, il est important de trouver des sources durable pour assurer la pérennité de la presse écrite, à commencer par l’agence de publicité publique et d’abonnements, dont le budget devrait avoisiner les 15 millions de dinars. Il s’agira alors d’un soutien de taille pour la presse écrite et électronique. Il faut, d’un autre côté, réviser certains textes juridiques portant, notamment, sur la publication des communiqués des assemblées générales dans la presse écrite et électronique.
Mais bien entendu, une contrepartie doit être assurée par la presse, et il s’agit de la qualité du produit journalistique. “Le produit doit être de qualité et diversifié. D’où le fait que nous avons demandé les moyens nécessaires pour y arriver. Il faut être capable de produire des enquêtes d’investigation de qualité. Aujourd’hui, la valeur ajoutée de la presse électronique gratuite est insuffisante”, a encore déclaré le président de la FTDJ.